Le billet du jour: A propos du témoignage sur « l’horreur » en Palestine

Ce témoignage accablant que vous allez lire ne concerne pas seulement la Palestine et ses relations compliquées avec Israël. Il renvoie à tous ces pays détruits par la guerre.

Je voudrais vous demander de réfléchir à l’état dans lequel vous seriez si cela vous arrivait à vous. Pour ma génération qui est celle d’après-guerre, c’est plus facile. Nous avons grandi avec les témoins directs des deux dernières guerres mondiales, et je comprends que cette longue période de paix sur notre territoire ne facilite pas l’exercice. Difficile d’imaginer une détresse pareille .

Faites un effort, imaginez que vous habitez une ville ou un village, vous êtes sortis pour une raison ou une autre.  Il y a du bruit et de l’agitation dans une rue à côté déjà à demi en ruine. Vous avez peur.  Tout à coup vous voyez un missile s’abattre sur votre immeuble ou la maison dans laquelle vous avez laissé votre femme, vos enfants, ou vos parents. En quelques secondes ce n’est plus qu’un champ de ruines. Votre vie vient de basculer brutalement dans l’horreur. Vous avez tout perdu, ceux que vous aimiez et vos quelques biens.  Pour les attentats suicides, cet exercice d’empathie est plus simple, nous en avons malheureusement eu des échantillons chez nous.

C’est ce cauchemar que vivent quasiment quotidiennement les pays en guerre, nos guerres. C’est ce qu’ont vécus les réfugiés que nous voyons arriver à nos frontières. 

Notre société se dirige tout doucement, sous une autre forme, plus lente, plus rampante, vers le mode survie. Si notre humanité ne résiste pas, si elle ne se tient pas les coudes, si elle oublie ce qui fait sa grandeur, nous allons vers le pire des cauchemars. Un monde de prédateurs où la loi du plus fort sera la règle absolue et sans aucun recours.

Lorsque je lis certains commentaires, lorsque je vois comment cette douloureuse situations est « réglée » par des politiciens qui ne pensent qu’aux bulletins de vote, ou au jeux géo-politiques, je suis effarée. 

Ne croyez pas que je ne sois pas consciente des débordements de ces hordes de malheureux, de la peur, voire de la répulsion que cela fait naître chez certains. D’une certaine façon, je le comprends : Nos médias en sont largement responsables. Entre une soit disant compassion dégoulinante, culpabilisante, non constructive et les menaces terroristes sans cesse évoquées,  l’on arrive très logiquement à ce résultat. Les gens sont gavés et révoltés de ne pas voir leurs propres drames pris au sérieux et ils ont peur.

Je suis d’accord qu’il y a des comportements intolérables (je me pose la question de la source et de l’origine des meneurs) et que des règles doivent être clairement et fermement établies. Soyons conscients cependant qu’ils sont devenus les marionnettes d’un théâtre international qui les dépassent et que ces comportements leur sont peut-être « suggérés ». Quoi de plus facile que de manipuler des gens démolis psychologiquement ?  Il me semble qu’ils ont quelques excuses.

Mais nous n’en n’avons pas à nous conduire comme des brutes, même en paroles, et concrètement à les entasser dans des camps concentrationnaires gardés par des chiens policiers et des hommes en arme. Si nous les traitons comme des bêtes, ils réagissent comme des bêtes.

Je ne nous accuse de rien, j’essaye de réfléchir avec vous.  Nous savons vous et moi que cette situation est largement due à l’incurie des politiciens doublée sans aucun doute par une volonté sous-jacente de nous manipuler l’esprit en jouant sur nos émotions.  

Il s’agit une fois de plus de transformer ce drame humanitaire en outil de pouvoir. Il faut que ces gens nous apparaissent comme des  ennemis qui justifient ces guerres impériales révoltantes. C’est exactement ce qui se passe en Israël : les Palestiniens sont des « terroristes », donc on peut les exterminer. Et ça marche, personne ne bouge en haut de la pyramide, et trop peu dans une base tenue en laisse.

Pensez-y  lorsque vous entendrez des discours hypocrites sur les migrants :

Si il y avait une once de compassion dans les décisions politiques, nous n’aurions pas tout ces SDF dans les rues.

Nous ne devons pas nous laisser avoir. Nous ne devons pas perdre notre beauté d’humains, nous devons lutter pour ne pas entrer dans ce jeux nauséabond qui fait de nous des monstres sans réflexion et sans coeur. 

Vous qui me lisez, vous êtes le monde d’aujourd’hui, mais également celui de demain, celui que je ne verrai probablement pas.

Je voudrais tellement qu’il soit plus beau…  Levez-vous avant qu’il ne soit trop tard.

Galadriel

 

PS : Inutile de troller les commentaires avec des liens sur les exactions des migrants. Je parcours le net et je les ai vus. De même, tout propos raciste, dégradant, insultant, ira directement à la poubelle.  Restons dignes et débattons raisonnablement.

TÉMOIGNAGE :

L’ex-militaire dénonce « l’horreur » en Palestine

Installé en Cisjordanie avec son épouse pour trois mois, l’amiral Laurent Mérer, ancien préfet maritime de l’Atlantique aujourd’hui en retraite, s’insurge contre l’abomination de ce conflit.

Après avoir commandé des navires et des régions maritimes, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager dans une mission personnelle, en Palestine, avec votre épouse ?

C’est un engagement pour la paix. Nous cherchions à faire quelque chose de pragmatique, utile et sur le terrain. Le Defap, service protestant des missions étrangères, nous a proposé ce programme international du conseil œcuménique des églises pour la Palestine. Il a été créé au début des années 2000, après la deuxième Intifada.

Depuis deux mois que vous êtes sur place, vous découvrez l’horreur…

Ce qui se passe ici est révoltant. C’est ni plus ni moins un peuple qui vole la terre d’un autre peuple et dénie son existence. Ces colonies qui se répandent comme le cancer sont totalement illégales. N’importe quel satrape d’Afrique ou d’Asie qui se comporterait ainsi serait traîné devant la Cour pénale internationale. On tire sur des gamins et 200 m plus loin, la vie continue. C’est l’horreur ! Et on a envie de le crier.

Vous dites qu’Isarael fait passer les Palestiniens pour des terroristes alors qu’ils ne sont que des résistants…

Exactement. Lorsque nous étions occupés par les soldats allemands en 1940, ceux qui leur tiraient dessus étaient considérés comme des héros. C’étaient les résistants. Les Palestiniens sont des résistants qu’Israël fait passer pour des terroristes. Et cela marche très fort car dans l’esprit européen, terroriste = musulman = Daech. Or nous sommes dans un pays occupé depuis cinquante ans.

Lire la suite dans l’édition numérique de dimanche ouest-france.

Recueilli par Christel MARTEEL.

SOURCE : http://www.agenceinfolibre.fr/info/lex-militaire-denonce-lhorreur-en-palestine/

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