Ces start-up qui veulent révolutionner l’agroalimentaire. Notre futur poison quotidien ?

Le but serait  de protéger la planète et de réduire les élevages intensifs…

Il paraît que l’enfer est pavé de bonnes intentions et lorsque l’on voit qui sont les investisseurs de ces recherches, on a comme un doute sur la pureté de ces intentions… Si les « très riches » investissent, c’est qu’il y a un juteux retour à prévoir. Et je n’ai pas compris que ces gens-là donnaient dans l’humanitaire.

Début septembre, à San Francisco (Californie), lors du TechCrunch Disrupt, une conférence consacrée aux start-up de la Silicon Valley, la société Hampton Creek Foods a fait sensation. Sur scène, Michael Arrington, le maître de cérémonie, qui s’était montré très critique au début de la conférence, s’est livré à un test à l’aveugle.

D’un côté, des cookies fabriqués avec de véritables oeufs. De l’autre, ces mêmes gâteaux fabriqués à partir d’un substitut végétal à base de pois et de sorgho développé par la start-up. Un peu embarrassé, M. Arrington a dû alors reconnaître qu’il était bien incapable de faire la différence.

NOUVEAU MODÈLE

Fondée en 2012 à San Francisco, Hampton Creek Foods est le symbole de ces nouvelles sociétés d’entrepreneurs qui se lancent à l’assaut du secteur de l’agroalimentaire, dominé par de géantes multinationales. Ses homologues se nomment Beyond Meat, Modern Meadow, New Frontier Foods, ou encore Soylent. Ils produisent ou veulent respectivement produire des blancs de poulet à partir de plantes, des steaks de boeuf par impression 3D, des chips avec des algues et une boisson permettant à elle seule de satisfaire tous les besoins nutritionnels journaliers.

Hampton Creek Foods assure pouvoir fabriquer des « oeufs » moins chers, sans risque pour la santé et aux apports nutritionnels équivalents. « Nos oeufs contiennent plus de protéines et pas de cholestérol », promet Josh Tetrick, le PDG et cofondateur de la société. Autre avantage mis en exergue: un impact limité sur l’environnement et les ressources naturelles.

« Le monde de l’alimentation ne fonctionne plus. Il n’est pas durable, il est malsain et dangereux, explique M. Tetrick. La production d’oeufs est le meilleur symbole de ce problème: 97% des 1 900 milliards d’oeufs produits chaque année dans le monde proviennent d’endroits très dangereux, très dégradants, qui ne correspondent pas à nos valeurs. Nous voulons créer un nouveau modèle qui rendrait le précédent obsolète. »

DE PRESTIGIEUX INVESTISSEURS

Si la start-up fait parler d’elle, c’est aussi par les prestigieux investisseurs qui la soutiennent : Bill Gates, le fondateur de Microsoft et première fortune américaine, Peter Thiel, ancien PDG de la plate-forme de paiement PayPal, et Vinod Khosla, par l’intermédiaire de son fonds de capital-risque Khosla Ventures.

Dans la Silicon Valley, Hampton Creek Foods n’est pas la seule à attirer des investisseurs issus du monde des nouvelles technologies. Beyond Meat a aussi séduit M. Gates, ainsi qu’Evan Williams et Biz Stone, deux des fondateurs de Twitter. New Frontier Foods a levé des fonds auprès d’anciens dirigeants de Facebook et de Yahoo. Soylent est soutenue par le prestigieux fonds Andreessen Horowitz. Et Sergey Brin, cofondateur de Google, a récemment financé un projet de premier steak in vitro.

« Ils croient en l’innovation et ils n’ont pas d’idées préconçues, avance M. Tetrick pour expliquer cet intérêt. Ils sont plus aventureux pour soutenir une entreprise qui veut créer un nouveau modèle. Et ils ne se contentent pas de petits changements. »

« L’AGRICULTURE EST UNE ACTIVITÉ ANCIENNE QUI INNOVE PEU »

Selon le cabinet d’études CB Insights, près de 350 millions de dollars (253 millions d’euros) ont été investis dans des start-up agroalimentaires en 2012. Cela représente une hausse de 37% par rapport à 2011. En 2008, cette somme ne dépassait pas les 50 millions de dollars.

« L’agriculture est une activité ancienne qui innove peu, se justifie Vinod Khosla. Produire de la viande est aujourd’hui inefficace. Il faut 15 kilogrammes de maïs et 3.000 litres d’eau pour un kilo de boeuf. Cela représente un taux extrêmement faible de conversion de protéines végétales en protéines animales. Nous pouvons rendre ce modèle au moins cinq fois plus efficace. »

« Produire de la viande requiert d’importantes ressources en terres et en eau. Cela a un impact environnemental considérable. Pour faire simple: il n’est pas possible de produire assez de viande pour neuf milliards d’êtres humains », écrivait au printemps Bill Gates sur son blog. Pour le philanthrope, ces nouvelles technologies doivent aussi permettre de lutter contre la faim dans le monde.

« Les lois contre la cruauté envers les animaux ne s’appliquent pas aux animaux de ferme, ajoute Evan Williams. Nous pouvons donc éviter cette cruauté. » Beyond Meat vient ainsi d’être désignée entreprise de l’année par PETA, l’association américaine de défense des animaux.

DES PRODUITS DE NICHE POUR L’INSTANT

Pour le moment, les produits fabriqués par ces start-up restent encore des produits de niche, essentiellement distribués par des enseignes spécialisées dans les produits bio (comme la chaîne nationale Whole Foods Market) ou végétariens. Pour toucher un plus grand public, il faudra convaincre les consommateurs de leurs bienfaits.

M. Tetrick assure que de grands groupes agroalimentaires utilisent déjà son substitut. Il juge possible de voir disparaître, dans les cinq prochaines années, 99% des oeufs qui sont produits aujourd’hui dans le monde. Il en tient pour preuve la campagne publicitaire lancée contre sa société par les producteurs d’oeufs. « Les consommateurs veulent de véritables oeufs », espère encore Mitch Kanter, du lobby Egg Nutrition Center.

SOURCE : siliconvalley.blog.lemonde.fr

Image à la une : Le journal du Net

 

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