Économie : L’aveuglement

En attendant le déluge : actes de foi dans le temple de la Raison économique


Quelques réflexions alors que la bulle des actions se dégonfle

 

Le 22 août 2015 – Source forum-monetaire.com

Pour quelques rares économistes (comme Fitzwilson et Hickey) ayant compris la situation actuelle, la grande masse des autres fait preuve d’un incroyable aveuglement…
Le Monde est mené par la folie des planificateurs centraux occidentaux

«Les planificateurs centraux sont maintenant en mode turbo. Les investisseurs dans l’énergie et les métaux précieux doivent souffrir de leurs manipulations incessantes jusqu’à ce que les planificateurs centraux soient dépassés par la réalité économique.

Lorsque les marchés seront à nouveau capables de découvrir la vérité des prix, le potentiel de hausse pour les deux à la fois [énergie et métaux précieux] sera tout à fait dramatique. Jusque-là, les investisseurs ont besoin d’être patients pendant que le monde continue à foncer dans un territoire inexploré, entraîné par la folie et l’ego massif des planificateurs centraux occidentaux.» Robert Fitzwilson, président de The Portola Group

Mais l’argent de la planche à billet ne fonctionne jamais…

«Il y a tellement de vertige qui sort de Wall Street tous les jours venant de baratineurs éculés qui veulent que ce marché d’actions haussier continue (pour toujours). Les médias financiers (exemple: CNBC) ne valent pas mieux, la plupart d’entre eux, porteurs d’eau pour Wall Street (qui les paie), et enthousiastes des interventions de la Fed parce qu’ils croient mordicus dans la planification centrale et le grand gouvernement.

Si j’ai raison et que les banquiers centraux sont défaillants et susceptibles de perdre le contrôle, alors nous devrions voir bientôt des revers de fortune majeurs sur les actions (une continuation des délestages en cours) et sur l’or (une immense ruée). Les spéculateurs sur l’or papier ont actuellement des positions courtes record et hors-épure sur la base d’hypothèses erronées : que la planche à billets fonctionne, que finalement l’économie s’améliore et que la Fed sera en mesure de se dégager de ses taux à 0%, et du carcan de son bilan pléthorique, sans faire exploser l’économie (et le monde). L’histoire est de notre côté. L’impression de l’argent ne fonctionne jamais. Les positions courtes sur l’or papier seront vaincues.» Fred Hickey, éditeur de High Tech Strategist newsletter

Avant tout le monde le lumineux Ludwig von Mises avait averti:

«Un boom d’expansion du crédit doit inévitablement conduire à un processus que le discours commun appelle dépression… La dépression n’étant en fait qu’un processus de réajustement, de remise en ligne des activités de production avec l’état réel des données du marché… Toute tentative de substituer des moyens fiduciaires à des biens capitaux inexistants est vouée à l’échec…

Il n’y a aucun moyen de soutenir un boom économique résultant de l’expansion du crédit. L’alternative est ou bien d’aboutir à une crise, plus tôt, par arrêt volontaire de la création monétaire, ou bien à une crise, plus tard, avec l’effondrement du Système monétaire qui est en cause… Le résultat de l’expansion du crédit est un appauvrissement général… Les crises économiques sont provoquées par les politiques monétaires expansionnistes des banques centrales.»

La politique de centralisme monétaire des banques centrales dites indépendantes (en tout cas pas des oligarchies financières qui dictent leur agenda), en mesure de fixer des taux d’intérêt zéro voire négatifs et de créer, ou de faire créer par les grandes banques privées, autant de fausse monnaie qu’elles le veulent, dans le cadre d’un Système monétaire international de taux de change flottants sans référence à un étalon marchandise tangible, stable et unanimement reconnu, est en train de faire faillite.

Tout simplement parce que cette construction keynésienne ultra dirigiste, totalement inédite dans l’histoire, n’a abouti, au prix exorbitant de l’explosion destructrice des dettes publiques et privées à un niveau jamais atteint, qu’à la surévaluation extrême des actifs financiers (actions surtout), la monnaie n’allant plus que dans lesdits actifs et désertant l’économie réelle, insuffisamment rentable pour l’investissement à court terme, d’où la déflation.

Pendant que la croissance économique dans presque tous les pays est actuellement revenue à son plus bas depuis le début de la crise de 2007/2008 et que la paupérisation des populations et leur chômage de masse atteignent des records, alors que de nombreuses économies nationales sont entièrement détruites.

Le résultat de la conduite du monde par les banques centrales est donc abominable. Le pire est qu’aucun chef d’État ou de gouvernement n’ose prendre l’initiative d’arrêter ce carnage et de supprimer lesdites banques.

La croyance erronée des banquiers centraux que le supposé effet richesse, obtenu via l’alimentation des banques privées en liquidités inépuisables à taux zéro, a créé la grande bulle des marchés d’actions dont toute personne sensée peut comprendre qu’elle ne peut pas gonfler à l’infini.

Comme ces banques centrales ne sont plus en mesure de créer toujours plus de fausse monnaie via les QE et toutes sortes d’autres manipulations artificielles, dont elles admettent d’ailleurs maintenant qu’elles ont échoué, et que plusieurs d’entre elles (Federal Reserve, Banque d’Angleterre, etc.) pensent même à relever leurs taux directeurs, lesdits actifs financiers ne peuvent pas continuer de voir leurs prix s’accroître. Cependant, les autorités monétaires ne peuvent pas se permettre d’organiser délibérément un krach boursier puisque toute l’illusion de la pseudo-reprise économique est basée sur la hausse supposée perpétuelle des actions, raison pour laquelle il est peu probable qu’elles normalisent vraiment leurs politiques laxistes, par exemple en réduisant significativement leurs bilans hypertrophiés ou en relevant substantiellement leurs taux directeurs.

La création monétaire échevelée, ayant produit la «déflation par la dette» (selon le mécanisme déjà décrit par Irving Fisher, The Debt Deflation – Theory of Great Depressions, 1933), les banques centrales n’ont maintenant plus comme porte de sortie que de pratiquer les dévaluations compétitives de leurs monnaies respectives pour refiler à leurs voisins la patate chaude que constitue ladite déflation, ainsi que la Banque de Chine vient de commencer à le faire.

Telle est la raison pour laquelle, à notre avis, le dollar US devrait rebaisser fortement contre l’euro (et, accessoirement, les autres monnaies prises en compte dans le US Dollar Index), les USA n’ayant pas d’autre choix que d’organiser à leur tour la dévaluation compétitive du dollar US contre la seule monnaie sur laquelle ils peuvent agir, à savoir l’euro (qui, n’étant pas une construction monétaire effective, mais un projet politique encore virtuel, n’est pas soutenue par des autorités suffisamment fortes pour s’opposer aux décisions US), étant donné que cette dévaluation du dollar US n’est plus possible contre le yuan chinois.

Suite (plus technique) et graphiques ici :

http://lesakerfrancophone.net/en-attendant-le-deluge-actes-de-foi-dans-le-temple-de-la-raison-economique/

 

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