Gaz de schiste : un forage dans la Brie relance le bras de fer

Malgré la déclaration de François Hollande sur l’interdiction de l’exploration, la société Hess Oil prépare un forage en Seine-et-Marne. Les opposants manifestent samedi.

Ils ne désarment pas. François Hollande a beau avoir sifflé la fin du débat le 14 juillet, partisans comme adversaires de l’exploitation en France du gaz de schiste restent sur le pied de guerre. Les «collectifs non aux pétrole et gaz de schiste et de houille», soutenus par France Nature Environnement, ont ainsi convoqué une manifestation ce samedi, à Jouarre, en Seine-et-Marne. L’objet de leurs craintes: un forage d’exploration que s’apprête à démarrer la ­société pétrolière américaine Hess Oil.

Cette compagnie basée à New York, forte d’un chiffre d’affaires de 37 milliards de dollars, est titulaire du permis d’exploration, dit de Château-Thierry, qui s’étend sur 779 km2 dans la Brie. Il avait été attribué en 2009 par l’État à la société Toreador, qui depuis a abandonné ses activités en France.

Pas question de faire de la fracturation hydraulique à Jouarre, assure-t-on chez Hess, puisque cette technique controversée est interdite en France par la loi Jacob de 2011. La fracturation hydraulique, seule technique employée pour extraire le gaz et le pétrole de schiste dans des dizaines de milliers de puits aux États-Unis, consiste à injecter de l’eau, du sable et des additifs chimiques à très haute pression dans le sous-sol pour écarter des fissures naturelles et en libérer les hydrocar­bures.

Dans la Brie, Hess a fini d’aménager fin juin, au lieu-dit la Petite Brosse, au milieu des champs de blé, une plate-forme de forage sur une dalle de béton, surmontée d’une foreuse de 25 mètres de haut. La société va effectuer, à partir du mois d’août, un forage classique vertical. Durée prévue de l’opération: trois mois. En Brie où est extrait l’essentiel de l’or noir français depuis un demi-siècle, certains élus ne sont pas hostiles à l’industrie pétrolière.

3000 mètres de profondeur

À Jouarre, Hess va analyser toute la colonne sédimentaire, jusqu’à près de 3 000 mètres de profondeur. La couche qui l’intéresse, le Lias, est bien celle qui renferme du pétrole de schiste. Le sous-sol français, surtout dans le Bassin parisien, en renfermerait, selon la dernière évaluation américaine, approximative, 4,7 milliards de barils. Soit l’équivalent de plus de sept ans de consommation de la France.

Les foreurs veulent améliorer leur connaissance du sous-sol tant que la loi et les recours judiciaires ne les en empêchent pas. Les adversaires, comme Isabelle Lévy, retraitée et militante à ­Jouarre, redoutent que cette activité persistante ne débouche un jour sur «une exploration plus complète, avec fracturation hydraulique». Surtout si la loi de 2011 est annulée par le Conseil constitutionnel *. Les militants veulent rester vigilants, car pour l’heure, n’en déplaise à François Hollande, les groupes pétroliers peuvent continuer d’explorer légalement, tant qu’ils ne fracturent pas la roche. Sur les terres briardes de Jean-François Copé, les opposants comptent aussi maintenir la pression à l’approche des municipales. Ils tablent sur le fait que peu d’élus oseront défendre ouvertement l’exploration ou l’exploitation des hydrocarbures de schiste.

SOURCE : Le Figaro

 

*http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/07/12/le-gaz-de-schiste-renvoye-devant-le-conseil-constitutionnel_3447035_3244.html

 

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