Alerte parents ! La prostitution dans les collèges

J’ajouterais et dans les lycées. La raison pour laquelle je relaye cette info est que je l’ai personnellement entendu confirmée par le récit direct d’une infirmière scolaire effondrée qui reçoit tous les jours dans son bureau les confidences d’ados en pleurs.  Pour 5 à 10 €, les gamins se font faire des fellations dans les coins obscurs de son lycée. Selon ce qu’elle a compris des confidences qu’elle recueille, (pardonnez-moi) « sucer n’est pas coucher.. » Selon les témoignages entendus, il  semble que la fellation est considérée par beaucoup comme un acte insignifiant, à peine plus important que de se rouler une pelle.

Autre témoigne recueilli auprès d’une lycéenne : il existe un « jeu » qui s’appelle « sac ou carton ». Le challenge est le suivant, un garçon drague une fille pas trop mal faite, mais considérée comme ayant un visage ingrat. Une moche, comme ils disent. Ils l’emmène patiemment jusqu’à l’acte ultime et lui propose comme un jeu de faire « ça » avec un carton ou un sac sur la tête. Lorsque la fille est dans cette position, (c’est à dire nue et la tête couverte) ils font rapidement des selfies qu’ils envoient à leurs potes…  C’est un processus long et cruel car il s’agit, pour arriver à ses fins de rendre la victime suffisamment amoureuse et consentante pour  obtenir son agrément. La victime en question devient, sous le manteau, la risée de sa classe, des filles y compris. Résultat : Dépression,  tentative de suicide. Bien sûr, les adultes ne sont pas au courant.

Comme l’explique l’article, c’est largement en amont que l’éducation des parents à une sexualité saine doit s’exercer.  Comment des adolescents peuvent-ils déraper à ce point ? Comment une jeune fille peut-elle avoir une image d’elle-même tellement détruite qu’elle en accepte n’importe quoi ?

Prostitution dans les collèges : mais comment en est-on arrivé là ?

Une association a décidé d’alerter les pouvoirs publics sur la prostitution adolescente, qui se déroulerait notamment dans l’enceinte des collèges. Ne disposant pas de chiffres officiels, elle estime néanmoins, en extrapolant à partir de données réunies par les associations et les acteurs de terrain, qu’entre 5 000 et 8 000 mineurs se prostituent en France.

L’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE) lance une campagne pour attirer l’attention du public sur un phénomène qu’elle estime grandissant, la prostitution des adolescents, notamment dans les collèges où certains professeurs ont rapporté avoir eu des confidences d’élèves à ce sujet, qui pratiqueraient notamment des fellations dans les toilettes. A qui incombe la responsabilité de ce genre de pratique ? Quelle est la part de responsabilité des parents et de l’école dans cette situation ?

Gisèle George : Il est difficile d’attribuer cette responsabilité. Il est naturel, entre 12 et 15 ans de chercher à découvrir sa sexualité. Les enfants ont toujours cherché à connaitre la sexualité, que ce soit dans les livres, en grappillant des informations à droite, à gauche. La différence aujourd’hui est que ces informations sont en libre accès. Certaines d’entre-elles sont adaptées, d’autres sont plus « trash » et ne doivent pas être interprétées au 1er degré. Mais pour un enfant, il est difficile de faire la part des choses et ce dernier peut penser que ce qu’il voit dans des films pornos est représentatif de la sexualité. On se retrouve donc avec des adolescents qui pensent que s’embrasser ce n’est pas très important et que la sexualité c’est d’abord la fellation.

A-t-on mesuré l’ampleur de la « sur-sexualisation » ? N’a-t-on pas laissé les enfants complètement démunis ?

Je pense que les adultes n’ont pas toujours conscience que les 12-15 ans sont une classe d’âge à risques. A leur entrée au collège, on leur demande de s’autonomiser et de réagir comme des petits hommes alors qu’ils ne sont en fait que des grands enfants. C’est à nous, adultes, de leur apprendre le code de la route de la vie. Entre 12 et 15 ans ils font comme les copains, ils disent « oui » à tout ce que veulent les copains. Leurs camarades leurs apprennent le porno,  eh bien, à nous parents, de leur apprendre une sexualité adaptée. La sexualité c’est aussi une affaire de transmission. Il faut d’abord surveiller les sites sur lesquels ils surfent et les chats qu’ils utilisent. Il ne faut pas interdire, mais les guider dans leur utilisation d’internet, y compris dans leur soif de connaissances. En fait, il faut explorer avec eux.

Je pense que si la transmission se faisait mieux, nous ne serions pas face à des milliers d’enfants de moins de 12 ans qui surfent sur des sites pornos. Découvrir la sexualité en voyant des couilles plein pot sur son écran, ce n’est pas le meilleur moyen de le faire.

Quelles est l’influence de la représentation des femmes et des jeunes adolescentes dans les médias sur leur perception de la sexualité ?

Les enfants reconnaissent qu’il y a une sexualité et c’est très bien, mais c’est aux parents de « faire le CSA ». Nous, notre problème dans les associations, c’est que les enfants ne font pas la différence entre le porno et la sexualité. Mais qui leur apprend la différence ? On travaille aussi beaucoup, avec les associations comme ACPE par exemple, sur le fait que le corps des enfants leur appartient. L’éducation sexuelle doit également se faire  sur la sensualité des rapports. Le corps n’est pas que mécanique, et la sexualité est un échange dans le respect l’un de l’autre. Les copains racontent des tas de choses, cela a toujours été le cas mais cela est aujourd’hui étayé par des médias qui ne sont pas adaptés aux enfants de 12 ans.

Les psychologues notent que la prise de conscience chez les adolescents d’actes pouvant être assimilés à de la protitution est assez lourde à porter. Quelles peuvent en être les conséquences à long terme ?

Je pense que cela dépend des conditions dans lesquelles cela a été fait. Si l’on s’aperçoit  qu’on a été abusé, que d’autres ont utilisé ce besoin d’être aimé, cela peut avoir des conséquences psychologiques très graves. Du même ordre qu’un abus sexuel. Et généralement ce genre de prostitution n’est pas reconnu par les adultes qui estiment que les enfants jouent à « touche pipi ». En revanche, d’autres peuvent mieux le vivre.

On peut se rendre compte lorsque l’on rencontre quelqu’un de bienveillant, qu’on a essayé des choses par le passé qui ne relevaient pas de l’amour. Mais comme on ne s’est pas trop forcé, ce n’est pas si grave.

Néanmoins, la prostitution est une forme de violence dans laquelle le corps est réduit à un mécanisme, un objet que l’on peut vendre.

Comment rétablir un rapport plus sain à leur corps et à leur sexualité ?

Les parents trouvent cela difficile d’aborder la sexualité. Et il est vrai que ce n’est pas facile de parler de sexualité avec ses enfants. Il faut susciter leur questionnement, parler des transformations que subissent leur corps. A cet âge-là, l’enfant a un dégoût de son corps et il va se comparer à ses copains. Il faut leur dire qu’ils passeront de la phase chrysalide au papillon. Il est aussi important d’expliquer à un enfant ses premières transformations que de lui montrer comment se brosser les dents. Nous sommes face, à l’école notamment, à un réel déficit d’information. Par ailleurs, si on expliquait aux enfants de 12 ans la sexualité et les MST à l’école, je suis persuadée que les parents ne verraient pas cela d’un bon œil. Les parents ont tendance à penser que cela donne des idées à leurs enfants, mais ils n’ont pas besoin de nous pour cela !

Il faut essayer d’harmoniser l’esprit de l’enfant dans une société qui fait de nos corps une mécanique. Regardez la publicité, vous n’êtes jamais assez beau, votre corps n’est jamais assez bien.

Propos recueillis par Carole Dieterich

Gisèle George

Gisèle George est pédopsychiatre. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages comme La confiance en soi de votre enfant (2007, Odile Jacob) ou encore Ces enfants malades du stress (2002, Anne carrière)

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