Fiche : Le biogaz

 

La biométhanisation a-t-elle un avenir?

Les énergies renouvelables, même si elles ont encore beaucoup de chemin à faire, représentent la voie du futur pour une planète dont les ressources pétrolières sont limitées.

Parmi les sources d’énergie étudiées pour remplacer les centrales thermiques traditionnelles, on retrouve l’énergie éolienne ou solaire, certes, mais les chercheurs travaillent également sur des procédés un peu plus marginaux. la biométhanisation, dont l’objectif est de dégrader la matière organique dans le but d’en faire du biogaz et du fertilisant, fait partie de ces procédés.

La biométhanisation a-t-elle vraiment un avenir?

Si on se base sur l’incapacité de nos gouvernements de penser à long terme, on peut malheureusement en douter. Les deux exemples qui suivent donnent tout de même un bel aperçu de l’utilité qu’elle peut remplir pour notre société.

Comment fonctionne le processus de méthanisation?

C’est un procédé relativement simple. On place les déchets organiques qu’on souhaite transformer en biogaz dans une cuve chauffée et sans oxygène pendant un certain temps. Dans certains cas, ces déchets seront préalablement traités pour rééquilibrer leur PH, éliminer les matériaux indésirables ou homogénéiser la substance. Les déchets peuvent également être stérilisés lorsqu’ils sont considérés comme particulièrement impropres. L’extrant du processus, le biogaz, sera obtenu par fermentation des déchets. Le procédé peut prendre entre 20 et 60 jours et le produit final sera composé d’un résidu (le digestat, qui sert principalement de fertilisant) et d’un biogaz composé de méthane et de gaz carbonique.

Le modèle suédois de biométhanisation

La Suède est définitivement partisane de la technologie de biométhanisation. N’ayant pas beaucoup d’espace disponible pour construire des sites d’enfouissement et souffrant d’un manque de ressources pétrolières ou gazières, la classe politique a pris la décision d’adopter une solution très pratique : la combustion des déchets pour produire de l’énergie.

Selon Midwest Energy News (source en anglais), les suédois transforment actuellement 49% de leurs déchets domestiques en biogaz, en recyclent la moitié et ils en expédient une toute petite partie à l’enfouissement. Comme la population ne produit pas suffisamment de détritus pour faire fonctionner les centrales à pleine, le pays doit en importer près de 700 000 tonnes par année!

San Francisco transformera-t-elle les déjections de ses animaux?

La ville de San Francisco a l’objectif fort ambitieux de ne plus envoyer de déchets dans les sites d’enfouissement d’ici 2020. Cela demande un effort énorme de conscientisation de la population, certes, mais il faut également trouver des façons ingénieuses de se débarrasser de certains rebuts encombrants.

Un projet pilote a été accordé il y a quelques années à une société américaine, Sunset Scavenger, qui était mandatée de réduire l’enfouissement de crottes de chats et de chiens… en les transformant en carburant! Un des experts chargé d’analyser la solution avait estimé qu’une tonne de déjections serait en mesure de produire 2 semaines de chauffage pour une maison. Sachant que les États-Unis produisent 10 millions de tonnes de ce type de déchets, ils seraient en mesure de fournir du chauffage à 380 000 maisons (chiffre basé sur l’estimation précédente) simplement grâce au cycle naturel de digestion des animaux de compagnie.

Que penser de la pollution?

Toujours selon Midwest Energy News, la même technologie fait polémique aux États-Unis car ses détracteurs avancent que la combustion de déchet est une façon très polluante de se débarrasser de ces derniers. Au final, cette énergie « verte » pourrait être bien dommageable à cause des émissions de gaz à effet de serre.

Weine Wiqvist, directeur de l’association chargée de la gestion des déchets en Suède, ce raisonnement ne prend toutefois pas en considération le méthane émis par les déchets qui se dégradent dans les sites d’enfouissement. Au final, ce gaz sera 20 fois plus nocif pour notre planète que celui qui se dégage des centrales d’incinération de déchets. La désinformation est un frein merveilleux au progrès!

Pourquoi la biométhanisation est-elle si peu populaire?

À l’heure actuelle, la biométhanisation ne jouit pas d’une grande popularité à cause du coût élevé de la production d’un kilowatt/heure en comparaison avec les sources traditionnelles comme l’hydroélectricité et les combustibles fossiles. Il varierait de 0.075$ à 0.2$ le kilowatt/heure (entre 0.05€ et 0.135€), un prix qui ne justifie pas le changement de mœurs et l’investissement important en infrastructure.

Pour que la technologie se démocratise, il faudra que les gouvernements fassent comme la Suède et la perçoive dans une approche plus globale, c’est-à-dire pour stopper l’enfouissement coûteux de déchets et réduire l’empreinte écologique de notre consommation. Il faut se permettre de rêver à l’occasion.

Article proposé par :  Charles Bernard

Pour comprendre en image :

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S’autonomiser : Circuit de méthanisation dans une ferme d’élevage.

Pour en savoir encore plus sur le biogaz : http://www.tececo.fr/methanisation-biogaz/