ET POURTANT NOUS VOUS AIMONS. PARDON!
Avertissements
« Il n’y a dans ce texte ni auto-flagellation, ni culpabilité doloriste,mais un simple et terrible état des lieux de notre planète et de la situation que nous offrons à nos enfants, ainsi qu’une reconnaissance claire et de responsabilité. »MMP
« Je recommande ce texte aux adultes avertis et suggère de ne pas le mettre à la disposition d’enfants ou d’adolescents dont l’état émotionnel pourrait en être perturbé. » JH
Lettre ouverte aux Enfants de la Terre.
A vous qui êtes notre futur et notre fierté,
nous vous laissons un monde dément,
nous vous demandons pardon.
Pardon de vous laisser une terre ravagée par notre inconscience,
notre égoïsme et notre courte vue.
D’avoir pollué les mers, les fleuves, les montagnes.
D’empester chaque jour l’air de nos fumées nauséabondes.
De remplir vos sols de pesticides, de poisons violents et de déchets toxiques.
De l’avoir truffé de mines tueuses d’une lâcheté innommable.
De vous avoir privés pour toujours d’espèces merveilleuses, irremplaçables.
D’avoir massacré des animaux magnifiques et intelligents, dauphins,
baleines, phoques ou éléphants pour le simple plaisir de l’ivoire,
du cosmétique ou de la fourrure.
D’utiliser dans nos laboratoires des singes qui, comme nous,
peuvent communiquer, mentir, rire et dessiner.
D’avoir détruit des territoires entiers, saccagé des forêts primaires
et exterminé tant de vies animales si splendides et si précieuses.
De vous avoir fait perdre des paysages, des monuments végétaux,
des arbres pluri-centenaires, des coraux inestimables.
De vous laisser un climat bouleversé, avec des tempêtes, des inondations,
des sécheresses qui vous font mourir par milliers.
Pardon de vous priver de parole, de respect, de vos droits les plus élémentaires.
De méconnaître vos désirs et vos aspirations.
Pardon de vous laisser tomber dans notre échec scolaire
et de vous en imputer la responsabilité.
Pardon, en d’autres lieux, de vous priver d’école et de jeux.
De vous baigner d’informations sinistres, violentes
et de séries télévisées pleines de sadismes, de meurtres ou de perversité.
De vous montrer comme unique modèle social l’appât du gain, la concurrence,
le manque d’humanité et l’écrasement des plus faibles.
Pardon pour ce système économique qui vous oblige, dès cinq ans,
à travailler comme esclaves dans des fabriques de briques, dans des mines,
dans des usines à jouets ou dans des industries textiles pour nos achats inutiles. de vous violer sans vergogne, de vous priver d’enfance et d’insouciance,
de vous briser.
Pardon de vous offrir des cités de béton, sans âme, sans verdure et sans structures.
De vous laisser vivre sous la tente en plein hiver, dans d’immenses bidonvilles
ou des mégapoles dangereuses.
De vous laisser le chômage comme unique avenir.
Pardon de n’être pas capables de vous nourrir,
de vous obliger de ramasser nos poubelles
ou des os de poulet sur les marchés pour survivre.
De vous laisser la drogue et la colle comme unique réconfort.
Pardon de vouloir privatiser l’eau des nuages,
de vous priver de soins et d’aliments sains,
niant ainsi le droit de votre corps à se construire en bonne santé.
Pardon de vous laisser crever de froid et de faim sur les routes de l’exil,
de vous offrir la pluie de nos bombes
pour enrichir nos industries d’ armement et nos produits intérieurs bruts.
De tuer vos parents par racisme
ou pour de simples enjeux économiques.
D’avoir créé le terrorisme et de l’ utiliser comme prétexte bien pratique
pour partir encore en guerre afin de mettre la main sur vos richesses et vos territoires.
De ne pas respecter des frontières sécurisantes où vivre en paix.
De vous envoyer nos escadrons de la mort, juste pour nous amuser.
Pardon de jouer en bourse pour nous enrichir sans rien faire
et de détruire ainsi vos monnaies locales, vos économies et l’emploi de vos parents.Pardon de laisser aux mains des seuls pays riches les médicaments
qui vous sauveraient de la lèpre, du Sida, du paludisme ou de la tuberculose.
Pardon de vous laisser croupir dans de sordides orphelinats
au lieu de vous tendre des bras aimants et chaleureux où grandir sereinement.
Pardon, petites filles de la Terre, de vous obliger à jouer voilées,
de vous vendre, de vous marier de force, de vous exciser.
Pardon d’avoir détruit votre héritage culturel porté par d’anciennes civilisations,
qui recelaient tant de sagesse et de richesses, contre le règne uniforme du hamburger.
Pardon d’oser penser que nous sommes assez intelligents
pour rivaliser avec la Nature et de lâcher pour toujours des OGM,
des formes de vie démentes que nous ne pourrons contrôler.
Pardon de vous laisser nos poubelles nucléaires pour des milliers d’années.
De vous faire naître dans les faubourgs de Tchernobyl
avec des malformations irréversibles
et de vous laisser en cadeau maléfique des cancers radioactifs.
Nous vous devions la Vie, et nous vous offrons la Mort.
Pour tout cela,
pour vous avoir privé de l’avenir joyeux que vous étiez en droit d’avoir,
au nom de l’humanité adulte,
nous vous demandons pardon.
Nous sommes simplement fous, la civilisation que nous avons acceptée,
produite, encouragée, est profondément pathologique.
Vous aviez le droit de vivre en paix sur une planète superbe,
vous aviez le droit de devenir des êtres humains épanouis,
capables d’utiliser vos dons et toutes vos capacités,
vous aviez le droit, comme n’importe quel être vivant
de combler vos besoins fondamentaux.
Vous étiez faits pour le bonheur.
A tous ceux dont nous avons sciemment détruit l’avenir,
nous n’avons qu’une chose à offrir en réalité,
c’est notre pleine et entière responsabilité,
avec notre bêtise, notre totale inconséquence et notre manque de coeur.
Maintenant, vous, nos enfants, nos fils, nos filles,
vous avez le plus formidable des challenges qui se puisse relever :
celui de réparer nos erreurs et tous les dégâts que nous avons provoqués.
Celui de restaurer une Terre en bonne santé, riche et superbe,
de choisir enfin la Vie plutôt que les vaines chimères de la société de consommation,
de privilégier enfin l’entraide et la solidarité.
Celui d’établir partout, des droits justes et égalitaires,
de faire respecter le droit à une existence enrichissante pour tous :
de créer un système social planétaire respecteux de chaque être vivant.
Vous pouvez faire enfin de ce monde un monde meilleur :
ce ne sont ni les moyens, ni l’intelligence qui vous manquent.
Seule votre volonté le pourra.
Votre tâche est immense, gigantesque et pour survivre, vous devrez l’assumer.
Ne faites pas comme nous : ne baissez pas les bras d’impuissance.
Unissez-vous, utilisez votre fougue, votre énergie, votre jeunesse,
toutes vos forces vives à prendre soin,
mieux que nous avons su le faire,
de votre planète, de vos petits frères et de vos futurs enfants.
Que demain s’ouvrent enfin, grâce à vous, des lendemains qui chantent.
Marie Martin-Pécheux
27/11/2001
Mouvement Citerrien