AGIR : LE DOSSIER DES MONNAIES LOCALES

Pierre Jovanovic, grand cassandre de la finance, courageux éplucheur de la presse économique internationale nous promet depuis quelques années une crise financière sans précédent… Pour le moment, grâce aux tours de bonneteau des complices de la finance internationale, relayée par les médias qui leur appartiennent, les choses « semblent » garder une fragile stabilité.. Ce n’est pas la vision de la réalité de certains analystes étrangers, notamment pour la France..
Voir son article : http://fr.sott.net/article/16722-La-raison-pour-laquelle-Hollande-suit-Obama-en-Syrie

Parmi les alternatives proposées en dehors d’acheter de l’or, d’avoir une maison à la campagne avec un puits, un jardin et un générateur à pédale (je rigole) solutions qui ne sont pas accessibles à tout un chacun, il y a dans la liste des protections possibles, l’idée de la monnaie locale. Nous en avons déjà parlé ici.

Mais la monnaie locale, c’est quoi, à quoi ça sert, peut-on en créer une et comment ? Voici deux articles qui vont peut-être vous aider à y voir plus clair :

________________________________________________________________

(1)

À quoi servent les monnaies locales?

Le nombre de monnaies complémentaires locales explose en France.

Au coeur de la crise de 1929, la petite ville minière de Schwanenkirchen, en Bavière, met en circulation une monnaie locale, la Wära. Plus de 80 ans après, la crise de 2008 a remis au goût du jour les monnaies complémentaires.

« La crise a jeté l’opprobre sur le monde la finance et sur ses dérives« , explique Philippe Derruder, auteur de Les monnaies locales complémentaires: pourquoi, comment?. En France aujourd’hui, plus d’une vingtaine de monnaie locales sont en service et une trentaine serait en gestation.

1. Qu’est-ce qu’une monnaie locale?

Une monnaie locale est créée pour une zone géographique limitée. Elle sert d’unité de compte et de moyen de paiement au sein d’un espace de circulation déterminé. La monnaie locale n’a pas de « cours » et elle ne peut donc pas donner lieu à la spéculation. Dans la plupart des cas, elle est fondante. Cela signifie qu’elle se déprécie si elle n’est pas utilisée, rien ne sert donc de la conserver dans ses bas de laines.

2. Quel est son objectif?

L’objectif d’une monnaie locale est de circuler pour favoriser les échanges locaux. A rebours de la mondialisation, l’idée est que les revenus engendrés localement soient dépensés localement. Il s’agit aussi de replacer la monnaie au cœur de l’économie réelle en la dégageant de la sphère financière accusée d’alimenter une finance éloignée des intérêts citoyens.

« Il faut savoir que 97% des flux monétaires mondiaux sont utilisés pour la spéculation« , explique Phillipe Derruder. L’intérêt d’une monnaie locale est aussi de protéger les citoyens contre les aléas de l’économie en leur permettant de répondre à leurs besoins primaires quelque soit le contexte national.

« Mais ne voir que l’aspect économique est réducteur, une monnaie complémentaire porte l’espoir d’un changement social« , précise ce spécialiste de la question. En fonctionnant à petite échelle, elle dynamise l’économie locale et permet d’avoir une consommation raisonnée. Chacun sait où va l’argent déboursé pour un produit ou un service. D’ailleurs, certaines monnaies locales favorisent les produits éthiques et intègrent une démarche solidaire. Enfin, l’ambition est de créer du lien social en développant un système d’échange commun.

3. Quel est le cadre légal des monnaies locales?

Les monnaies locales sont régies par le Code monétaire et financier, mais elles ont différentes caractéristiques. Elles ne fonctionnent qu’auprès de personnes déterminées, dans un réseau identifiable. Chaque unité de monnaie délivrée doit être adossée à l’euro, « cela permet d’instaurer un climat de confiance en offrant une garantie aux utilisateurs« , explique Philippe Derruder.

Pour obtenir des billets locaux, il faut changer des euros auprès d’un comptoir. Ces derniers sont dans la plupart des cas, placés sur un compte à la NEF, une société coopérative de finance solidaire. Souvent, il y a un bonus lors de l’échange. Par exemple, à Toulouse lorsque vous échangez 20 euros, vous obtenez 21 sols. Mais dans les magasins une sol équivaut à un euro. Cela permet d’augmenter le pouvoir d’achat.

4. Quelles en sont les limites?

Le risque est que ce type de monnaie reste « utilisé par une poignée de militants déjà convaincus par une économie alternative« , détaille Philippe Derruder. Malgré tout, ce partisan d’une économie plus responsable reste optimiste « ce type de système parallèle possède un vrai potentiel et n’en est en France qu’à ses débuts. »

L’autre danger est que cet attrait soudain pour les monnaies locales « ne réponde qu’au contexte de crise et qu’il retombe comme un soufflet« . Si les monnaies locales ne sont utilisées que comme rustine, « elles perdent leur dimension sociale et éthique« , déplore Philippe Derruder.

5. Une monnaie locale peut-elle détrôner l’euro?

Aucun risque. Une monnaie locale ne concurrence pas une monnaie nationale ou supranationale. En tant que monnaie complémentaire, elle fonctionne en parallèle. De fait, elle n’impacte pas l’économie globale. Malgré tout, « L’explosion de ce phénomène, vu d’un œil bienveillant dans un premier temps, suscite de plus en plus d’interrogations au sein des institutions financières. Ainsi, la Banque de France a lancé une enquête afin de mieux mesurer le phénomène », explique Philippe Derruder.

Carte des monnaies locales sur : www. Monnaie-locale-complementaire.net
————————————————————————————-
(2)
FICHE PRATIQUE DES COLIBRIS

Créer une monnaie locale

Vous avez peut-être déjà vu un client échanger avec un commerçant de drôles de billets. Il s’agissait certainement d’une monnaie locale, c’est-à-dire d’une monnaie non soutenue par un gouvernement national et destinée à être échangée dans une zone restreinte. Les monnaies de ce type sont également appelées monnaies complémentaires. Elles prennent de nombreuses formes, aussi bien matérielles que virtuelles.

Qu’est-ce qu’une monnaie locale ?

Face à la désertification des petits commerces, à la délocalisation, au chômage, ou encore à la perte de liens sociaux, la monnaie peut-être un moyen de se réapproprier l’économie et de la rendre plus humaine. En effet, la monnaie locale permet de construire et de préserver l’intégrité d’un territoire et de s’ouvrir aux autres en échangeant ses richesses sans se mettre en danger. Le but n’est pas de concurrencer la monnaie nationale mais de créer une monnaie complémentaire qui puisse pallier les déficiences du système monétaire actuel devenu incontrôlable, en ces temps de crises économiques.

Ainsi, une fois la monnaie mise en place, les particuliers peuvent acheter des bons d’achat en monnaie locale (1€ = 1 unité de monnaie locale). Ces bons sont acceptés par les professionnels adhérents. Les euros convertis en monnaie locale constituent un fonds de garantie placé dans une banque éthique pour soutenir des projets s’inscrivant dans l’esprit de la charte. Ainsi, l’économie locale est dynamisée, les liens sociaux retissés et l’évolution de conscience favorisée.

En quoi cela peut transformer notre territoire ?

Modèle actuel Modèle proposé
Désertification des petits commerces Dynamiser les échanges locaux
Délocalisation de l’économie Maintenir l’économie sur le territoire & avoir du pouvoir sur l’économie locale
Chômage Créer de nouveaux emplois
Pollution due au transport long des denrées Réduire l’impact écologique
Perte de liens sociaux Favoriser les échanges entre citoyens

 

Créer une monnaie locale dans votre ville ou village vous permet de :

  • Dynamiser les échanges locaux et l’économie locale car la validité de la monnaie est limitée à un territoire, au service de la force économique locale (petits commerces de proximité, producteurs locaux, etc.).
  • Nous savons bien que, si les monnaies complémentaires représentent une chance locale, elles sont aussi une voie de sécurisation de l’économie mondiale, ne serait que par l’effet d’amortissement progressif des variations. Bernard Lietaer, à cet égard nous dit que « la résilience d’un système- quel qu’il soit- est d’autant plus grande  que ce système est pluriel et à forte inter connectivité »
  • Maintenir les emplois dans le territoire et d’en créer de nouveaux car en encourageant la consommation locale vous relancez l’économie locale, et par conséquent, évitez la délocalisation et augmentez la capacité aux commerçants et producteurs d’embaucher.
  • Favoriser les échanges entre citoyens car la monnaie est un symbole identitaire fort. Ainsi, le fait de se retrouver autour d’un système d’échange commun crée de la cohésion et favorise les liens sociaux.
  • Réduire l’impact écologique car la création d’une monnaie encourage les producteurs locaux, et par conséquent les circuits courts. Ainsi, vous réduisez les transports des produits et minimisez les changements climatiques.

Comment créer une monnaie locale ?

1.  Constituer le noyau des fondateurs, en veillant à avoir dans le groupe au moins un professionnel dans un secteur d’activité répondant à des besoins courants, afin de pouvoir offrir dès le départ un lieu où le paiement en monnaie locale est accepté (Une coop bio, une Amap, par exemple).

2. Rédiger la charte : elle précise le but et l’esprit du réseau. Elle doit être simple et courte pour être facilement mémorisée.

3. Définir le cadre légal : la monnaie doit circuler entre acteurs prêts à  incarner les valeurs et objectifs de la charte. Ils doivent donc être adhérents d’un groupe identifiable. L’association ou la coopérative sont à priori les cadres les mieux adaptés.

4. Définir le fonctionnement de la monnaie :

  • Conditions d’achat, de reconversion en monnaie nationale pour les professionnels.
  • Adoption ou non du principe de fonte et si oui définition des périodicités et modicités.
  • Désignation / création de l’organe d’émission et gestion de la monnaie locale.
  • Choix du nom de la monnaie.
  • Définition des coupures et de leur illustration.
  • Fabrication et prévention contre la fraude.
  • Mise en perspective d’évolution avec le temps.
  • Modalités du placement du fonds de garanti.

5. Définition et organisation des éventuels fonds d’aide à des projets de développement local ou autre prévu dans le projet.

6. Préparer la communication : créer une plaquette d’information simple et conviviale.

7. Définir l’action de promotion pour le lancement de l’opération.

Quelles sont les structures qui peuvent vous aider ?

Agir pour le Vivant

L’association Agir pour le Vivant, qui oriente la réflexion et les actions des professionnels, a créé en janvier 2010 une monnaie locale complémentaire, « L’Abeille »
http://agirpourlevivant.org/

TransverSel

C’est un site de soutien à la création de monnaies locales
http://transversel.org

Villes en transition

http://villesentransition.net/

Ekopédia

http://fr.ekopedia.org/Comment_créer_une_monnaie_locale

  • « Monnaies régionales. De nouvelles voies vers une prospérité durable », Lietaer Bernard et Kennedy Margrit, Editions Charles Léopold Mayer, 2008
  • « L’avenir de la monnaie », Lietaer Bernard, Random House, 2001.

Ils l’ont fait !

« La création de la monnaie occitane a clairement permis de dynamiser les échanges locaux et donc le commerce de proximité, dans la mesure où l’Occitan n’est valable qu’à Pézenas. Après environ un an d’existence, il y a une cinquantaine de commerçants Piscénois (les habitants de Pézenas) qui font partie de l’opération, sur une centaine de commerçants au total dans le centre-ville. »

Jean-François Marquès, président de l’association Tat qui regroupe les utilisateurs de la monnaie Occitan sur Pézenas.

« J’avais suivi l’expérience de la monnaie SOL et j’ai voulu mettre en place la même chose en Ardèche. Mais je n’ai pas eu de soutien de la part des élus, alors je me suis lancée dans une expérience indépendante. C’est parti d’une volonté de faire autrement, de valoriser le temps d’une autre façon que par l’argent, de dynamiser l’économie locale et de redonner à la monnaie sa fonction première, celle de l’échange. Pour pouvoir utiliser « La Luciole », il faut être adhérent de l’association, qu’on soit prestataires ou consommateurs. Ainsi, les adhérents échangent auprès de l’association des euros contre des lucioles. Et nous, nous plaçons les euros à LA NEF.
En un mois nous avons réussit à avoir 15 prestataires. Les gens sont sensibles à ces questions et sont curieux de voir des initiatives alternatives. Une amie m’a raconté que ça avait provoqué des échanges conviviaux dans une boutique un jour où elle payait en lucioles.Il faut avant tout avoir la foi et avoir conscience que des petits actes peuvent avoir un impact important. Il faut être très patient, parce qu’entre l’idée et la mise en place effective de la monnaie, ça peut prendre beaucoup de temps. Et puis, il y a une question qui me semble centrale, celle du sens qu’ont nos euros dans notre compte en banque, lorsqu’on sait que la grande majorité est virtuelle. Il faut toujours garder cela à l’esprit. »Interview de Marie-Christine Baudin, co-fondatrice de la monnaie locale « La Luciole« 
SOURCE : colibris-lemouvement.org

Commentaires sont clos