Les rendez-vous prévus mardi entre les partenaires sociaux et Myriam El Khomri dans le cadre des discussions sur la réforme contestée du Code du travail ont été annulés après un « malaise » de la ministre du Travail, a-t-on appris dans son entourage.

Il est évident que ce malaise est un symptôme, un symptôme d ‘un mal plus profond qui est la lâcheté, le refus du combat. El Khomry a été envoyée au casse-pipe par les « grands », par les grands du gouvernement, par Hollande et par les éléphants du PS. Il suffit de voir le scandaleuse sortie d’Aubry et de ses amis, un vrai symbole de lacheté et de minable calcul politique! 

Personne ne voulait accomplir cette triple  tache historique:

-faire accepter le chômage comme une variable d’ajustement de la politique européenne,

-réduire les prestations et contracter  le nombre des bénéficiaires au moment ou les espoirs de redressement s’éloignaient,

-et enfin le comble: tenter de rendre flexible le secteur le plus rigide de tout le système français.

Bref El Khomry a été envoyée à l’abattoir. Sans atout, sans charisme personnel, sans expérience! Depuis le départ, cette malheureuse ne représente rien, n’a aucune assise politique, elle ne bénéficie d’aucun soutien. Comment voulait-on qu’elle puisse simplement présenter les choses ? Comment même voulait-on qu’elle même puisse acquérir une conviction dans un domaine ou il faut une hauteur, une capacité de synthèse et d’abstraction énormes pour justifier les réformes demandées par l’Allemagne, le Medef.

La réforme est une nécessité c’est incontestable, mais la faire maintenant est suicidaire. Ce n’est pas quand il n’y a pas de grain à moudre dans les négociations que l’on se lance dans pareille entreprise. Ce n’est pas quand la menace plane au dessus de la tête des salariés qu’on peut leur faire avaler la suppression des boucliers sociaux.

L’idée de base de l’Allemagne, du Medef et de Macron est une imbécilité:remplacer l’austérité de court terme par les réformes de long terme. 

Une imbécilité de plus: ils croient que les réformes peuvent produire des résulats et relancer la croissance, améliorer la compétitivité et donc aller dans le sens de la reconvergence avec l’Allemagne.

Or c’est faux, les réformes qui visent profondement à aligner le marché du travail français sur le marché mondial, sur les moins disants, sont déflationnistes. Elles produisent de l’inquiétude, de la rétention , de la frilosité et pèsent sur la demande. Elles nuisent au sentiment, au « mood », à l’humeur du pays. Elles suscitent le rejet, elles déchirent le tissus social. Comment faire passer pareilles réformes quand on arrive au terme de plusieurs années d’accroissement des inégalités, plusieurs années de laminage social et plusieurs années de trahison politique? Impossible.  Elles provoquent le contraire , dans le court terme, de ce que l’on affirme.  Le contretemps est fatal .

Toujours, les réformes économiques, les changements de modèles, entrainent des phases d’ajustement coûteuses et c ‘est pour cela que Hollande et Valls développaient, avant, la rengaine:  « il faut des résultats ». C’est parce que les réformes n’en produisent jamais dans un délai politique raisonnable que l’on procède par incantations. Les réformes ne produisent jamais leur bienfait dans la période ou les politiciens en ont besoin. On le voit en Chine, le basculement vers un modèle de croisance plus tourné vers la satisfaction de la demande intérieure produit une crise d’adaptation terrible.

Et puis il y a le problème du mensonge. On présente les réformes comme devant permettre de lutter contre le chômage, comme devant bonifier la compétitivité mais on oublie de dire d’une part que cela n’est valable pour le long terme et d ‘autre part que les résultats ne sont tangibles que si en même temps on peut profiter de la compétitivité améliorée pour vendre plus à l’étranger. C’est à dire que les résultats pour être concrétisés passent soit par une forte croissance de la demande  d’investissement interne  et de la demande mondiale, soit par un élargissement des parts de marché, c’est à dire une dépréciation forte de la monnaie. Faute de cette demande mondiale pour compenser l’atonie intérieure, les réformes se discréditent, elles ne donnent aucun résultats appréciable. C’est donc l’ensemble de la politique menée qu’il faut expliciter. Il faut en montre la cohérence, la logique et annoncer la calendrier. Bref il faut être souverain, maitre chez soi, de son timing, avoir l’appui de son peuple pour se lancer dans ce genre de réformes . Il ne faut pas être un « lame duck » en fin de mandat avec 17%  de popularité.

La ministre devait également être interviewée sur France 2 mardi matin dans l’émission « Les 4 Vérités » mais la chaîne a fait savoir que l’entretien avait été annulé en raison d’un « problème de santé » de Myriam El Khomri.

« Elle a fait un petit malaise et il a été jugé raisonnable de la conduire à l’hôpital pour faire des examens qui sont en cours », a-t-on confirmé dans son entourage. Les autres rendez-vous prévus ce mardi ont été annulés, a-t-on précisé de même source. « Il a été jugé plus raisonnable de réaménager son agenda d’aujourd’hui », a-t-on indiqué.

Myriam El Khomri devait notamment rencontrer dans la matinée Jean-Pierre Crouzet, président de l’Union professionnelle artisanale (UPA), avant le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly.

La réforme du Code de travail portée par la ministre fait l’objet d’une vive contestation dans les rangs de la gauche, des organisations étudiantes, des syndicats et d’une partie du patronat qui y voient une atteinte aux droits des salariés.

Face à cette bronca et aux appels à la mobilisation contre ce texte, le Premier ministre Manuel Valls a décidé lundi de reporter de quinze jours la présentation du texte en conseil des ministres.