550 sites sont pollués aux PCB en France

La carte des rivières polluées en avril 2013.
Ils sont 550. Soit 113 de plus qu’en juillet 2011. L’association Robin des bois vient de réactualiser son atlas des sites terrestres pollués aux PCB. Et les points rouges essaiment la carte de France. S’ils sont interdits depuis 1987, les polychlorobiphényles, plus connus sous le nom de pyralènes, n’en demeurent pas moins persistants dans les écosystèmes. Pire, ils s’insinuent dans les sols, se propagent dans l’atmosphère et s’accumulent dans les sédiments marins et de rivières. « Nous étions conscients que les PCB existaient partout. Cela nous a été confirmé par le fait que quasiment tous les bassins de pêche étaient touchés », souligne Christine Bossard, porte-parole de Robin des bois.
En témoigne la carte des rivières polluées. Finie la sortie dominicale, les arrêtés d’interdiction de pêche touchent de plus en plus de cours d’eau, tout comme les recommandations de ne pas consommer certaines voire toutes les espèces. La pêche à la sardine est ainsi interdite en baie de Seine depuis 2010. Très peu solubles dans l’eau, le caractère lipophile des PCB en fait des adeptes des corps gras. Saumon, anguille, brème ou encore silures font partie des poissons les plus contaminés à ces composés chimiques dangereux.

Chez l’enfant exposé in utero, une exposition chronique peut notamment provoquer des troubles neurocomportementaux et, chez l’adulte, perturber le système endocrinien. C’est pourquoi la vente des aliments présentant une teneur supérieure aux limites fixées par les pouvoirs publics est interdite en France, insiste l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments).

UN PLAN D’ACTIONS NATIONAL

Mais ils ne se limitent pas à interdire la pêche ou la consommation des produits déjà contaminés. Un plan national d’actions a été mis en place, début 2008, par les ministres chargés de la santé, de l’agriculture et de la pêche, et de l’écologie. Parmi ses missions : la gestion de la pollution aquatique, le contrôle des poissons destinés à la consommation ou encore la prévention du risque sanitaire. Une vigilance accrue qui explique également la hausse du nombre de sites contaminés sur l’atlas.

La recherche des causes de la pollution a ainsi conduit à une première étape importante : l’élimination des appareils contenant le plus de PCB, comme les transformateurs. Début avril 2012, la seconde phase de décontamination a été lancée par la ministre de l’Ecologie. Delphine Batho a signé un décret prévoyant l’élimination d’ici à 2025 de près de 500 000 appareils contenant du PCB.

« Mais cela ne concerne que la moitié de la production de PCB, selon Christine Bossard. L’autre moitié a été utilisée dans des peintures, des joints, des encres d’imprimerie… Ce qui explique qu’on les retrouve aux quatre coins de la France. »

Pour l’association, le travail de dépollution ne fait donc que commencer. Diagnostiquer tous les sites pollués, interdire les rejets en mer de sédiments de dragage, être plus vigilants sur l’épandage des boues de stations d’épuration sur les champs ainsi que les brûlages agricoles et les incendies de sites qui exportent la pollution au PCB dans l’atmosphère… Les efforts à faire sont encore nombreux pour que la vie soit un long fleuve tranquille. Et propre.

Lucie Soullier pour Le Monde/Planète