Les substances cachées du quotidien: l’éponge
La face qui gratte de l’éponge
Elle est l’objet fort utile et indispensable pour briquer : j’ai nommé l’éponge. Au quotidien, elle nous sert à laver, récurer, astiquer. Et pour cela, elle a plus d’une corde à son arc : une face pour gratter, une autre pour essuyer ! Elle a plus d’un tour dans son sac et n’a pas fini de nous étonner. Mais, n’aurait-elle pas aussi une face cachée ?
Enquête :
L’éponge, ou l’indispensable objet du quotidien
Un nettoyage sans éponge, c’est un peu comme un arbre sans racine. Et pourtant, l’apparition de l’éponge remonte à peu de temps. Il faut attendre 1932, époque où on les fabriquait intégralement à partir de viscose.
Ce n’est qu’à partir des années 1960, qu’elles se modernisent, adoptant une face pour gratter (verte) et une face pour essuyer (jaune).
Depuis, l’éponge est l’objet par essence de la propreté et du lavage. Et sa structure poreuse n’y est pas étrangère. En effet, cette dernière lui confère une grande capacité d’absorption : environ 22 fois sa masse sèche.
Sa double face pour gratter et essuyer/absorber, en fait un objet idéal pour frotter, laver et sécher. Si cet objet astucieux fait partie intégrante du parfait équipement pour nettoyer, connaissons-nous vraiment tout sur lui ?
Les trois types d’éponges
L’éponge synthétique
Elle est en mousse de résine (dérivée du pétrole), jaune et souvent traitée avec des produits chimiques qui lui donnent sa couleur et son côté résistant.
Elle n’est pas biodégradable. Qui plus est, si elle est dotée d’une face abrasive, elle contient une colle capable de résister à l’eau qui aggrave son impact écologique.
L’éponge végétale
L’éponge végétale est fabriquée à base de viscose, issue de cellulose (pulpe de bois) et de coton.
Auxquels il faut également ajouter des particules de sel, qui sont à l’origine des trous caractéristiques des éponges. A noter que le tout est parfois traité contre les bactéries pour éviter la prolifération de petites bêtes.
L’éponge végétale est biodégradable, voire compostable si non traitée avec un additif suspect (cet élément n’est pas toujours indiqué) et si non utilisée avec des produits potentiellement toxiques ou non dégradables.
Si le fabriquant n’a pas apposé de garanties sur son produit, plusieurs risques : que le pulpe de bois et de produits chimiques potentiellement polluants voire toxiques aient été utilisés dans la fabrication de l’éponge. Ceci pour donner à l’objet sa couleur, son aspect ainsi que sa résistance.
L’éponge naturelle
Plutôt utilisée pour la toilette, et notamment des peaux sensibles : l’éponge naturelle est d’origine animale.
Il s’agit du squelette du dermosponge, vivant dans les mers chaudes tempérées. Par exemple, en Méditerranée, il est récolté depuis l’antiquité, sans que l’espèce ne semble en péril à ce jour.
Ainsi, il existe trois types d’éponges qui ont chacune leurs caractéristiques propres : modes de fabrication, recyclables ou non, avec une composition chimique ou pas. Avant d’atterrir dans notre évier, sur notre plan de travail ou dans notre douche, l’éponge connaît de multiples transformations avant de devenir le produit fini que nous connaissons.
L’éponge et l’environnement : ça gratte un peu
Bien souvent, sa production est énergivore et peu écologique. Si l’éponge est associée de fait à la propreté, ses modes de production eux, en revanche, sont pointés du doigt pour leur côté peu « durables ».
En effet, les impacts sur l’environnement ne sont pas très enthousiasmants : utilisation de ressources fossiles ou forestières, procédés de production énergivores et faible capacité de recyclage ou biodégradation en fin de vie.
Une production plus ou moins polluante
C’est le cas par exemple, pour le procédé de fabrication des abrasifs : une fois mélangés, nylon et polyester qui en forment la base, sont transformés en nappes qui sont ensuite chauffées.
Ces dernières passent alors dans des bains de grains, de liants ainsi que de colorants avant d’être à nouveau « cuites » puis assemblées à l’éponge. Ceci permet d’obtenir un effet plus ou moins grattant. Nul n’en doute, un procédé de fabrication très gourmand en énergie. L’éponge perdrait-elle donc la face ? Toutes les éponges sont-elles concernées ?
L’éponge – Sa face écolo et durable
C’est un fait : les éponges ou autres accessoires nettoyants devraient par essence être dans la capacité de rendre la planète plus propre, et non seulement notre maison.
Ainsi, il est nécessaire de faire un travail sur l’éponge, dont la fabrication et l’utilisation (non recyclable) ne sont pas toujours respectueuses de l’environnement. Parmi les différents types d’éponges cependant, il faut noter une préférence pour les éponges végétales à base de cellulose.
Pourquoi ?
Car la cellulose (glucide, principal constituant des végétaux et en particulier de la paroi de leurs cellules) est l’une des matières les plus abondantes sur Terre.
Elle constituerait plus de 50% de la biomasse et l’estimation tend à prouver que les végétaux permettraient d’en synthétiser 50 à 100 milliards. Ce qui laisse présager pour l’instant un risque peu élevé de pénurie.
- En plus, les éponges végétales sont biodégradables, un plus pour l’environnement. Cependant, une grosse attente est formulée : celle que les grandes marques produisant des éponges végétales le fassent à base de fibres de cellulose provenant de forêt durablement gérées (certification FSC, PEFC etc.).
- En attendant, à bannir : les éponges « combinées », avec abrasif intégré. Lorsqu’elles sont en fin de vie, elles se dégradent très difficilement en vertu de la colle utilisée pour souder les deux parties.
Les éponges en loofa
Une option encore plus écologique est de choisir les éponges en loofa.
Mais qu’est-ce donc ? Le loofa (ou loofah) est un fruit en forme de concombre, qui trouve ses origines en Asie. Cultivé en Amérique du Sud depuis des décennies, on utilise sa fibre pour créer des éponges exfoliantes à usages domestiques ou pour la toilette.
Cette plante de la famille des cucurbitacées est une véritable éponge végétale qui ne souffre ni d’ajout d’aide chimique dans sa culture ni dans sa récolte. Dense et non-uniforme, elle est idéale pour laver les plats en verre et les casseroles. Le seul bémol est qu’elle n’est pas aisée à trouver en dehors de sites internet spécialisés tel que tout Allant Vert ou Fraise des bois.
L’éponge et l’écologie peuvent faire bon ménage !
Le leader européen de l’éponge, Spontex, l’a bien compris.
Aujourd’hui, Spontex fort de ses 80 ans d’existence et par sa constante proposition d’innovation, a bien touché du doigt qu’il y avait là une carte à jouer. Intégrer dans sa production et dans le cycle de vie des produits qu’elle commercialise la notion de développement durable.
Ainsi, elle a mené en partenariat avec l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) une analyse du cycle de vie étudiant les impacts écologiques de l’éponge à chaque stade de la vie du produit.
Le résultat a montré que la production de l’abrasif était la plus impactante écologiquement.
Spontex travaille sur ces impacts et de propose des solutions durables pour ses produits. Elle a ainsi lancé « l’assoiffée », une éponge en coton 100% recyclé ainsi qu’une gamme nommée « it sponges », composée d’éponges fabriquées en cellulose extraite de pâte de bois 100% biodégrables, où fibres et cotons sont 100% recyclés.
A noter également que la gamme d’éponges « écolo » proposée par la marque ne cesse de s’étendre, notamment sur les 100% fibres recyclées.
La première éponge combinée
Et elle n’est pas la seule : le groupe 3M, qui commercialise des éponges sous la marque Scotch-Brite, a également progressé sur le domaine.
En 2009, la marque a développé la 1ère éponge combinée dont la partie grattante était composée de fibres naturelles (dérivés de déchets de plante).
En 2010, elle a proposé le 1er combiné en Fibres 100% recyclées. Depuis, la marque ne cesse de travailler sur le durable : elle a développé une éponge en fibres 100% recyclées qui ne raye pas et préserve les surfaces délicates.
Visiblement, la prise de conscience durable paraît s’inscrire sur le secteur de l’éponge. Mais d’autres, notamment aux Etats-Unis vont plus loin. En effet, la marque américaine Twist Sponges, produit des éponges composées à 100% de cellulose issue de forêts durablement gérées, biodégradables (sans teinture ni produit chimique) et conditionnées dans un emballage minimaliste et recyclable.
Or, pour l’instant, il semble qu’éliminer l’emballage plastique autour de l’éponge pose problème. Selon l’étude menée par Spontex et l’ADEME, les acheteurs préfèrent les éponges humidifiées aux éponges toutes sèches. Espérons que des solutions pourront être trouvées pour faire fi de ce problème et pour que les marques d’éponges sachent proposer des solutions de plus en plus écologiques et durables.
Les éponges – Repères
– Les français consomment 8 à 9 éponges par an. Ils sont les plus gros consommateurs d’éponges végétales en Europe : 3 éponges sur 4 vendues sont végétales.
– Les français ont l’habitude de prolonger la durée de vie des éponges jusqu’à leur extrême limite.
– En France, 74 millions d’éponges végétales sont consommées chaque année.
– Acheter séparément l’éponge et l’abrasif augmente leur durée de vie respective. Des études montrent que les éponges combinées ont une durée de vie réduite de moitié (soit 1,7 mois) par rapport aux éponges qui ne grattent pas.SOURCE : Consoglobe.com