Scandaleux : Des parlementaires défendent l’exploitation « maîtrisée » du gaz de schiste

Notez bien les noms de ces élus, et souvenez-vous en au moment des élections !

PARIS (AFP) – Des parlementaires ont jeté jeudi un pavé dans la mare sur l’épineux dossier du gaz de schiste, avec un rapport favorable à une exploration et une exploitation « maîtrisées » de cette ressource énergétique qui divise, perspective pourtant rejetée par le gouvernement.

« La fracturation hydraulique reste la technique la plus efficace et la mieux maîtrisée pour extraire les hydrocarbures non conventionnels, et (…) des solutions existent pour le faire avec un impact acceptable sur l’environnement, à condition de respecter quelques règles », écrivent le député PS Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir, co-rapporteurs de ce texte.

Ils avaient été chargés en début d’année d’étudier les « techniques alternatives » à la fracturation hydraulique par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), organisme qui rassemble des élus de tous bords.

Leur rapport d’étape, présenté jeudi, avance que la fracturation hydraulique aurait déjà été utilisée en France « à au moins 45 reprises » entre les années 1980 et l’interdiction de 2011, « sans qu’aucun dommage n’ait été signalé ».

Ils estiment également que « la France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre ».

Partant de ce diagnostic, les deux élus ont émis des recommandations visant à évaluer les ressources françaises en gaz et en pétrole de schiste, via d’éventuels forages expérimentaux faisant appel à la fracturation hydraulique, ou qui pourraient également servir à tester des techniques alternatives.

Parmi leurs autres pistes, ils proposent d’utiliser les retombées éventuelles de ces hydrocarbures non conventionnels pour financer la transition énergétique prônée par le gouvernement, et d’incitations localement à exploiter ces ressources en partageant ces retombées avec les collectivités et les propriétaires des terrains concernés.

Tir nourri de critiques

Toutes ces propositions jurent avec la position de la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, opposée à toute exploitation de cette forme d’énergie fossile.

Lors d’un débat radio-télévisé mercredi avec la dirigeante patronale Laurence Parisot, qui a dit voir dans le gaz de schiste une possibilité pour « relancer l’économie » française, Mme Batho avait réaffirmé que son exploitation comme aux Etats-Unis « n’est ni possible ni souhaitable » en France, et prôné à la place des investissements massifs « dans les économies d’énergies et les énergies renouvelables ».

Tout en réaffirmant l’interdiction de la fracturation hydraulique, le président de la République François Hollande avait quant à lui dit fin 2012 qu’il « prendr(ait) ses responsabilités » si une nouvelle technique respectueuse de l’environnement apparaissait, suscitant des inquiétudes chez les écologistes.

Ce rapport parlementaire a déclenché avant même sa publication un tir nourri de critiques d’opposants à l’extraction du gaz de schiste, quelles que soient les techniques utilisées.

Des collectifs régionaux d’ONG ont dénoncé une approche « qui vise à réduire le débat public à la dimension strictement technique » des hydrocarbures non conventionnels, alors que « leur exploitation accélère dramatiquement le réchauffement climatique ».

« Il est absolument irresponsable, de la part des décideurs parlementaires de notre pays d’envisager de poursuivre dans la voie de ce qui a déjà démontré ses failles dans les pays qui ont expérimenté la fracturation », a dénoncé quant à elle Elisabelle Bourgue, présidente de l’association No Fracking France, évoquant une situation similaire à « celle qui a précédé le scandale de l’amiante ».

« Combien de contaminations, de pollutions, de malades et de morts devront être recensés pour que les décisions soient prises en faveur de l’intérêt général, de la santé des populations, des animaux et de la préservation de la ressource en eau et de l’environnement », s’est-elle insurgée.

Source : le Nouvel Obs

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