Virus Zika : pas encore chez nous mais attention aux voyages !

Propagation du virus Zika : les autorités sanitaires alertent sur le risque de malformations

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Dr Isabelle Catala

ACTUALISATION : La direction générale de la santé (DGS), a confirmé l’extension de l’épidémie de Zika dans les Départements français d’Amérique le 22 janvier. Avec 102 cas confirmés, la Martinique est passé hier en niveau 3 du programme de surveillance, d’alerte et de gestion des épidémies. Les autorités doivent se décider aujourd’hui pour la Guyane (45 cas confirmés).
Il est recommandé aux femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse et ayant le projet de se rendre dans des zones où sévit le Zika, d’envisager un report de leur projet de voyage, ou, en tout cas de consulter un médecin avant le départ pour être informées sur les complications pouvant survenir lors d’une infection par le virus Zika.

Paris, France –19 janvier 2016 Alors que le virus Zika se propage dans les Caraïbes et en Amérique latine, les autorités sanitaires des différents pays concernés s’inquiètent du risque de malformations infantiles à type de microcéphalies (voir le blog du Dr Perronne), et donnent des consignes à l’intention des femmes enceintes [1].

Toutes les Caraïbes et l’Amérique Latine

Le 15 janvier 2016, la Direction Générale de la Santé a signalé un début d’épidémie à virus Zika dans les départements français d’Amérique avec le premier cas de syndrome de Guillain-Barré en lien avec cette affection. Le nombre de cas confirmés est proche de la cinquantaine en Martinique et celui des malades cliniquement évocateurs atteint, pour sa part, 610. En Guyane et à Saint-Martin, des analyses virologiques ont aussi permis de détecter la présence du virus, alors qu’à Saint-Barthélemy et en Guadeloupe, les ARS Guyane, Martinique, Guadeloupe sont en attente de résultats biologiques pour des cas hautement suspects.

Cette épidémie dans les départements français d’Amérique s’inscrit dans la diffusion dans toute la région Caraïbe du virus Zika depuis la fin de l’année 2015 : République Dominicaine , La Barbade, Puerto Rico, Haïti, Trinidad et Tobago… Par ailleurs, de nouveau pays d’Amérique du Sud signalent des cas : Chili, Surinam, Salvador, Equateur…

Pour le responsable de la surveillance des maladies infectieuses au sein du Ministère de la Santé au Brésil,le Dr Claudio Maierovich, « on estime que 80 % des personnes atteintes par le virus Zika sont asymptomatiques, il est possible que les cas rapportés ne soient que la partie émergente de l’iceberg ».

Au Etats-Unis, outre les six cas déjà recensés, le CDC fait part de la naissance d’un enfant atteint de microcéphalie dont la mère avait effectué un voyage au Brésil.

IVG interdite au Brésil

C’est désormais la question des conséquences de l’infection sur l’enfant à naitre qui est au centre de toutes les préoccupations. En France, le Haut Conseil de la Santé Publique va rendre un avis dans les jours qui viennent sur la conduite à tenir chez les femmes enceintes.

C’est au Brésil, pays où l’interruption thérapeutique ou volontaire de grossesse est interdite, que la situation est la plus préoccupante.

Dans ce pays, en date du 7 janvier 2016, 3 174 cas de naissance d’enfants malformés auraient été en lien avec le virus Zika, et 39 nouveaux nés seraient décédés. En Colombie, 33 cas ont été signalés.

Aux Etats-Unis, le CDC invite les femmes enceintes à ne pas voyager en pays d’endémie, ce qui fait écho à une recommandation brésilienne, de différer la conception d’enfants si possible dans les régions particulièrement touchées.

Des investigations sont en cours – notamment au sein de deux laboratoires de recherche brésiliens l ’institut Evandro Chagas et de la FIOCRUZ – sur le lien entre les malformation cérébrales et l’infection virale, à partir de cultures cellulaires et d’expérimentations animales.

La présence du virus dans le liquide amniotique, une preuve suffisante ?

Le 5 janvier 2016, deux observations ultrasonographiques et virologiques réalisées au Brésil ont été publiées [2,3]. L’étude décrit la présence de virus dans le liquide amniotique ce qui va dans le sens d’une transmission de la mère à l’enfant, même si on ne connaît pas le statut viral de ces deux mères (infection active ou non).

Dans la revue Eurosurveillance , un cas de transmission périnatale a aussi été rapporté à l’occasion de l’épidémie en Polynésie française en 2014.

Ces données vont dans le sens d’un lien direct entre le virus Zika et les microcéphalies, mais il n’en reste pas moins que l’épidémie en Polynésie Française n’avait pas eu autant d’incidences néonatales, même si dans notre pays on peut imaginer que les grossesses d’enfants malformés aient été interrompues.

Au Brésil, en moins d’un an, l’incidence des microcéphalies a été multipliée par 20 .

Un autre facteur aurait-il été impliqué ? Le virus aurait-il muté, ce qui ne semble pourtant pas être le cas ? La réponse pourrait être trouvée dans l’analyse histologique de foetus atteints, ce qui n’est pas actuellement possible au Brésil, en raison de la législation sur les interruptions de grossesse. Avec la généralisation de l’épidémie en Amérique du Sud, une réponse pourrait être trouvée dans les prochains mois.

REFERENCES :

SOURCE DE L’ARTICLE :

http://francais.medscape.com/voirarticle/3602073

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