Les députés du Parlement pro-russe de Crimée ont déclaré mardi la péninsule indépendante de l’Ukraine. Il s’agit d’une étape préalable avant le référendum de dimanche qui déterminera le rattachement de la péninsule à la Russie.

« Une déclaration d’indépendance de la république autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol » a été adoptée par 78 des 81 députés présents, selon un communiqué de ce parlement considéré comme illégal par les autorités de Kiev. Leur texte invoque la Charte des Nations unies et « toute une série d’autres documents internationaux établissant le droit des peuples à l’autodétermination », ainsi que l’avis rendu par la Cour internationale de justice le 22 juillet 2010, selon lequel « la proclamation unilatérale d’indépendance par une partie d’un Etat ne viole aucune norme du droit international ».

« La République de Crimée sera un Etat démocratique, laïc et multinational, qui s’engagera à maintenir la paix et l’entente inter-ethnique et interconfessionnelle sur son territoire », écrivent les députés.

La Douma russe prépare le terrain

Si le référendum du 16 mars débouche sur le rattachement de la Crimée et de la ville de Sébastopol à la Russie, la Crimée sera déclarée « Etat indépendant et souverain avec une forme républicaine de gouvernement  ».

Côté russe, un responsable de la Douma a indiqué que les députés russes examineront le 21 mars un texte de loi permettant d’incorporer dans la Fédération de Russie un territoire étranger qui en émettrait le souhait -comme c’est le cas pour la Crimée- en cas de défaillance de l’Etat auquel il appartient.

Le texte est d’ores et déjà mis à l’ordre du jour de la Douma pour le 21 mars, soit cinq jours après le référendum organisé dimanche en Crimée, ont indiqué des responsables de la chambre basse du Parlement russe aux agences.

Ianoukovitch y croit encore

Le président déchu et réfugié en Russie, Viktor Ianoukovitch, a invectivé le nouveau pouvoir pro-occidental, une « clique » composée d’« ultra-nationalistes et de neo-fascistes », le jugeant responsable de la partition du pays. « Vos actes ont eu pour conséquence que la Crimée se détache, que même sous la menace des armes la population du sud-est (majoritairement russophone, ndlr) exige d’être respectée et que soient respectés ses droits », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Rostov-sur-le Don. « Nous allons surmonter ces troubles (…). Le pays va se ressaisir et retrouver son unité. » Il n’a pas mentionné le référendum prévu dimanche, avec le soutien de Moscou, pour le rattachement de la Crimée à la Russie, et a même semblé en discordance avec la position russe.

Viktor Ianoukovitch a assuré de son retour à Kiev, « dès que le permettront les circonstances – je suis certain qu’il ne faudra pas attendre longtemps… Je veux rappeler que je reste le président légitime de l’Ukraine, et aussi le chef des armées ». Les autorités russes avaient pour leur part déjà déclaré que l’ancien chef d’Etat n’avait plus d’avenir politique.

Source : Le Soir.be

REACTIONS :

L’Ukraine demande l’aide internationale pour préserver son unité  

L'Ukraine demande l'aide internationale pour préserver son unité

L’Ukraine a lancé mardi un appel aux pays garants du traité de Budapest, leur demandant assistance pour préserver son intégrité territoriale.

Dans cet appel, qui a été approuvé par le parlement ukrainien, Kiev demande aux Etats-Unis et au Royaume-Uni d' »appliquer toutes les mesures possibles sur les plans diplomatique, politique, économique et militaire » pour maintenir l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine.

En 1994, Kiev a signé le traité de Budapest, en vertu duquel l’Ukraine a renoncé à son arsenal nucléaire en échange de garanties concernant la reconnaissance de sa souveraineté.

La Russie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, en tant que garants de ce traité, ont pour obligation de ne pas utiliser la force contre l’Ukraine et de jouer un rôle de médiateur si l’intégrité territoriale du pays se voit menacée.

L’Ukraine est désormais menacée de partition, le parlement régional de la République autonome de Crimée ayant adopté mardi le texte de sa déclaration d’indépendance de l’Ukraine.

Cette décision sera soumise aux électeurs criméens lors du référendum prévu dimanche prochain.

Depuis la survenue de la crise en Crimée fin février, Kiev accuse Moscou d’aggraver la situation en augmentant ses troupes dans la péninsule, où est basée la flotte russe de la mer Noire.

Le président du parlement de Crimée, Vladimir Konstantinov, a déclaré mardi que la région autonome était devenue une république parlementaire lors de l’adoption de la déclaration d’indépendance par les députés criméens.

« En adoptant la déclaration, nous nous sommes proclamés République », a souligné M. Konstantinov, selon qui la Crimée « n’est plus une région autonome ukrainienne ».

Il a ajouté que la déclaration était nécessaire dans le cadre des procédures juridiques de rattachement de la Crimée à la Russie. La Crimée « ne retournera pas en Ukraine », a-t-il martelé.

Pour entrer en vigueur, la décision du parlement devra être confirmée par le référendum du 16 mars portant sur le statut futur de la péninsule.

Kiev juge ce référendum « illégal », arguant qu’il n’est pas conforme à la Constitution ukrainienne.

La péninsule de Crimée a été transférée à l’Ukraine en 1954, un transfert « cadeau » à Kiev décidé par le dirigeant soviétique de l’époque Nikita Khrouchtchev pour marquer le 300e anniversaire du rattachement de l’Ukraine à l’empire russe.

http://french.china.org.cn/foreign/txt/2014-03/12/content_31754340.htm

SOURCE : Alter Info.net

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Manœuvres diplomatiques

Dans le même temps, le dialogue de sourds entre Washington et Moscou se poursuit. Les Etats-Unis accusent la Russie de ne pas tenir compte des propositions sur la table pour sortir de la crise. Pour sa part, le Kremlin a lancé sa contre-offensive diplomatique avec une offre dont les détails n’ont pas été révélés.

Dans les propositions occidentales, «tout était formulé dans le sens d’un prétendu conflit entre la Russie et l’Ukraine», a rétorqué le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, insistant sur le fait que les nouvelles autorités ukrainiennes étaient issues d’un «coup d’Etat». Signe de l’extrême tension entre Russes et Américains, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a de facto exclu de rencontrer son homologue russe tant qu’il ne serait pas d’accord sur le contenu des discussions. Washington appelle également la Russie à «stopper ses avancées militaires», selon les déclarations d’une porte-parole du département d’Etat. 

Du côté de Berlin, la chancelière Angela Merkel  a jugé mardi que la situation en Crimée s’apparentait à «une annexion» par la Russie, selon des propos tenus devant des députés conservateurs et rapportés par une source parlementaire. «On peut déjà parler d’annexion», a assuré la dirigeante allemande lors d’une réunion du groupe parlementaire conservateur CDU/CSU, et la Russie a «dérobé» la Crimée à l’Ukraine, selon elle.

La France pour sa part a brandi la menace de nouvelles sanctions, peut-être «dès cette semaine», contre la Russie si elle ne répond pas aux propositions occidentales de «désescalade» en Ukraine.

A New York, les membres occidentaux du Conseil de sécurité ont cherché en vain à accroître la pression sur la Russie à l’approche du référendum mais Moscou est resté inflexible, ont indiqué des diplomates. Il s’agissait de leur cinquième réunion à huis clos sur la crise ukrainienne depuis dix jours.

Source et article entier : http://www.liberation.fr/monde/2014/03/11/ianoukovitch-se-revendique-toujours-president-legitime-de-l-ukraine_986146