Le bleu de méthylène améliorerait la mémoire à court terme et autres vertus

Le bleu de méthylène est un vieux produit très peu cher, bien connu des anciens, notamment pour le traitement des angines, et tombé dans l’oubli. Connu aussi pour ses propriétés colorantes il est désinfectant et anti-fongique. 

Il peut donc  être utilisé efficacement pour traiter quelques ennuyeux bobos si l’on ne craint pas de ressembler à un schtroumpf :

(Attention !  le bleu de méthylène est a éviter lorsque l’on est sous anti-dépresseurs, SSRI, (Inhibiteur selectif de la recapture de la serotonine)  IMAO, (Inhibieur de Moamine Oxydase)  5-HTP (une auto-médication contre la dépression)  et  sous lithium.  Il y a une cumulation des effets qui  est dangereuse. Attention aussi au millepertuis.)

Une étude vient de prouver son action de stimulation sur la mémoire immédiate, ce qui pourrait considérablement améliorer les troubles cognitifs de certaines maladies, dont, bien sûr,  l’Alzheimer ce fléau pour les familles.

Le bleu de méthylène améliorerait la mémoire à court terme

San Antonio, Etats-Unis – Résultat surprenant sur une molécule plus que centenaire de la pharmacopée : le bleu de méthylène. Selon le travail d’une équipe du Texas, publié dans Radiology, il améliore l’activité cérébrale à l’IRM fonctionnelle durant les tâches demandant de l’attention et les tests de mémoire à court terme [1]. Et ceci après une prise orale unique de 280 mg.

« Le bleu de méthylène a une longue histoire, dans de nombreuses indications où il s’est montré sûr », rappellent les auteurs dans leur introduction.

Et de conclure que les données publiées en neuro-imagerie, constituent « un rationnel pour poursuivre des essais cliniques du bleu de méthylène chez les patients vieillissant en bonne santé, comme chez ceux souffrant de déficit cognitif, de démence, ou de pathologies pouvant bénéficier d’une stimulation pharmacologique de la mémoire ».

On peut donc lire le mot Alzheimer entre les lignes.

En fait, le résultat peut paraitre surprenant, mais il n’est pas nouveau. « La stimulation de la mémoire par de faibles doses de bleu de méthylène a été décrite pour la première fois chez le rat il y a plus de 30 ans », signalent les auteurs. Depuis, le phénomène a également été étudié chez l’homme, généralement dans un cadre psychiatrique. En 2011, une étude clinique était présentée au congrès du College of Neuropsychopharmacology (ECNP) , qui suggérait que le bleu de méthylène réduit significativement les symptômes dépressifs et maniaques des patients bipolaires. Plus récemment, le bleu de méthylène a été testé chez des sujets claustrophobes. Il s’agissait d’évaluer son efficacité sur la mémorisation d’une thérapie d’exposition (enfermement 5 minutes dans une pièce) [2].

Par rapport aux sujets sous placebo, des augmentations significatives d’activité ont été constatée à l’IRM au niveau du cortex insulaire lors de la réalisation des tâches d’attention, et aux niveaux du cortex préfrontal, pariétal et occipital lors des tests de mémoire à court terme.

Lors des tests de mémoire, le taux de bonnes réponses augmentait de 7% sous bleu de méthylène, alors qu’il restait stable sous placebo.

Enfin, ces modifications ne doivent rien à une modification du flux sanguin cérébral puisque le test de réactivité au CO2 ne diffère pas entre groupes.

« Les modifications des images IRM lors des tests semblent devoir être attribuées à des modification de la consommation tissulaire d’oxygène, comme on peut le prédire si le bleu de méthylène stimule la respiration mitochondriale, plutôt qu’à des changements du flux sanguin cérébral ou du tonus vasculaire », écrivent les auteurs.

Et après ?

« Ces observations suggèrent que le bleu de méthylène peut moduler certains réseaux cérébraux liés à l’attention et à la mémoire à court-terme » concluent-ils.

Ces réseaux peuvent être complexes, et impliqués dans des pathologies très diverses. La discussion du papier mentionne par exemple que de nombreux travaux d’imagerie fonctionnelle ont impliqué le cortex insulaire dans les déficits d’attention des patients schizophrènes ou bipolaires.

On est évidemment loin d’indications, neurologiques ou psychiatriques. Mais maintenant qu’une preuve de concept est apportée, il y a clairement quelque chose à creuser du côté du bleu de méthylène – « non toxique » soulignent les auteurs.

« De futures études devront inclure une population plus importante, et une administration chronique de bleu de méthylène ».

L’étude a été financée par le National Center for Advancing Translational Sciences américain, et le Fond Julio C. Palmaz for Excellence in Radiology Research.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt en rapport avec le sujet.

Auteur de l’article : Vincent Bargoin

Source et références :

http://francais.medscape.com/voirarticle/3602518

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