Dédicace à tout ceux qui sont à la croisée d’un chemin….

DEGRÉS

Toute fleur flétrit un jour, toute jeunesse
Se fane ; Ainsi fleurit tout degré de la vie
Fleurit chaque vertu comme chaque sagesse,
A son heure et n’atteindra pas l’éternité.

Le cœur, quand l’existence à nouveau l’y convie,
Doit être prêt pour les adieux, prêt à poursuivre
Un objet différent, sans larmes, avec fierté,
Prêt pour un destin neuf, une neuve amitié.

Chaque commencement recèle une magie
Qui sait nous protéger et nous aide à vivre.

Sereins, il faut franchir espace après espace
Sans faire d’aucun d’eux notre unique foyer
L’ Esprit Universel ne veut pas nous lier.

De degrés en degrés vers de plus hautes places
Il nous mène. Aussitôt que nous nous reposons
Dans un doux cercle étroit,le sommeil, l’hébétude menacent.
Le départ vers d’autres horizons
Peut seul nous arracher à la lâche habitude.

Peut-être l’heure encore où nous devrons mourir,
jeunes, nous guidera vers des terres nouvelles…

La vie incessamment nous parle, nous appelle.
Prends donc congé mon cœur, ainsi tu vas guérir..

Herman Hesse – (Stuffen 1941)

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Dans une version plus littérale :

Si toute floraison passe et l’adolescence,
Tout âge de la vie est à son tour en fleur.

Toute sagesse atteint son degré de croissance ;
Toute vertu connaît son éphémère été.

Si souvent que la Vie appelle, ah ! que le coeur,
Prêt aux nouveaux adieux comme aux départs nouveaux,
Réponde: oui, vaillamment; et, sans rien regretter,
Qu’à des attachements improvisés il cède.

En tout ce qui commence un génie est enclos
Qui nous protège, nous pousse à vivre et nous aide.

Franchis stade après stade et cependant ne tiens
À nul d’entre eux comme à ta terre. Le génie
De l’Univers jamais ne restreint ni ne lie.

Il nous porte en avant de gradin en gradin.

Dès que tel horizon t’apparaît familier,
Pars. L’engourdissement guette. Aspire à l’absence.
Seul celui qui sait rompre, éternel passager,
Peut échapper à l’endormante accoutumance.

Peut-être également que l’heure de mourir
Nous mettra, rajeunis, face à d’autres espaces,
Qu’à l’infini l’appel vital passe et repasse…

Allons ! Détache-toi…coeur ! et veuille guérir !

 

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