Un point sur la Syrie : C’est chaud bouillant.

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Les tensions sont énormes en Syrie actuellement et mettent en danger la paix mondiale. J’ai essayé dans ce long article de faire un synthèse et d’éclairer de mon mieux votre compréhension de ce qui se joue en ce moment, ce qui en explique la longueur. Mes affirmations sont sourcées et vous pouvez allez lire les articles de référence en cliquant sur les liens, ce que je vous recommande vivement.

Prenez bien votre temps, il est important que dans le cas d’une catastrophe qui pourrait prendre une extension planétaire nous puissions réagir en toute connaissance de cause contre la propagande officielle et exiger de notre gouvernement un désengagement du conflit syrien dont vous comprendrez que le problème Daesh aussi grave soit-il est l’instrumentalisation d’une volonté de l’Empire, ses alliés dont Israël en particulier.

Il s’agit de dépecer la Syrie afin, en gros, (c’est plus complexe encore), de confisquer ses sources d’énergie, empêcher la route commerciale de la Soie initiée par la Chine et la Russie en soumettant l’Iran alliée de la Russie, redoutée et haïe d’Israël ainsi que la majorité des monarchies du Golfe pour des intérêts différents mais convergents.  Accessoirement, le trouble annexe économique et social que provoque le grave problème des migrants en Europe n’est pas non plus pour déplaire à une certaine partie du pouvoir américain mais c’est un autre sujet.

La volonté d’un véritable dialogue, n’est apparemment qu’un théatre pour la galerie internationale démenti par les faits. La trêve signée entre Lavrov et Kerry était à peine signée que les US la brisaient « par erreur », une erreur prolongée de 50′ qui a tactiquement aidé Daesh selon l’ensemble des analystes indépendants, nous en avons déjà parlé.

La réponse Russe n’a pas tardé. Selon une information parue dans novorossia today, et tue à la fois dans les médias officiels occidentaux et russes pour les raisons que vous lirez dans l’articlela Russie aurait opéré une frappe « chirurgicale » sur Dar Ezza à l’ouest d’Alep de 3 missiles de type « Calibre »  tirés depuis la mer, tuant 30 officiers du renseignement occidentaux et alliés.

Selon cet article :

Les spécialistes étasuniens, turques, saoudiens, qatariens, britanniques et israéliens tués dans ce centre des opérations dirigeaient les attaques des terroristes dans les villes d’Alep et d’Idlib.

La soi-disant volonté de dialoguer est tellement douteuse que les pays initiateurs de la réunion à l’ONU ont quitté la salle lors de l’intervention de l’ambassadeur de la Syrie à l’ONU. Celui-ci exprimait les analyses des faits et le point de vue de son pays, premier concerné et victime de ce conflit il ne faudrait pas l’oublier. Je vous recommande de la lire afin de contrebalancer les contre-vérités dans lesquelles nous noient les pages des médias atlantistes. Les accusations portées contre les États-Unis et Israël sont édifiantes et certaines peu connues. Ce n’est évidemment pas ce que relayent nos médias.

Damas est un gouvernement légitime, élu démocratiquement que ça plaise ou non et toutes ces ingérences de pays étrangers sur son sol sans accord du pouvoir syrien et notifications aux instances internationales sont des agressions armées.

L’agression militaire américaine à l’est de notre pays, l’agression turque au nord et l’agression israélienne au sud signifient clairement que nous sommes passés de l’étape d’une guerre par procuration à celle d’une vraie guerre.

Après avoir souligné point par point le rôle très trouble des US et ses alliés, de la Turquie et d’Israël dans le conflit, le Dr Bachar-Al-Jaafari a déclaré :

Mon pays est disposé à poursuivre le dialogue entre Syriens, sans conditions préalables, conformément aux résolutions, accords et principes fixés dès le départ en faveur d’une solution politique décidée par les seuls Syriens et sans ingérence étrangère. Je souligne en rouge un million de fois « par les seuls Syriens et sans ingérence étrangère ».

Une solution qui fera qu’ils décideront de leurs choix et de leur avenir sous direction syrienne, avec la volonté de préserver la souveraineté, l’unité et l’intégrité de la Syrie. Nous ne permettrons jamais que notre pays soit transformé en une autre Libye ou un autre Irak. Jamais !

De ce côté les choses sont claires.

A l’ONU toujours, John Kerry a plaidé pour une zone d’exclusion aérienne en invoquant selon l’ excuse habituelle des raisons humanitaires s’appuyant sur le bombardement d’un convoi de ravitaillement dont il accuse la Russie. Nous avons tous pu, depuis de longue date,  apprécier les résultats du grand humanisme des forces armées US du Vietnam à la Syrie en passant par l’Afghanistan, le Kosovo, la Lybie, et l’Irak.  Pourtant cet argument hypocrite continue à être largement utilisé pour justifier des agressions aux motifs beaucoup plus sombres. Et les pays alliés dont la France qui n’en démord pas (1) continuent de faire semblant d’y croire. Ecoeurant face aux millions de morts additionnés de ces conflits.

 Concernant l’attaque du convoi humanitaire,

les responsables militaires russes ont rapporté mercredi qu’un drone Predator américain, capable de tirer plusieurs missiles air-sol, a été repéré en train de survoler le convoi d’aide au moment de l’attaque. Plus tôt, le ministère de la Défense russe a diffusé une vidéo aérienne montrant que le convoi d’aide avait été accompagné d’un camion « rebelle » qui remorquait un mortier de gros calibre, qui a par la suite disparu.

Qu’est-ce qu’une zone d’exclusion aérienne ?  Comme sont nom l’indique, une zone géographique déterminée au-dessus de laquelle les avions ne peuvent voler. Le problème est que cela concerne également les avions Syriens qui se voient priver d’un accès à une partie de leur propre territoire. Intolérable, mais pratique pour les forces armées au sol, sauf celles du gouvernement qui se verraient privées de l’appui aérien.

Le conflit est dans l’impasse totale :

Au milieu de la joute diplomatique entre les États-Unis et la Russie à l’ONU, il y avait plusieurs signes que le conflit en Syrie est au bord d’une escalade dangereuse, portant en son sein la menace d’une guerre plus large et même mondiale

Mais ce n’est pas tout :

Inclus dans le conflit syrien il y a un élément de soutien de Bachar-Al-Assad, les troupes libanaises du Hezbollah dont on parle très peu. Cela risque de ne pas durer.  L’ex-président du Liban Emil Lahoud dans une vidéo datant de 2015 prévoit une entreprise de déstabilisation de son pays financée par les Saoud et opérée par Israël en sous main.  (A cet égard son témoignage de ce qu’il a vécu de  la corruption du pouvoir à coup de mallettes de dollars est édifiante).  Un témoignage à écouter absolument.

L’aide au Syriens par l’armée du Hezbollah n’est pas négligeable. L’ouverture d’un nouveau conflit au Liban, via une révolution de couleur (?) obligerait sans doute celui-ci à revoir son aide à Bachar-Al-AssadNotons qu’ Israël a obtenu d’Obama ce mois-ci 38 milliards de dollars d’aide militaire, une somme faramineuse qui, ne soyons pas naïfs,  n’est sans doute pas prévue uniquement pour lutter contre les jets de pierre, les quelques attentats suicides et les missiles de faible portée des Palestiniens.

Pour confirmer cette idée, cet article d’un analyste de la Foundation for Defence of Democraties annonce qu’Israël prépare ses civils à une guerre contre le Hezbollah.

Cet article qui tente de faire un point géo-politique le plus complet possible de la situation serait incomplet s’il ne mentionnait pas ce que l’on peut trouver comme commentaires sur l’Iran et la Chine. 

En ce qui concerne l’Iran, celui-ci,  nous le savons, est engagé en Syrie, et pour cause,  auprès de ses amis du Hezbollah libanais. Nous savons depuis un certain temps déjà qu’Israël souhaite voir s’installer en Syrie des bases US afin d’enfermer l’Iran, son ennemi obsessionnel  et d’y déclencher un conflit, conflit auquel Hillary Clinton s’est déclarée favorable : « Si je suis présidente, nous attaquerons l’Iran a-t-elle déclaré. »

Le survol récent de la Syrie par des avions israéliens  a été considéré comme une préparation à une attaque directe de l’Iran par Israël.

En ce qui concerne la Chine, son inquiétude de voir le djihad pénétrer son territoire via les Ouïgours de la région occidentale du Xinjiang  (CIA ?) l’a incitée à entrer à son tour en lutte contre Daesh. Pour le moment nous ignorons si des troupes ont été envoyées mais nous savons qu’elle fournit une aide logistique de formation des troupes syriennes au combat et une aide humanitaire. Nous ignorons également jusqu’à quel point elle s’investirait au côté des Russes  en cas de conflit mondial. Pour le moment ses inquiétudes sont plutôt du côté de la Mer de Chine où les navires US patrouillant dans leurs eaux territoriales ont été considérés comme une provocation.

Voilà donc le tableau (sans doute améliorable) actuel de la situation selon les articles qui sont publiés sur le net concernant ce conflit.

La situation est extrêmement tendue  et dangereuse pour la paix mondiale comme vous pouvez le constater. Dans un contexte du recul de l’hégémonie de l’Empire et de son dollar, lié aux troubles intérieurs et aux difficultés économiques auquel il doit faire face, se pose la question de l’opportunité pour les puissants « faucons » de déclencher un conflit, non plus international, c’est déjà le cas en Syrie, mais une troisième guerre mondiale.

A priori, l’on pourrait penser que l’attentisme de la période électorale devrait calmer le jeu d’ici la prise de fonction du nouveau président. Selon les déclaration d’Hillary Clinton, porte-parole du complexe-militaro-industriel, l’on peut légitimement penser qu’il n’y aura aucun apaisement à attendre, voire pire.

En ce qui concerne D. Trump, l’on pourrait espérer que les relations internationales se détendent. L’hypothèse que j’ai émise lors d’un article précédent selon laquelle il n’est pas inimaginable que les faucons enclenchent un conflit avant sa prise de fonction pour le mettre devant le fait accompli n’est pas ridicule et a été confirmée par des analyses de spécialistes.

En tant que français, il semble vraiment urgentissime que notre pays se dégage de l’OTAN, normalise ses relations honteuses avec les Qatari et les Saoudi initiateurs et financeurs du wahabbisme, en un mot, exerce une politique extérieure pragmatique indépendante souveraine et salvatrice. .

Galadriel

26/09/16

NB : Je n’ignore pas que ce point de vue qui semble non seulement légitime mais du pur bon sens, me classe dans les soutiens de la droite extrême, qualifiés de populistes. C’est le fourre-tout facile qui condamne toute position en dehors de la doxa atlantiste. J’assume totalement ma réflexion

(1) La France n’a quasiment pas changé d’orientation diplomatique depuis Fabius. Vous noterez que maintenant ce sont la Russie et l’Iran qui sont accusées de crime de guerre. Vous remarquerez également l’important « probablement ». Si ce n’est que probable, c’est qu’il n’y a pas vraiment de preuve. Mais cela suffit, si c’est répété suffisamment par la propagande pour implanter cette idée dans les esprits et c’est bien le but dans le cadre des tensions actuelles.

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(Cet article est un article original des brindherbes. Il peut être relayé sous condition d’en mentionner la source et l’auteur).

 

 

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