Nucléaire: du MOX radioactif pour le Japon en attente à Cherbourg

Du MOX, combustible très radioactif et controversé contenant du plutonium, est depuis mercredi matin à Cherbourg, en attente d’un départ dans la journée pour le Japon, après un convoi terrestre sous haute surveillance depuis l’usine Areva de Beaumont-Hague.

 

2399416_des-gendarmes-surveillent-l-entree-de-l-usine-areva-a-cherbourg-le-16-avril-2013afp.com/Charly Triballeau

 

Arborant des pancartes « Stop plutonium », une trentaine de militants de Greenpeace ont déclenché une sirène le long d’une route au passage du convoi peu avant son arrivée sur le port. Une trentaine de CRS s’étaient peu avant positionnés entre les militants et la route, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les trois camions de MOX étaient escortés par des dizaines de fourgonnettes de force de l’ordre. Ils se sont positionnés non loin des bateaux spécialisés, à quai, qui doivent assurer le transport maritime, le Pacific Heron et Pacific Egret de la compagnie britannique PNTL.

Le chargement devrait démarrer dans la matinée, selon Areva qui n’a pas voulu préciser les quantités de MOX. Selon Greenpeace, un peu plus de 10 tonnes de combustible MOX soit 650 à 800 kg de plutonium, « le plus grand radiotoxique du monde » qui peut servir à fabriquer des bombes.

Selon le groupe nucléaire Areva, le MOX est un combustible qui permet de « recycler » le plutonium produit lors de l’irradiation de combustibles classiques (composées uniquement d’uranium) dans les centrales nucléaires. Et il est selon elle « quasi impossible » de fabriquer une bombe avec son plutonium.

Un transport sous haute-surveillance

Le combustible voyage dans des emballages « d’une grande robustesse (chaque emballage pèse 98 tonnes à vide pour 10 tonnes de matière transportée) », a souligné Areva.

Selon Greenpeace, les bateaux sont équipés chacun de deux canons 30 mm, et une trentaine d’hommes en tout d’une force spéciale britannique seront chargés d’assurer leur sécurité. Et les Etats-Unis suivent également discrètement le transport puisque les matières fissiles japonaises sont sous leur contrôle.

Le convoi maritime doit durer environ 65 jours, selon Greenpeace. D’après une source proche des forces de l’ordre, plus d’un millier d’hommes étaient mobilisés le parcours terrestre.

Du côté des anti-nucléaire, un collectif connu pour avoir fortement perturbé un convoi de déchets nucléaires allemand en 2011 avait un temps menacé de bloquer le convoi avant d’annoncer mardi qu’il ne le ferait pas. Et la justice a, sur requête d’Areva, interdit à quiconque d’approcher du convoi sous peine d’une sanction de 75.000 euros.

Lundi matin, huit à dix personnes ont été mises en fuite après s’être introduites sur la zone du port, interdite au public, où le MOX doit être chargé.

Premier convoi depuis Fukushima

Ce premier convoi de MOX vers le Japon depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011 est vivement critiqué par Greenpeace, Sortir du nucléaire et Europe Ecologie les Verts qui en ont demandé l’annulation. Il était initialement programmé en 2011 mais avait été « reporté » en raison de la catastrophe de Fukushima.

Il s’agit du 5e convoi de MOX vers le Japon, le premier ayant eu lieu en 1999. Selon Greenpeace, les quantités sont nettement moindre que par le passé.

« Cette expédition est une manière grossière et autoritaire pour la France de dire au Japon: ‘redémarrez vos centrales nucléaires!' », a estimé Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie pour Greenpeace.

« Il serait naïf et présomptueux de croire que la France peut contraindre le Japon à réaliser un transport de ce type », a déclaré Julien Duperray, porte-parole d’Areva lors d’une conférence de presse dans la nuit à Cherbourg.

La cargaison est destinée à la centrale de Takahama, selon Kansai Electric, client de cette cargaison. Greenpeace affirme que la centrale ne va pas redémarrer avant mars 2015. Seuls deux des 50 réacteurs japonais sont actuellement exploités mais le gouvernement libéral démocrate (droite), au pouvoir depuis décembre, est revenu sur la promesse de son prédécesseur de centre gauche de sortir du nucléaire.

Les opposants au transport soulignent en outre que celui-ci intervient au moment où la Corée du nord menace les Etats-Unis de guerre nucléaire et où le Japon a installé des missiles en plein coeur de Tokyo pour intercepter un éventuel missile nord-coréen.

Avec via l’express


 

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