Alep : Lettre à l’imMonde

La manipulation ne cessera donc jamais ?  

« Syrie : Alep en passe de tomber aux mains du régime de Bachar Al Assad » .

Ce titre est une insulte à l’intelligence : Non, monsieur le journaliste, Alep est une ville syrienne occupée, elle est reconquise, elle ne « tombe pas aux mains » ce qui sous-entend une idée d’illégitimité.  Auriez-vous dit de Paris reprise aux nazis et libérée que cette ville est « tombée aux mains » du gouvernement français fut-il provisoire ?

L’on comprend bien que pour le chien de garde que vous êtes, la libération d’Alep par l’armée loyaliste du gouvernement syrien soutenue par Poutine vous fasse mal au fondement. Mais ne serait-il pas temps de considérer que, qui soit-il, Bachar Al Assad est un président légitime, qu’en Syrie il est chez lui, qu’il n’y a plus d’armée syrienne libre mais des bandes de djihadistes terroristes soutenus par des pays étrangers (cf un mail wikileaks qui a dû vous échappery compris nous-mêmes au mépris de toute loi internationale, et que c’est un scandale absolu autant qu’un drame humain épouvantable de notre fait ? 

Il ne s’agit pas de nier les exactions ni d’un camp ni de l’autre, les conflits excitent les plus bas instincts, nous avons payé pour le savoir.  Mais d’Alep, c’est aussi cette joie-là  :




Mais vous et vos confrères des journaux concurrents – car c’est en chœur que vous chantez tous le même refrain – aviez  facilement la larme à l’œil, à un seul œil, celui d’Alep Est, et pour les victimes des bombardements russes ou syriens, parce que pour les cruautés « modérées » des affiliés  à Al Qaeda, et les nombreux récits et vidéos de gens sur place qui en témoignent, l’autre œil est resté curieusement clos et sec. Si j’étais vous, je consulterais.

J’imagine que vos études de journalistes diplômés ne vous ont jamais appris qu’une guerre fait des victimes quelque soit le côté du conflit où l’on se trouve et que les bombes sont sales, souvent approximatives ou carrément aveugles et font des milliers de morts et de blessés ?

Vous a t-on dit que la libération de l’Allemagne de l’emprise nazi grâce aux bombes propres et démocratiques de l’alliance avait coûté la vie à des millions de civils et laissé le pays en ruines ? En février 1945, Dresde était réduite en cendres par les alliés et payait sa libération par 25 000 morts…  Êtes-vous au courant pour Hiroshima et Nagasaki ?

Oui, monsieur le journaliste, la guerre est affreuse, injuste,  ELLE TUE.  Elle répand le deuil et la souffrance dans les populations innocentes, oui,  des enfants meurent et quand elle est pratiquée par des barbares moyenâgeux alimentés en moyens sophistiqués,  elle y ajoute de l’immonde.

Je vais conclure avec un raisonnement de pur bon sens qui vous a peut-être échappé :

Qu’étaient les poignées de prisonniers politiques enfermés dans les geôles de Bachar (en supposant que tout ce qui fut affirmé pour le faire passer pour un chien galeux et justifier notre ingérence soit exact)? Que représentaient ces malheureux en rapport de ce que la population a subi comme ruines, comme morts, comme tortures, comme humiliations, en un mot comme souffrance depuis que nous avons décidé d’amener une soit-disant démocratie dans ce pays ? (Idem je vous le rappelle pour l’Irak et la Lybie) N’avez-vous jamais eu le soupçon d’intérêts en jeux beaucoup moins vertueux ? Je ne vous ferai pas l’injure d’imaginer que non.

Alors ?…

En sommes-nous dans le métier de journaliste français au point qu’il faille vendre sa conscience pour survivre dans un pays qui se prend pour un phare de la démocratie mondiale ? Hélas, à lire régulièrement les médias labellisés, je crains que oui.

Il est grand temps de rabattre vos prétentions : Cette presse auxquels vos articles participent est classée à la 45ème place en terme de liberté, derrière la quasi totalité des pays européens, l’Italie exceptée, et elle a encore reculé de 7 points cette année. Ce n’est donc pas tout à fait de votre faute, à un niveau supérieur, vous êtes muselé.

Pour vous aider dans  votre réflexion :

Le dernier et bouleversant témoignage sur place, à Alep de Pierre Le Corf  :

Ces quelques lignes de ce témoignage s’adressent  à vous et vos confrères pétris de bienpensance :

Malgré l’évolution par rapport à ces derniers mois j’ai peur et je suis fatigué, fatigué de voir tant de souffrance et de peur, pas d’eau pas d’électricité pas d’ampère il fait 0 dans ma chambre la nuit, les terroristes continuent d’attaquer, les civils continuent d’arriver par dizaines de milliers … et toujours tant de trous du cul qui plantés dans un siège à des milles d’ici continuent de propager des mensonges, de venir me raconter ce qui se passe ici depuis la France, le Canada, les USA.

Je n’ai pas de carte de presse et n’ai surtout aucune prétention à l’avoir, mais je fais l’effort de m’informer dans des médias contradictoires.  Chacun a certes droit à une opinion. Mais une opinion fut-elle exprimée dans les pages d’un média, n’est pas LA vérité : Elle ne représente qu’un regard particulier et l’honneur de votre profession consisterait à l’admettre.

Un tel parti pris permanent et sans nuance de votre quotidien, particulièrement sur les sujets géo-politiques, finit par le rendre suspect et le décrédibilise, et c’est valable pour l’essentiel de vos confrères. Vous devriez comprendre que le peuple français n’est pas fait que de bidochons, et que le mépris de ses capacités d’analyse par votre média  est profondément désobligeant.

Ne soyez donc pas surpris que ce qui me semblait être un fleuron du journalisme lorsque j’avais 20 ans soit devenu un organe de presse qui n’existerait même plus sans nos impôts. (Derniers chiffres du ministère de la Culture)

Salutations,

Galadriel

MISE A JOUR

Cet article a été commencé vers 11 h. Il est 15h30 et Le Monde a modifié son titre,Il s’appelle désormais :

« Syrie : l’ONU dénonce les exécutions sommaires commises dans Alep »
L’URL :
http://www.lemonde.fr/syrie/article/2016/12/13/en-syrie-alep-en-passe-de-tomber-aux-mains-du-regime_5047851_1618247.html#Xm3r0AdYl4YZmsO5.99

 

Ce qui démontre que mon coup de gueule est bien justifié.

 

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