Russie : L’empire et ses alliés jouent un jeu dangereux

JUSQU’OÙ NOUS LAISSERONS-NOUS ENTRAÎNER ?

Car c’est bien de la possibilité d’un conflit ouvert avec la Russie dont il s’agit maintenant. L’aveuglement européen et sa soumission totale à la ligne géo-politique américaine est incompréhensible. En tant que zone tampon, nous devrions être les modérateurs. Non seulement nous n’avons pas su endosser ce rôle qui aurait pu donner un statut international à l’Europe, mais en chiens serviles  nous hurlons avec les loups…

Commençons par cet article AFP sur le G20 de Brisbane qui s’interroge sur la possibilité d’un durcissement de ton de la Russie face aux attaques occidentales. 

Vous noterez qu’il est bien temps de commencer à se poser la question, alors que Moscou a tendu la main à maintes reprises pour que les problèmes soient débattus et négociés diplomatiquement. 

La Russie n’est pas n’importe quel petit pays, et ce harcèlement entrepris par les américains et leurs alliés semble un jeu bien dangereux, comme l’analyse très bien le deuxième article à suivre… Selon lui nous sommes dans une crise au moins aussi grave que celle de la Baie des Cochons à Cuba en 1961 durant laquelle le monde est passé à un cheveu du conflit nucléaire.

Il n’y a plus qu’à espérer que W. Poutine aura d’autres ressources que de répliquer militairement aux agressions de l’Otan et aux manœuvres économiques  qui cherchent à acculer et à faire s’effondrer la Russie.

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1) Face aux attaques occidentales, Poutine pourrait durcir sa position

Moscou – Le départ anticipé du président russe, Vladimir Poutine, du sommet du G20 à Brisbane, après un accueil glacial des dirigeants occidentaux, laisse présager un durcissement des positions de Moscou, estiment des experts.

Dès l’ouverture du sommet vendredi, les puissances occidentales avaient largement attaqué la Russie, qualifiée de menace pour le monde, cherchant à restaurer la gloire perdue du tsarisme en agressant des pays plus petits, faisant allusion à l’Ukraine.

L’homme fort du Kremlin a également fait les frais de la presse australienne, le tabloïd The Courier-Mail n’hésitant pas à lui décerner le titre de mouton noir de la famille du G20.

Au sommet du G20, les hôtes australiens ont tenté d’humilier Vladimir Poutine de toutes les manières imaginables, a réagi le magazine russe pro-Kremlin Expert.

Et après deux journées de discussions marquées par des attaques de plusieurs dirigeants occidentaux fustigeant l’agression de la Russie en Ukraine, le chef du Kremlin a finalement quitté le sommet de Brisbane bien avant ses homologues et avant la publication du communiqué final.

D’ordinaire prompt à afficher sa bonne forme physique, il a expliqué avoir besoin de sommeil alors que deux longs vols doivent le ramener en Russie.

Ni Vladimir Poutine, ni les pays occidentaux ne s’attendaient vraiment à un compromis sur l’Ukraine, où le conflit entre rebelles pro-russes et armée ukrainienne a abouti aux pires tensions entre l’Est et l’Ouest depuis la fin de Guerre froide.

L’Otan a confirmé cette semaine les affirmations de Kiev accusant la Russie d’avoir déployé des troupes et des équipements militaires russes dans l’est de l’Ukraine contrôlé par des rebelles pro-russes, ce que Moscou a farouchement démenti.

Mais peu s’attendaient néanmoins à un tel niveau de tension.

– Radicalisation des positions –

Poutine, un paria de la communauté internationale? La réponse est oui pour Lilia Chevtsova, experte à la Brookings Institution, qui estime qu’en s’ancrant dans le temps, la confrontation entre Moscou et l’Occident rend la Russie de plus en plus dépendante de la Chine.

Les sommets de l’APEC à Pékin et du G20 à Brisbane ont confirmé que M. Poutine était devenu un paria. Un paria dépendant. La politique mondiale ne connaît pas une combinaison plus explosive, assure-t-elle sur son compte Facebook.

Et pour l’expert Fiodor Loukianov, président du Conseil pour la politique étrangère et de défense, il faut s’attendre, en réaction, à un durcissement de la position russe.

Nous assistons à une radicalisation des positions de certains pays occidentaux, avant tout de l’Amérique du nord et de l’Australie, hôte du sommet, estime l’expert interrogé à la radio russe.

Il n’y a aucune volonté de leur part d’adoucir leurs positions et cela déborde dans la sphère publique. En conséquence, la réaction de la Russie est prévisible: elle va également durcir sa position, assure-t-il.

Un avis partagé par l’analyste Stanislav Belkovski, de l’Institut de la stratégie nationale. Si M. Poutine quitte le sommet irrité, nous pouvons sans doute nous attendre à une intensification des combats en Ukraine, estime-t-il.

ARTICLE AFP. Suite et fin ici :

http://www.romandie.com/news/Face-aux-attaques-occidentales-Poutine-pourrait-durcir-sa-position_RP/537700.rom

 

2) A propos de la dislocation géopolitique et économique européenne et de l’effondrement des prix du pétrole et des matières premières dans un contexte de crise majeure entre les USA et la Russie

Depuis la chute de l’URSS en 1990-1991, les USA, suivis par leurs alliés ouest-européens, n’ont eu de cesse d’humilier et d’encercler la Russie comme de tenter d’intégrer les nouveaux Etats issus de la cassure de l’empire soviétique à l’OTAN et à l’Union européenne, qui sont les deux versions pile et face de la domination US pour le contrôle du Heartland -selon la théorie d’Halford MacKinder- jusqu’ici contrôlé par Moscou.

Ce qui peut se comprendre de la part des USA, dont l’extension de l’hégémonie globale est vitale pour le maintien du dollar US comme monnaie mondiale et donc la prospérité de leur économie permettant aussi leur contrôle des circuits financiers et bancaires internationaux comme des grands flux de marchandises.

http://www.forum-monetaire.com/wp-content/uploads/2014/11/image008.jpg

Alors que les Européens de l’ouest, quant à eux, auraient dû jouer leur propre carte en tendant la main à Moscou pour permettre de nouer le grand partenariat euro-russe « de l’Atlantique à l’Oural » (selon la formule gaullienne) assurant la survie d’une Europe indépendante face à l’hégémonie US et à la montée en puissance de la Chine et autres pays émergents. Dans le droit fil de la vision du général de Gaulle lequel, bien avant la chute de l’URSS qu’il avait évidemment prévue, militait dans ce sens. D’où son refus de faire entrer le Royaume-Uni dans la CEE, Londres étant notoirement la base avancée des USA en Europe, sa décision de sortir la France du commandement intégré de l’OTAN et sa politique de détente et de coopération avec ce qu’il appelait la « Russie soviétique » (l’adjectif « soviétique » étant destiné un jour à disparaître lorsque les fondamentaux de la Russie profonde reprendraient leur prééminence).

Ce que les boutiquiers dénués de toute vision géopolitique à la tête de l’UE n’ont hélas pas compris en faisant l’erreur fatale de se rallier à la politique américaine anti-russe, via l’organisation de diverses révoltes en Europe de l’Est et sur le pourtour sud de l’ex-URSS (Géorgie, Caucase, etc.), la dernière en date étant le coup d’Etat qu’ils ont suscité et financé à Kiev en février 2014 (dix ans après la « révolution orange » dans ce pays, déjà fomentée par les USA en 2004, mais qui s’était terminée dans la corruption généralisée des politiciens ukrainiens voyous).

Évidemment, Moscou ne pouvant pas accepter l’intégration de l’Ukraine, le pays dont il est le plus proche historiquement, religieusement, ethniquement et linguistiquement, peuplé d’une forte minorité russe et/ou russophone orthodoxe, dans l’UE (ce qui aurait supprimé le dernier « tampon » entre les deux zones d’influence russe et ouest-européenne désormais rivales) et encore moins dans l’OTAN (ce qui aurait fait de Sébastopol une base navale US en plein cœur de la Russie), a récupéré la Crimée (partie intégrante de l’héritage des Tsars) avec l’accord de la population locale et lutte maintenant pour protéger la minorité russe de l’est de l’Ukraine, ayant récemment voté majoritairement pour son indépendance à l’égard de Kiev, que les forces militaires ukrainiennes et d’autres paramilitaires (en particulier des éléments appartenant à des sociétés militaires privées anglo-saxonnes encadrés par des agents de la CIA) agressent sans discontinuer en faisant des milliers de morts civils.

Pour contraindre la Russie à se désengager de la Crimée et de l’Ukraine, les USA et leurs alliés ouest-européens sont entrés dans un processus de sanctions croissantes de plus en plus dommageables pour la Russie pendant qu’elle réplique par des contre-mesures pour le moment plutôt insignifiantes pour l’Occident, alors que de violents combats se développent en Ukraine et que ce dernier pays s’effondre politiquement et économiquement.

En même temps, la Russie s’est encore rapprochée de la Chine et autres BRICS, avec la coopération desquels elle s’oppose frontalement au Système monétaire et commercial international dominé par les USA. Sans compter une lutte d’influence croissante entre les Russes et les Occidentaux, au Moyen-Orient en particulier, le soutien de Moscou à la Syrie, à l’Iran et autres mouvements chiites, empêchant les USA et leurs alliés sunnites de maintenir leur domination sur la région et ayant de fortes probabilités de se terminer en guerre régionale totale. Surtout depuis l’émergence des djihadistes de l’État islamique d’Irak et du Levant (initialement mis sur orbite par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie) que plus personne ne contrôle et que l’on ne réduira pas par des seules frappes aériennes. Surtout, si après Mossoul, ils prennent Bagdad.

Faisant délibérément chuter les prix de l’or, la principale réserve de change russe, et surtout du pétrole ou du gaz, la principale ressource financière d’exportation russe (selon la politique inspirée par plusieurs fondations stratégiques occidentales dont celle de George Soros), avec le concours de l’Arabie Saoudite qui en profite pour surproduire à bas prix et ainsi récupérer sa part du marché mondial récemment gagnée par la Russie, les USA ont aussi provoqué la chute du rouble, ce qui asphyxie l’économie russe et risque de mettre ce pays en défaut de paiement.

Pendant que l’économie européenne (celle de l’Allemagne en particulier) s’enfonce dans la récession-déflation que la crise ukrainienne et russe aggrave. Avant que les USA en payent aussi la note, leur production de pétrole et de gaz de schiste n’étant plus rentable en dessous de 70 USD le baril, comme plusieurs autres pays producteurs sud-américains (Venezuela), africains (Nigeria, Angola) et même européens (Norvège, Royaume-Uni) ou moyen-orientaux (les Etats du Golfe), dont les réserves de change chutent au moment même où l’endettement de plusieurs d’entre-eux ne faiblit pas.

Une vague de faillites d’entreprises internationales du secteur pétrolier et gazier et de défauts d’obligations desdites entreprises, et même souveraines de certains pays producteurs, ne manquerait pas de se produire en cas de chute incontrôlée du prix du baril…

L’évolution de la situation géopolitique dépend maintenant de savoir si les USA et leurs alliés ouest-européens vont cesser leurs sanctions contre la Russie et reprendre avec ce pays une politique de coopération (ce qui suppose d’entériner le partage de l’Ukraine en deux Etats séparés et l’intégration de la Crimée à la Russie) ou bien si la Russie, poussée dans ses derniers retranchements, pour éviter une faillite financière à court terme, se lancera dans une solution militaire radicale (l’utilisation d’armes nucléaires tactiques n’étant pas à exclure). Ce qui, évidemment, ferait encore monter le dollar US et les obligations d’Etat US (TLT, TMF) mais baisser fortement les actions un peu partout.

Quant à l’Union européenne, dans un tel cas de figure, elle se disloquerait aux plans géopolitique et économique, sans parler de l’euro qui, restant toujours aussi structurellement inadapté, ne pourrait pas subsister dans sa forme actuelle.

Bref, il est vital pour les Occidentaux de cesser de jouer avec le feu à l’égard de la Russie et pour les dirigeants de cette dernière de garder leur sang froid.

L’amateurisme dangereux d’Obama que les électeurs US viennent de désavouer en plaçant le véritable pouvoir dans les mains du Congrès républicain plutôt va-t-en guerre et la détermination de Poutine qui a le soutien de la population russe, sur fond d’absence de personnalités européennes à la hauteur de la situation (A. Merkel dépassée, F. Hollande ridicule), augure mal d’une solution négociée rapide entre les adversaires.

Les événements actuels ressemblent à la crise des missiles survenue en octobre 1962 qui a opposé les USA et l’URSS au sujet des fusées nucléaires soviétiques pointées sur le territoire des États-Unis depuis Cuba, ayant mené les deux blocs au bord de la guerre nucléaire, sauf que la situation est inversée dans la mesure où c’est la Russie qui est maintenant menacée par l’OTAN -c’est-à-dire les USA- en Ukraine et chez elle en Crimée, indépendamment de la guerre économique sans merci que l’Occident lui livre.

Le problème c’est qu’une Russie gravement blessée, sans perspective de sortie de crise, risque de devenir très dangereuse.

Pour le reste, chaque jour apporte son lot de révélations sur les manipulations des marchés financiers (forex, taux d’intérêt, métaux précieux, etc.) par les grandes banques privées et les amendes qu’elles négocient avec les autorités pour stopper les poursuites à leur encontre, ce qui ne les incite pas à cesser leurs pratiques déloyales puisque lesdites amendes ne sont que des gouttes d’eau par rapport aux profits qu’elles en retirent. Et sur les interventions des banques centrales, qui persistent à traiter la crise mondiale structurelle par des injections conjoncturelles de monnaie ou l’octroi de crédits ex nihilo, lesquels ne font qu’entretenir la bulle des actions sans régler les problèmes réels d’économies sans croissance et du chômage de masse étant donné que toute cette liquidité inutile reste bloquée dans la trappe du même nom.

C’est l’augmentation du bilan de la Federal Reserve US du fait du Quantitative Easing qui explique la hausse des actions US :

Suite de l’article (plus purement économique) ici :

http://www.forum-monetaire.com/a-propos-de-la-disclocation-geopolitique-et-economique-europeenne-et-de-leffondrement-des-prix-du-petrole-et-des-matieres-premieres-dans-un-contexte-de-crise-majeure-entre-les-usa-et-la-russie

 

 

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