Dossier:Nanotechnologies ces armes de destruction massive qui pourraient détrôner la bombe nucléaire

Tandis que des accords internationaux ont été mis en place pour réguler l’utilisation des armes nucléaire la recherche dans les laboratoires militaires, en terme de destruction massive, ne s’est pas pour autant arrêtée. L’arme nucléaire date du début du siècle dernier, l’arme chimique également. Toujours d’une efficacité redoutable, elles ne sont pas moins obsolète.

Beaucoup mieux, parce que non décelable pour le moment, la nanotechnologie ouvre des perspectives beaucoup plus intéressantes et toutes plus effrayantes les unes que les autres. Sur ce genre de sujet, l’imagination humaine n’a pas, hélas de limite.

Les deux articles présentés ici ne sont pas neufs. Assez curieusement, je n’ai pas trouvé de rapports précis récents sur cette activité. L’un de 2008 est rédigé par un physicien, l’autre de 2006 par un spécialiste d’études stratégiques. Il ne sont pas pour autant obsolètes. Nous pouvons imaginer au contraire qu’à la vitesse où avancent les progrès scientifiques les problèmes techniques soulevés auront été du moins en partie résolus et que nous ne sommes plus dans la prospective mais dans une proche réalité, voire un état de fait.

Quel contrôle existe sur ces activités de recherche ? Apparemment, actuellement, aucun. Ce qui signifie que n’importe quel pays qui en a les moyens pourrait y avoir accès en y mettant le prix.

D’autre part, en lisant ces articles, j’ai pensé aux chemtrails… Grâce à cette technologie on pourrait sans doute ensemencer le ciel et ce, sans laisser de traces immédiatement décelables et éliminer ou contaminer toute une population sans qu’elle ne se rende compte de rien.. L’horreur.

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De l’’usage militaire des nanotechnologies

Au delà des discours sur les bienfaits des nouvelles technologies… Voici un aperçu de la façon dont les nanotechnologies à usage militaire sont développées par les états dominants entre autre pour alimenter les moyens déjà existants de surveillance, de contrôle et de répression à disposition de leurs armées et leurs polices. C’est déjà en cours d’expérimentation. L’entreprise Thalés de Valence travaille  sur ces expérimentations . Il y a qu’à voir le nombre de caméras qui surveille le quartier.
M.
Louis Laurent
Physicien

Aux Etats-Unis, le domaine de la défense absorbe un quart des financements de l’Initiative nationale sur les nanotechnologies. Un livre récent du physicien allemand Jürgen Altmann analyse les possibles applications militaires des nanotechnologies  en couvrant un large spectre,  des applications les plus réalistes aux plus folles. Louis Laurent propose une compilation des perspectives que Jürgen Altmann décrit dans son ouvrage.

Jürgen Altmann © Université de Dortmund

Jürgen Altmann, physicien à l’Université de Dortmund, a récemment publié l’une des premières analyses prospectives d’ampleur consacrées aux applications militaires des nanotechnologies. Il y dépeint en particulier les programmes qui sont financés aux Etats-Unis dans le cadre de la « National Nanotechnology Initiative », un projet fédéral américain de l’ordre d’un milliard de dollars, dont environ 25 % au titre du département de la Défense.

Particulièrement instructive est l’analyse que brosse Jürgen Altmann des applications militaires des nanotechnologies à partir de la littérature existante et des programmes de recherches américains, comme ceux de la DARPA, la Defense Advanced Research Projects Agency . On pourrait classer les applications qu’il évoque en trois catégories:

– Les retombées de recherches non spécifiquement militaires,
– Les développements de nature militaire,
– et des perspectives plus spéculatives

Des ordinateurs de la taille d’un dé à coudre

Première application : les retombées de recherches non spécifiquement militaires.

Cette première catégorie, comprend les utilisations de technologies civiles pour l’information et la communication, les matériaux, les capteurs, la gestion de l’énergie. Dans la plupart des cas, il s’agit d’évolutions estimées par Altmann à un horizon de cinq à dix ans.

Dans le domaine des technologies de l’information, l’industrie de l’électronique va produire ces vingt prochaines années des circuits de plus en plus performants en terme de puissance de calcul, et cela à un rythme soutenu. On peut imaginer que naîtront de petits calculateurs de la puissance d’un ordinateur de bureau actuel, mais enfermés dans des centimètres cubes voire des millimètres cubes. Ces calculateurs pourraient alors se généraliser, par exemple dans tout ce qui est logistique, les systèmes portés par le fantassin, mais aussi dans les munitions de petite taille qui pourraient ainsi acquérir des capacités de guidage accrues.

De même, cette évolution va mener à la prolifération de capteurs autonomes capables de calculer et de communiquer sans fil. Altmann précise toutefois que la miniaturisation rencontre des limites, par exemple le fait que, lorsqu’il s’agit de communiquer à une distance utile, des antennes et des sources de puissance de tailles centimétres deviennent nécessaires. L’apparition de petits écrans plats et souples, peu gourmands en énergie permettrait en outre de réaliser de nombreux systèmes de visualisation de l’information.

Au-delà de cette évolution « classique », des systèmes d’information d’un genre nouveau pourraient se développer et permettre l’accroissement des puissances de calcul ou des capacités de stockage de l’information : nouveaux composants fondés sur le magnétisme, par exemple des mémoires magnétiques qui ne s’effacent pas lorsqu’on coupe le courant, donc des ordinateurs instantanément prêts à l’allumage ; systèmes optiques assurant des transferts rapides avec des débits qui se mesureraient en tétrabits (mille milliards de bits) par seconde, systèmes à basse consommation ; mémoires moléculaires avec des densités d’information dix mille fois supérieures à celles des circuits actuel.

Le développement des puissances de calculs disponibles et des moyens de communication a pour corollaire de nouveaux logiciels. Ils peuvent concerner des simulations de champs de bataille virtuels à des fins d’entraînement ou d’analyse stratégique, mais aussi la gestion de la logistique. D’autres perspectives qui semblent à portée sont la capacité des machines à communiquer en langage naturel, les systèmes de traduction automatique, l’accès à des données variées. A plus long terme, on peut imaginer des systèmes autonomes et intelligents.

Matériaux nanostructurés

Dans le domaine des matériaux et systèmes mécaniques, des additifs nanométriques seront utilisés tout d’abord pour améliorer les propriétés des matériaux, par exemple pour répondre à des contraintes variées (les rendre peu inflammables, imperméables, conducteurs de l’électricité). La résistance mécanique des matériaux sera accrue. Jürgen Altmann évoque des composites à base de nanotubes de carbone ou des alliages métalliques nanostructurés qui pourront servir à réaliser des structures plus légères ou plus résistant. Exemple : Concept d’un biocapteur électrochimique à base d’un microréseau de nanotubes de carbone, capable de détecter des molécules d’ADN ou de petites molécules. © Nasa

En défense, un domaine d’utilisation privilégié est bien entendu le blindage. Altmann estime que l’évolution la plus forte se fera dans le domaine des protections contre les projectiles légers (gilets pare-balle), les nanomatériaux n’ayant que peu d’efficacité contre des projectiles lourds.

De même, des matériaux améliorés peuvent avoir un impact sur les armes, qu’il s’agisse de projectiles plus pénétrants mais aussi de substituts aux métaux rendant les armes plus difficilement détectables. Un dernier domaine d’application est celui des matériaux « intelligents », éventuellement inspirés du vivant : ils pourraient se déformer, exercer une force, s’adapter, par exemple modifier leurs propriétés optiques dans le but de réaliser des camouflages.

On peut imaginer des systèmes sophistiqués contenant de nombreux moteurs miniatures (bio-inspirés, matériaux simulant des muscles, moteurs électrostatiques, etc.) réalisant des mouvements complexes ou simplement plus robustes, la puissance motrice étant répartie dans le matériau et non pas centralisée sur un moteur.Les nanotechnologies permettent par ailleurs de développer des capteurs de taille extrêmement réduite. Jürgen Altmann note qu’un détecteur de petite taille n’est toutefois pas toujours aussi sensible qu’un détecteur plus grand et que la course à la miniaturisation n’apporte pas toujours un gain en performance. Cependant, il est probable que le nombre de détecteurs en usage va augmenter, qu’il s’agisse de systèmes de détection d’agression, de localisation, à usage médical, de détection… Autonomie puissance dix !
Une évolution en cours est la généralisation de capteurs « communicants », c’est-à-dire de systèmes autonomes, capables de transmettre par ondes le résultat de leurs mesures. En pratique, une portée raisonnable demande des systèmes centimétriques mais il existe des voies de miniaturisation plus poussée vers des systèmes millimétriques, voire submillimétriques, contenant divers types de capteurs (sismique, d’ondes sonores, chimique, de radiations) que l’on « saupoudrerait » sur le terrain par milliers. La portée radio de tels systèmes étant très faible, l’information se déplacerait de proche en proche ou serait lue à distance, par exemple à l’aide d’un laser.

Un autre domaine d’application de ces capteurs est le soldat lui-même. Différents systèmes localisés à la surface du corps, voire implantés, permettraient de suivre son état de santé voire de donner l’alerte ou déclencher des contre-mesures en cas d’agression. La gestion de l’énergie est un terrain de jeu complémentaire.

Selon Jürgen Altmann, les nanotechnologies peuvent permettre des avancées pour les sources d’énergies de forte puissance, avec des piles à combustible de quelques dizaines de kilowatts pour les véhicules, comme pour les sources d’énergie de faibles puissances (du microwatt à la centaine de watts), qui seraient destinées à rendre autonomes des systèmes portés par un fantassin, voire implantés dans son corps. Les techniques envisagées sont variées : énergie solaire, piles à combustible, chaleur du corps, glucose, etc.
Les matériaux énergétiques (explosifs, propulsion) ne sont pas en reste : il devient possible de réaliser des milieux dans lesquels les échanges d’énergie sont optimisés par des mélanges intimes de carburant et comburant, des puissances programmables, des molécules « sur mesure ». Altmann évoque toutefois des augmentations modestes des capacités énergétiques (moins d’un facteur deux). De la tenue intelligente au micromissile.

Selon Jürgen Altmann, toutes ces pistes n’aboutiront pas nécessairement à des systèmes utiles à des fins militaires, en particulier en raison des limitations en puissance, en mobilité, et en charge utile des microsystèmes. Mais les possibilités sont nombreuses et variées : tenues « intelligentes » capables d’interagir avec le corps du soldat, de changer d’apparence et offrant une perception accrue des agressions extérieures, une meilleure protection, voire quelques soins médicaux (compression de plaie, attelle en cas de fracture, injection de médicaments) ; munitions ou missiles plus petits à cause de l’allègement des structures et de la plus forte puissance des propulseurs mais surtout du fait de l’augmentation de la précision de la trajectoire qui permet de diminuer la charge explosive transportée ; véhicules plus légers, plus puissants et surtout autonomes qu’il soient terrestres, marins ou aériens (surveillance, logistique, attaque), etc.

Jürgen Altmann discute également l’impact que pourrait avoir l’amélioration des explosifs et des matériaux sur les armes nucléaires. Il avance la possibilité de réduire la masse de matériau fissile nécessaire mais ne pense pas que cela induirait un changement qualitatif de ce type d’armes. De même, l’impact que ces techniques pourraient avoir dans le domaine spatial ne paraît pas anecdotique. Altmann évoque en particulier la possibilité de réaliser des microsatellites d’une dizaine de grammes, éventuellement associés en essaims. Ils pourraient être mis en orbite par des fusées de taille modérée lancées à partir d’un avion. Ces satellites seraient capables de détection (il s’agit d’une extension du cas des capteurs discutés ci-dessus), pourraient inspecter ou réparer d’autres satellites, mais aussi constituer des armes anti-satellite.
Une deuxième catégorie de développements, plus spécifiquement militaires, rassemble des réalisations plus spéculatives et en tout cas de plus long terme (dix à vingt ans). Elles constituent souvent une rupture avec l’existant et posent des problèmes d’éthique, voire correspondent à des armes explicitement interdites par la Convention sur les armes chimiques et celle sur les armes biologiques .  « Amélioration » de l’humain, microrobots et hybrides animal-machine.

Des systèmes localisés dans le corps ou à sa surface pourraient à long terme donner de nouvelles possibilités au soldat. Des capteurs – actionneurs pourraient injecter, en fonction des circonstances, diverses substances capables d’augmenter la résistance du combattant aux agressions, de soigner voire de modifier son comportement. Des connexions entre des micromachines et le système nerveux pourraient augmenter la rapidité d’une action, voire implémenter de nouveaux sens par branchement de capteurs.

Altmann rapproche ces perspectives des recherches médicales actuelles destinées à guérir des lésions graves de la rétine ou de la moelle épinière.
Une troisième catégorie d’action consiste à améliorer les capacités mécaniques du corps par exemple en renforçant les os, les muscles ou en développant un exo squelette.
Jürgen Altmann discute la possibilité de réaliser des microrobots de taille inférieure à 5 millimètres voire submillimétriques. Il mentionne les difficultés techniques soulevées par un tel concept, notamment leurs limites en ce qui concerne l’énergie, les communications et les déplacements qui ne pourraient être que limités.

Sur ce dernier point, divers modes de déplacements pourraient être envisagés (flagelle, pattes, ondulations, vent…), mais aussi transport par des projectiles ou des véhicules plus gros. De tels robots serviraient avant tout à des opérations de surveillance, mais pourraient être aussi utilisés comme armes ou moyens de sabotage, soit en mode isolé soit en essaim.
Combiner du vivant avec des systèmes est une autre grande perspective. Une première approche consiste à équiper un petit animal (rat, insecte) d’un système de contrôle permettant de le « télécommander » voire d’augmenter ses capacités. Jürgen Altmann évoque ainsi les travaux de l’équipe de Sanjiv Talwar (Neural and Behavioral Science Program, State University of New York Downstate Medical Center) sur les « ratbots » publiés en mai 2002 dans la revue Nature .

De même, des morceaux d’organes sensoriels (souvent plus performants que les capteurs artificiels actuels) pourraient être implantés dans des microrobots. Altmann évoque avec raison le flou qui peut s’instaurer entre le vivant et le non-vivant dans un tel contexte.  Armes chimiques et biologiques

Jürgen Altmann discute la possibilité d’associer des toxiques chimiques ou des espèces pathogènes à des nanosystèmes capables par exemple d’assurer un stockage plus sûr de ces substances mais aussi de les transporter sur des cibles spécifiques, voire avec un certain degré de sélectivité.
Cependant les « armes ethniques » (qui viseraient des ethnies particulières ou leurs ressources) lui semblent actuellement peu plausibles.
Une dernière catégorie d’applications est, comme l’indique Jürgen Altmann, beaucoup plus spéculative. Elles sont associées à des capacités de manipulation de la matière à l’échelle atomique, rêvées par Eric Drexler dans les années 1980.

La littérature évoque la possibilité de réaliser un jour des nanorobots capables de réaliser certaines tâches en manipulant la matière à l’échelle moléculaire mais aussi de se répliquer à l’image du vivant. Ces « nanobots » pourraient être utilisés pour construire en un temps record des équipements militaires y compris nucléaires, et cela à partir de ressources variées disponibles par exemple dans le sol (minéraux, carbone,…).

DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE ?

Des systèmes de très petite taille doués de capacités proches de celles du vivant en terme d’autonomie, de possibilités de se reproduire, de perception de l’environnement, voire de calcul, ouvriraient la porte à de nombreuses armes d’un type nouveau. Elles ne remplaceraient pas les armes « classiques », qui se caractérisent en général par une grande libération d’énergie, mais agiraient en pénétrant dans le corps, en modifiant le métabolisme ou en causant des dégâts éventuellement mortels, en attaquant des infrastructures (abrasion, corrosion, courts-circuits), ou encore en détruisant les moyens de communication ou les systèmes informatiques.

Jürgen Altmann évoque des variantes sélectives agissant sur des cibles précises ou au contraire des versions destinées à la destruction massive. Très brièvement, Jürgen Altmann spécule sur la possibilité de stocker dans des systèmes de très petites tailles de l’antimatière produite par un accélérateur de particules. Des pièges minuscules permettraient de stabiliser des nuages d’anti-atomes en les faisant léviter à l’abri des collisions avec des atomes, ce qui aurait pour effet de les annihiler. Si l’on arrivait un jour à en piéger un nombre suffisant (un microgramme d’antimatière représente 44 kilogrammes de TNT), on pourrait réaliser par exemple des bombes ou des amorces pour des bombes thermonucléaires qui pourraient alors être miniaturisées.

Un texte qui interpelle, à n’en pas douter essentiel pour le dialogue international sur les nanotechnologies qui est en cours d’instauration.

Source: http://lelaboratoire.over-blog.com/article-7358605.html

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Faudra-t-il craindre les nanoarmements ?

La manipulation et l’organisation de la matière au niveau nanométrique (soit 10-9 mètre ou un milliardième de mètre), c’est-à-dire aux échelles moléculaire et atomique, augure de perspectives d’applications révolutionnaires, de même que de promesses de marchés financiers colossaux (la Commission européenne évoquant le chiffre de mille milliards d’euros). Les dimensions militaire et géopolitique de la révolution nanotique sont, pour leur part, les victimes d’un sous-investissement allant même jusqu’à reléguer l’approche des risques à l’arrière-plan des préoccupations politiques et citoyennes. Et pourtant. Si les bénéfices susceptibles d’être extraits des nanotechnologies apparaissent comme des gages d’assurance pour nos systèmes politico-militaires, c’est, toutefois, sans compter sur le fait que ces derniers évolueront dans un contexte géopolitique bien différent des équilibres internationaux actuellement connus.

Les promesses

Comme chaque révolution technologique, la vague nanotechnologique génère dans son sillage des perspectives d’applications nouvelles venant tantôt améliorer le rendement des systèmes d’armes existants, tantôt déboucher sur des équipements originaux. De grandes attentes sont nourries à l’endroit des propriétés énergétiques, résistives, furtives et adaptatives des matériaux (matériaux à mémoire de forme, à composants piézoélectriques, etc.).

On songera, à titre d’exemple, aux avantages à la fois logistiques et financiers (au travers de possibilités de réduction des frais d’entretien) qui pourraient découler du développement de véhicules militaires hautement résistants aux phénomènes de corrosion et capables de se confondre, sur demande, avec les caractéristiques topologiques environnantes, tout en s’adaptant aux conditions climatiques du théâtre d’opération.

Quant à la nanostructuration des propergols employés pour les aéronefs, missiles et lanceurs spatiaux, elle contribuerait à une extension de l’autonomie des systèmes poussant de la sorte les équipages humains aux limites de leurs capacités métaboliques ; faisant des solutions de plates-formes autonomes des alternatives indispensables en vue de tirer le plus grand profit des prouesses techniques ainsi réalisées.

Les dispositifs de surveillance et de détection profiteront, eux aussi, des avancées de ce secteur au travers, notamment, du déploiement envisagé d’une multitude d’essaims de nanocapteurs qui se révèleront les maillons indispensables d’un vaste réseau de méta-contrôle en temps réel à la fois stratégique (prévention des risques de crise et de conflit), social (contrôle de la criminalité) et environnemental (détection avancée des catastrophes naturelles).

Selon certains scénarios, ces instruments de surveillance et de recherche de nouvelle génération permettront, ensuite, à des nano-robots de parfaire des opérations ciblées. Une zone et sa population environnante s’avèrent volontairement contaminées par l’anthrax à la suite d’un acte terroriste ?
Il suffira à des agents nanométriques d’infiltrer ladite zone et de pénétrer l’enveloppe charnelle des individus pour réaliser une désinfection complète des lieux et de ses habitants et locataires. Il conviendra, cependant, de veiller aux risques environnementaux auxquels pourrait conduire une dispersion de particules nanométriques. On citera, également, les attentes pouvant être nourries par les militaires dans le domaine des armes autonomes ou dirigées à distance, laissant présager l’imminence de l’irruption d’une intelligence artificielle pour la prise de décision tactiques (les décisions de niveaux stratégiques et opératifs demeurant la prérogative de responsables humains). Il suffit, dès lors, d’imaginer l’impact que génèrerait l’introduction d’aéronefs de combat autonomes sur la conduite d’opérations militaires auparavant à dominante humaine.

Aux Etats-Unis, l’Air Force a récemment investi pas moins de 2 millions de dollars dans des activités de R&D, destinés à alimenter la conception, d’ici 10 à 15 ans, de bombardiers à long rayon d’action, autonomes. Et il est certain que, si le rythme des percées technologiques le permet, une intégration de composants électroniques moléculaires sera assurément envisagée par les ingénieurs. Enfin, les nanotechnologies pourraient conduire à une redéfinition des fondements de l’industrie de défense, en accroissant la rentabilité des chaînes de production mais en altérant aussi de façon dramatique la structure matérielle des équilibres stratégiques internationaux et la répartition des bassins d’emploi dans le monde.

La perspective de mise en œuvre de nano-usines moléculaires (molecular nano-factory) autonomes serait de nature à réduire à seulement quelques jours ou heures (au lieu de deux ou trois décennies) tout à la fois la conception, la confection et l’expérimentation de systèmes d’armes. Les nano-usines moléculaires réduiraient, selon certains prospecteurs, le coût de développement d’un système finalisé à celui d’un vulgaire prototype. L’édification d’un arsenal ne nécessiterait plus, donc, la possession de vastes installations, pas plus que l’alimentation des activités de fabrication en matières premières en grandes quantités.

Les risques

Janus à deux faces, le secteur des nanotechnologies est aussi de nature à générer, au-delà des problèmes d’ordre sanitaire, de graves questionnements sur des dérives éventuelles que l’on situera, tantôt, dans des perspectives d’emploi incontrôlées, tantôt au travers de conséquences géostratégiques mal anticipées. Ainsi, bien que les Etats-Unis et l’Europe constituent, aujourd’hui, les acteurs dominants de ce secteur de recherches, le haut degré de standardisation sur lequel déboucheront les nanotechnologies permettra, à terme, à tout Etat, voire à tout groupement infra- ou non-étatique (terroriste ou criminel) qui le désire, de disposer d’une panoplie de moyens militaires avancés et aisément reproductibles.

Cette situation sera de nature à réunir les conditions favorables à une nouvelle course aux armements dans laquelle chaque entité politique disposant d’une expertise développée ou acquise sur étagère dans ce domaine – fût-elle momentanée – cherchera à anticiper et à surclasser les moyens de son adversaire – supposé ou avéré. À une échelle globale, les nanotechnologies remettront en cause les fondements sur lesquels s’étaient établis jusqu’alors les équilibres militaires et géopolitiques de la planète.

Ceci est notamment vrai pour les équilibres nucléaires internationaux et régionaux. La dissuasion nucléaire classique repose sur deux présupposés essentiels qui en assurent la stabilité. Le premier suppose que la capacité de destruction totale du tissu socio-économique d’un adversaire appartienne uniquement aux quelques nations les plus technologiquement avancées. Le second élément revient à reconnaître qu’une destruction complète des forces militaires d’un adversaire constitue en soi un objectif impossible à atteindre.

La mise en œuvre de nano-armements nucléaires conduirait à l’obsolescence des éléments fondamentaux des susdits équilibres. Et ceci, de deux façons : tout d’abord, en offrant au plus grand nombre d’acteurs des moyens de destruction sans commune mesure avec les arsenaux existants, et dont l’une des principales propriétés serait de pouvoir se régénérer à l’infini ; ensuite, en conférant à ces mêmes protagonistes des capacités de résistance inégalées face à des risques d’attaque de toute provenance et de toute nature. Les nanotechnologies conduiraient, par conséquent, à relancer une course aux armements dans un monde où les armes nucléaires tendraient à s’établir uniquement comme des capacités d’emploi, et non plus seulement de dissuasion. Toute entité politique convaincue de sa suprématie provisoire en matière de R&D nano-militaire serait ainsi tentée de tirer parti de la conjecture et d’employer l’ensemble de ses forces contre ses adversaires désignés.

De nouveaux régimes de contrôle

Assurément, les différents régimes de limitation et de contrôle des arsenaux conventionnels, chimiques, biologiques et nucléaires, de même que les dispositions en matière de vérification qui y sont contenues, s’avèrent menacées d’obsolescence, tant que des mesures nouvelles, anticipant le rythme de la recherche militaire, ne sont pas imaginées et débattues préalablement. Car il nous faudra, en effet, imaginer des moyens de vérification nouveaux, capables de « traquer » les transferts de nanomatériaux qui, s’ils devaient être aujourd’hui au centre de mesures de surveillance dans l’état présent des techniques qui sont à notre disposition, échapperaient certainement à toute forme de contrôle possible.

Le paradoxe en la matière est que la limitation des risques de prolifération des nanotechnologies pourrait exiger de la part des autorités qui seront, demain, en charge de cette mission, de disposer de traceurs nanométriques avancés. Hors de question, donc, pour un Etat réservé quant aux conséquences sécuritaires et sanitaires des nanotechnologies, de refuser d’inscrire prioritairement sa base scientifique nationale dans ce segment de recherches. Les actions que poseront d’autres acteurs, bien moins scrupuleux, nous condamneront à agir préemptivement, en nous entraînant, selon les termes d’André Lebeau, dans « l’engrenage de la technique ».

Alain de Neve

SOURCE : Agoravox

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