Notre Dame des Landes : Éclairages sur une consultation pipée

La consultation des habitants de la Loire-Atlantique a donné un résultat de 55% de votants en faveur du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes.   Comme vous le lirez ci-dessous, cela ne décourage pas les zadistes. La contestation continue. Nous allons donc entendre le pouvoir crier au déni de démocratie et brandir cette consultation comme un blanc-seing des riverains accordé au groupe Vinci.

Encore eut-il fallu que les votants soient également informés, c’est à dire que la campagne ait eu un semblant d’équilibre. Les pros étaient soutenus par le financement du patronat du BTP tandis que les antis ne disposaient que des moyens limités des dons  des militants.  Lorsque l’on connait le poids du financement dans une campagne, si modeste soit-elle, il est évident que le déséquilibre des capacités d’information pencherait en faveur du oui pour l’aéroport.

D’autre part, il faut savoir qu’une majorité des français : 60% se déclarait contre le projet en avril dernier :

Le dernier sondage a été réalisé par OpinionWay en juin et donne 60 % des Français opposés au projet de Notre-Dame-des-Landes, et 39 % pour. Un résultat qui n’a pas vraiment d’incidence puisque les répondants ne voteront pas. L’association France nature environnement, qui a réclamé ce sondage, avance que tout le pays est concerné par la décision, car le projet sera financé « par les collectivités et […] l’Etat, donc par les contribuables ». Dans ces conditions, l’ensemble de la population devrait, selon eux, avoir voix au chapitre. Mais encore une fois, ce ne sera pas le cas le 26 juin.
Enfin, et cet élément pèse sûrement aussi lourd, sinon plus, que la préservation ou non de la nature, hélas ! L’abandon du projet ne se ferait pas sans que l’État mette la main à la poche : estimation : 20 à 60 millions d’euros estimés de dédit.  Il faut bien indemniser les actionnaires qui ont mis leurs billes dans le projet !
Pour tout savoir sur l’aspect financier de cette affaire, (et ça vaut le coup) :
Reportage :

Dimanche 26 juin, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a remporté plus de 55 % d’avis favorables lors d’une consultation organisée en Loire-Atlantique. Les opposants dénoncent un scrutin manipulé et rappellent que les recours juridiques contre le projet ne sont pas épuisés. Ils sont déterminés à poursuivre leur combat, malgré la menace d’expulsion qui pèse sur la Zad.

La Vache Rit (Zad de Notre-Dame-des-Landes), et Paris

Les résultats définitifs de la consultation sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui s’est déroulée dimanche 26 juin en Loire-Atlantique, sont tombés aux alentours de 23 h. 55,17 % des votants se sont dits favorables au « projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ». Le taux de participation dépasse les 50 %.

Ce résultat cache d’importantes disparités. A Notre-Dame-des-Landes, 73,6 % des votants ont glissé un bulletin « non » dans l’urne. De même que dans les communes alentours, comme à Grandchamps-des-Fontaines (66,57 %), Casson (63,53 %) ou Vigneux-de-Bretagne (69,42 %). À Nantes, le « oui » l’a emporté de justesse avec seulement cent voix d’avance.

A la Vache-Rit, on dénonce une consultation « illégitime »

« Il y a tout à la Zad, même des soirées électorales ! » Dans le hangar de la Vache-Rit, le QG des opposants, la retransmission d’une émission télé en direct a quelque chose d’incongru. Le brouhaha des zadistes, paysans et opposants rameutés par l’annonce des résultats couvre les commentaires des pro et anti-aéroport sur le plateau d’invités de la télévision.

Les mines sont soucieuses, quand d’autres rappellent que toute le monde a admis depuis des mois que l’issue de ce référendum ne change rien sur le terrain. Mais certains avaient le secret espoir que la consultation voie le Non l’emporter et que le gouvernement abandonne ainsi le projet. « On ne va pas faire des commentaires et des analyses sur le chiffre, encore moins commencer à détailler commune par commune. Cette consultation qui est plutôt un sondage grandeur nature est illégitime, un point c’est tout, dit un paysan. On pouvait s’y attendre. Ce n’est qu’un étape qui nous ramène à la situation d’avant ce « sondage » ».

Autour, les conversations vont bon train :

« Ce qui m’impressionne c’est le taux de participation : 51 %, j’aurais pas cru autant, dit un autre paysan.
– N’empêche que il y a des résultats paradoxaux, les communes impactées, autour de Notre-Dame-des-Landes et autour du site de l’actuel aéroport n’ont pas un vote inverse mais disent plutôt non à Notre-Dame-des-Landes, lâche un barbu hirsute.
– Oui, mais les résultats par commune, c’est de l’anecdote, d’intérêt purement local. L’objectif de ce vote c’était de chercher une légitimité. C’est bien joué. Et après on entend les pro-aéroport demander d’être « beau joueur », rétorque une trentenaire avec un beau coup de soleil sur le front.
– Mais non, finalement c’est peut être une bonne nouvelle : si le non l’avait emporté, l’abandon du projet aurait rendu très difficile la mobilisation unanime pour défendre la Zad, on aurait manqué de soutiens. Là c’est clair, on revient au rapport de force tel qu’il est en place depuis des mois, tente un barbu à lunettes rondes.
– Bonne nouvelle, bonne nouvelle, c’est vite dit : ça n’aurait pas été mal d’arracher une victoire, un retrait du projet, comme exemple pour d’autres luttes contre des grands projets inutiles », insiste un paysan.

Un mélange de déception, de détermination et de cohésion

Les visages disent un mélange de déception pour ceux qui ont voulu croire en une issue des urnes, et une détermination évidente, voire une nécessité de la cohésion pour des jours de résistance. Chacun a sa théorie sur les scénarios probables : intervention policière à l’automne ou surtout pas en cette période de début de campagne des présidentielles. Le bâton merdeux à refiler au prochains locataires de l’Élysée et de Matignon.

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Dominique Fresneau, de l’ACIPA : « Le processus et le contenu de cette consultation étaient fondamentalement biaisés »

Une déclaration commune au mouvement est lue à deux voix par Mathilde la zadiste et Dominique Fresneau le président de l’Acipa : « Comme l’avaient démontré les différentes composantes du mouvement, le cadre, le processus et le contenu de cette consultation étaient fondamentalement biaisés. Celle-ci était basée sur une série de mensonges d’État et radicalement inéquitable. Il ne s’agissait pour nous que d’une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport à Notre Dame des Landes.

Cette lutte se poursuit dès ce soir. Nous savons que les attaques du gouvernement et des pro-aéroport vont se renforcer. De notre côté, nous n’allons pas cesser pour autant d’habiter, de cultiver et de protéger ce bocage. Il continuera à être défendu avec la plus grande énergie parce qu’il est porteur d’espoirs aujourd’hui indéracinables face à la destruction du vivant et à la marchandisation du monde. Nous appelons tous les soutiens et comités partout en France et au-delà à se mobiliser et à redoubler de vigilance dans les semaines et mois à venir. Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ». Avant d’appeler à converger massivement à Notre-Dame-des-Landes pour le rassemblement estival anti-aéroport, les 9 et 10 juillet.

« L’agglomération nantaise ne réclame pas à corps et à cris le départ de l’aéroport de Nantes-Atlantique »

Jointe par téléphone, Françoise Verchère, membre du Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Cédpa tire « des enseignements très intéressants » du résultat de la consultation : « Les communes situées à proximité du projet d’aéroport ont voté non. Mais dans d’autres communes, à qui on a dit qu’il n’était pas possible de garder l’aéroport de Nantes-Atlantique, le résultat est moins clair. Saint-Sébastien-sur-Loire a voté non et à Bouguenais, ma commune, très impactée par le bruit des avions, le score est serré. L’agglomération nantaise est loin de demander le départ de l’aéroport à corps et à cris. Cette consultation ne règle rien. »

SUITE DE L’ARTICLE ICI :

https://reporterre.net/Notre-Dame-des-Landes-Le-referendum-etait-pipe

 

 

 

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