Fertilité : Et si ! Messieurs, vous avez une horloge biologique

« L’âge de papa, un motif d’inquiétude pour les nourrissons ? En tout cas [selon le professeur Bernard Hédon, président du Collège des gynécologues et obstétriciens de France], la paternité après 40 ans – surtout après 45 – génère « une augmentation des fausses couches et de l’ensemble des malformations », révèle Florence Méréo dans Le Parisien.

Alors qu’« être papa sur le tard est tendance », le Collège national des gynécologues et obstétriciens de France (CNGOF) [s’ouvre aujourd’hui à Montpellier],  met l’accent sur une réalité peu connue : l’âge du père influe sur la grossesse ! », poursuit-elle.

« On parle toujours de celle des femmes (…), mais il faut être clair : l’horloge biologique existe aussi pour les hommes. La paternité peut arriver à tout âge, mais il y a bel et bien un âge biologique », affirme le docteur Joëlle Belaisch-Allart, spécialiste de la médecine de la reproduction au centre hospitalier des Quatre Villes à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

« Dès 40 ans, il y a déjà des conséquences possibles. Cela s’accélère à 45 ans (…). Les gamètes masculins, qui s’altèrent avec l’âge, comptent. Il n’est pas anodin pour un homme de faire un bébé après 40 ans », estime le professeur Bernard Hédon, le président du CNGOF.

Le Dr Joëlle Belaisch-Allart développe : « Les augmentations [des fausses couches et de l’ensemble des malformations]  sont relatives, les proportions faibles, mais elles existent et ont été démontrées. Elles sont d’ordre physique et cognitif. Après 40 ans, on remarque une augmentation des trisomies 21, de l’autisme, de la leucémie de l’enfant. Après 45, de la tumeur rétinienne, après 50, des différents syndromes génétiques ».

« Un constat d’autant plus éclairant que la paternité tardive ne fait plus figure d’exception en France, selon les chiffres de l’Insee. En 2014, on y voit que, si les 30-34 ans sont les plus nombreux à donner la vie (266 473), plus de 32 000 bébés sont nés cette année-là de parents âgés de 45 à 49 ans ; 1 400 de papas de plus de 60 ans », souligne la journaliste.

« Si nous évoquons maintenant ce fait, c’est que la question de la limitation de l’âge du père pour l’aide médicale à la procréation (AMP) sera vraisemblablement abordée lors de la prochaine révision de la loi de bioéthique. La question du seuil pour la prise en charge par l’assurance maladie fera débat », croit savoir Joëlle Belaisch-Allart, « pointant que l’Allemagne a déjà fait son choix » : « leur « Sécu » ne prend plus en charge les AMP des hommes de plus de 50 ans. En France, la limite d’âge de la prise en charge pour toute femme souhaitant accéder à l’aide à la procréation est fixée le premier jour de sa 43 e année », révèle-elle.

« Notre rôle n’est pas de trancher ce débat-là mais d’avoir une approche médicale sur les risques d’une paternité trop tardive»,  précise Bernard Hédon. Sans trancher,  Joëlle Belaisch-Allart remarque elle, « dans un grand sourire, que « les deux assemblées, nationale et le Sénat, étant très largement masculines, les réponses devraient écarter l’idée de la limite d’âge » », note Le Parisien.

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 143

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