Impressionnant : Quand les méduses s’attaquent aux centrales nucléaires

Méduses et algues bloquent les systèmes de refroidissement des réacteurs

Et cela pourrait s’aggraver ! C’est à la fois inquiétant et impressionnant de voir comment la nature réagit à nos errements environnementaux. Si nous ne voulons pas les prendre en compte, elle se charge de nous mettre face à nos  égarements.

Cet exemple n’est qu’un sujet parmi des milliers que posent nos politiques du profit à tout prix.  La nature déploie une énergie opportuniste énorme pour sa survie. Contrairement à nous, petits parasites ingrats sur son dos, elle a le temps…  L’humain n’est qu’un phénomène passager de son histoire. Nous devrions avoir cela bien présent à l’esprit et prendre des mesures drastique avant qu’elle ne s’organise pour nous éradiquer définitivement. 

La nature n’est pas qu’un phénomène mécanique. Elle  s’est organisée durant des milliards d’année selon des lois de complexification  et de survie que l’on pourrait comparer à une forme d’intelligence. Dans cette bataille, nous sommes des nains. Elle n’a pas besoin de nous. Nous, par contre, ne pouvons survivre sans elle. Quelle folie de l’ignorer !

Galadriel

Les centrales nucléaires sont de plus en plus confrontées à un nouvel ennemi : l’humble méduse

Ces animaux aquatiques, ainsi que les algues et autres plantes marines,  se coincent et bloquent les tuyaux de refroidissement de la prise d’eau des réacteurs empêchant l’énorme quantité d’eau nécessaire chaque jour pour refroidir le cœur du réacteur et les équipements associés d’arriver.

Normalement, des grilles empêchent les organismes aquatiques et autres débris d’atteindre le système de refroidissement des centrales. Mais lorsque de grands volumes de  méduses et autres éléments de vie aquatique sont aspirés, ils bloquent les filtres réduisant ainsi les entrées d’eau et obligeant le réacteur à s’éteindre.

Méduses et algues ont ainsi pris d’assaut des réacteurs aux US, Canada, Écosse, Suède, Japon et France. En Écosse seulement, deux réacteurs de la centrale de Torness ont été arrêtés en une seule semaine parce que l’eau de mer nécessaire à leur refroidissement était pleine de méduses. (Ceci parce que les centrales nucléaires sont souvent située près des océans ou autre grandes étendues d’eau naturelles)

Le problèmes n’est pas vraiment nouveau dans l’industrie de l’énergie. La première attaque connue de méduse  eu lieu dans une centrale à charbon en 1937 en Australie. Mais  si l’encrassement biologique est un problème depuis longtemps, le nombre des événement a augmenté ces cinq dernières années et pourrait augmenter encore en raison des modifications de l’environnement. Le grand nombre et la taille des animaux semblent prendre de l’ampleur dans certains incidents. Il y a bientôt plus de méduses que d’eau, déclare Monty Graham du Laboratoire de Dauphin Island au sud de l’Alabama,  Chef Océanographe, spécialiste en biologie marine et en méduse.

Parfois, la concentration de méduses peut atteindre des niveaux dramatiques avec un nombre pouvant atteindre 50 à 100 animaux par m3 d’eau. De nouvelles photos montrent les méduses récoltées dans une centrale qui remplissent des containers de la taille d’une benne de camion.(1)

Jellyfish Invade Four Nuclear Reactors in Japan, Israel, Scotland

 

Parfois, les bancs de méduses sont si importants et si épais qu’il peuvent être vus du ciel (2)

Les scientifiques ne sont pas sûrs des causes de ces périodes d’augmentation brutale et intense de la population, appelées « blooms ». Ce que l’on sait c’est que certaines espèces de méduses comme la méduse lune (Aurélia aurita) peut survivre dans des eaux surexploitées et dégradées.  L’on a noté que les populations de méduses augmentent lorsque la température de l’océan se réchauffe mais le « bloom’ récent ne peut pas être lié directement au seul changement climatique car il n’y a pas de données historiques suffisantes valables sur une grande échelle de temps sur les populations de méduses..

Néanmoins, les chercheurs suspectent qu’il pourrait y avoir un mécanisme en relation avec le changement en cours tels que le réchauffement des eaux combiné avec les changements environnementaux comme le ruissellement des engrais, la surpêche et l’acidification des océans. Il se pourrait, par exemple que l’augmentation de l’acidification des océans provoquée par l’augmentation du niveau d’acide carbonique de l’eau de mer interfère avec le processus de calcification dans lequel les créatures marines utilisent le calcium pour fabriquer leurs coquilles.

Si c’est le cas, alors l’acidification réduirait le nombre de créatures coquillées (et non coquillées mais très dépendante du calcium comme les coraux), mais ne toucherait pas les méduses. Dans ce nouveau schéma d’absence de compétition, les méduses peuvent croître et se multiplier.

Mais si la cause ou les causes de la prolifération des méduses demeure inconnue, les effets sont de plus en plus clairs. Il y a eu des douzaines de cas où les méduses ont provoqué l’arrêt partiel ou total de réacteurs situés sur les côtes dans les quelques dizaines d’années précédentes  ainsi que l’arrêt d’usine de dessalement.

Chaque arrêt est coûteux.

Lorsque la centrale de Troness en Écosse a dû arrêter en 2011 du fait d’une masse de méduses, la compagnie gestionnaire a perdu environ  1 million de livres (±1million 5 dollars) par jour de fermeture. La situation est devenue si mauvaise que le gouvernement Britannique a créé un fond de 383000 livres (± 592000 dollars) pour financer des recherches de mesures préventives.

UN ÉVÉNEMENT TRÈS INQUIÉTANT QUI RESTE RÉCURRENT.

Les arrêts causés par des méduses ont augmenté partout dans le monde. En 2011, la Centrale nucléaire de Shimane au Japon (3) a dû s’arrêter pour cette raison. Le même problème est apparu deux fois avec la centrale nucléaire Suédoise d’Okarshamns,(…)  contrainte à l’arrêt une première fois en 2005 et à nouveau 3 jours en 2013 à cause d’un « bloom ».

Les méduses on été également un problème durant des dizaines d’années pour la centrale nucléaire de Diablo Canyon en Californie.  Si l’on remonte en 1984 les méduses ont provoqué l’arrêt de la centrale de St Lucie en Floride. C’est arrivé à nouveau en 2011, cette fois avec deux jours d’arrêt.

Des événements que l’on imagine plutôt effrayants peuvent devenir de plus en plus communs dans le futur du fait de la dégradation de l’environnement en faveur des méduses. La presse asiatique a signalé  que  (maintenant)  quasiment chaque année des essaims d’une espèce énorme connue sous le nom de méduse de Nomura (Nemopilema de nomurai) – une espèce de 6 pieds de diamètre ( environ 1m82 de diamètre et 220 kilos) arrivaient sur les côtes du Japon alors qu’habituellement, elles n’y venaient qu’une fois tous les 40 ans.

Le japonais Shinichi Ue, professeur des sciences de la mer à l’université d’Hiroshima a averti en novembre 2014 que le monde sera sérieusement en danger, s’il il ne parvient pas à prendre des contres-mesures sérieuses à l’expansion des méduses. (4)

Pour le moment les réponses au problème du bouchage des canalisations des systèmes de refroidissement des centrales sont des grilles/écrans nettoyés à la main.

LES ALGUES AUSSI

Mais les méduses ne sont pas l’unique problème. De nombreuses formes de vie aquatique peuvent provoquer des problèmes dans le système de refroidissement. Récemment, la Cladophora, un groupe générique incluant de nombreuses espèces similaires d’algues ont été particulièrement concernées. Elles ont provoqué des incidents à la centrale des Grands Lacs de nombreuses fois.

La Cladophora suit un schéma connu. Comme les méduses, elle profite d’un environnement dégradé notamment des ruissellement d’engrais et  prospère dans l’eau tiède près des points d’entrée d’eau pompée pour le refroidissement des centrales.

Récemment, l’arrivée de la mousse Zebra (Dreissena polymorpha_ une espèce agressive, invasive introduite accidentellement aux Etats Unis dans les années 80, semble avoir permis à la population de Clodophora de faire un bond. Cette mousse d’un à deux pouces de long se nourrit en filtrant l’au et forme de larges colonies qui clarifient l’eau permettant à la lumière d’y pénétrer ce qui aide à la croissance de la Clodophora !  Dans le même temps, la mousse fournit un substrat sur lequel l’algue se fixe.

En 2003 les algues accumulées dans les bouches d’entrée de la station du générateur de Pickering en Ontario au Canada on provoqué l’arrêt préventif de l’unité 7 fois en deux jours.  Un événement encore plus problématique a eu lieu en 2005 lorsque 3 des 5 unités de production furent arrêtées du fait de ces algues. La même année, le générateur de production de Darlington en Ontario réduisit sa production d’électricité du fait d’algues et de limons qui bloquaient son système de prise d’eau. Afin de protéger les équipements le personnel a fermé l’Unité 1.

Ontario Power a tenté de corriger le problème en installant un filet de détournement et en améliorant les procédures d’exploitation, mais ce fut un succès mitigé. Ontario Power estime que l’encrassement  des prises d’eau de refroidissement  de ses centrales nucléaires de Pickering et de Darlington sur le lac Ontario a coûté à la société plus de 30 millions de dollars en production d’énergie sur une période de 10 ans  !

Des événement similaires dus à des intrusions d’algues ont eu lieu à la centrale nucléaire de Fitz-Patrick dans l’état de New-York, 4 fois, obligeant  des mises à niveau coûteuses comprenant des pièces coûteuses, des moteurs plus puissants et une plus grande disponibilité des équipes de nettoyage.

L’ASPECT ÉCONOMIQUE DU PROBLÈME DES MÉDUSES

L’encrassement biologique des centrales nucléaires exige depuis longtemps une évaluation, un suivi et des mesures. Mais l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique avertit que la surveillance et les procédés pour répondre à l’encrassement biologique devront changer parce que les espèces nuisibles semblent profiter des eaux plus chaudes provoquées par le changement climatique.

Du Pacifique à l’Atlantique ainsi que dans les eaux de refroidissement des Grands Lacs, les centrales nucléaires ont été attaquée et arrêtées du fait des méduses et des algues pour un coût de millions de dollars.

Le nombre croissant d’arrêts dus à ces causes peuvent à leur humble façon contribuer à dégonfler l’argument clé des promoteurs du nucléaire qui prétend que ce serait moins coûteux à exploiter que d’autres sources d’énergie. 

Ainsi l’énergie nucléaire se retrouverait face à des ennemis « sans épines »

Nathalie Kopytko pour : Bulletin of Atomic scientist

http://thebulletin.org/spineless-attacks-nuclear-power-plants-could-increase8001

Traduction : Galadriel pour les brindherbes

Article signalé sur ce site : http://www.humanosphere.info/2015/02/un-peu-partout-dans-le-monde-les-meduses-sattaquent-aux-centrales-nucleaires/

Transmis par Nux.

(Vous pouvez copier et partager cet article à condition que la source de la version française soit mentionnée) Merci.

____________________________________________________________________

 

(1) Photos

http://www.ibtimes.com/jellyfish-invade-four-nuclear-reactors-japan-israel-scotland-photos-707777

(2) Vidéo

http://www.livescience.com/49112-jellyfish-swarms-are-markers-of-environment-change-video.html

(3)  http://asia.nikkei.com/magazine/20150205-Changes-in-the-air/Tech-Science/World-worries-as-jellyfish-swarms-swell

(4) Jellyfish (mainly Aurelia aurita, Rhopilema hispidum, R. esculentum, Nemopilema nomurai) bloom: cause and consequence
http://home.hiroshima-u.ac.jp/hubol/members/uye2.html