PILLAGE : LES INDIENS HOPIS DEMANDENT L’ANNULATION D’UNE VENTE DE MASQUES SACRES

La vente qui fâche les Indiens Hopis:

Un ensemble rare de 70 masques hopis sera dispersé aux enchères le 12 avril à Paris, au grand dam de cette tribu amérindienne d’Arizona, pour qui ces objets revêtent une valeur sacrée.

 

Pour les Indiens Hopis, la vente des masques religieux constitue une offense aux « esprits amis ».  Photo AFP

Pour les Indiens Hopis, la vente des masques religieux constitue une offense aux « esprits amis ». Photo AFP

 

 

La danse des enchères risque de ne pas plaire à tout le monde. Le 12 avril, une sélection de masques cérémoniels hopis aura lieu à l’Hôtel Drouot, à Paris. Cette tribu amérindienne Hopi (qui compte 18 000 membres) soutenue par deux musées de l’Arizona aux Etats-Unis, a tout simplement réclamé l’annulation de cette dispersion d’objets « Katsinam » représentant des esprits amis. Portés par des danseurs Hopis lors de cérémonies religieuses interdites généralement aux blancs, ces objets, dont la plupart datent du XIXe siècle, sont considérés comme des êtres vivants et leur exposition, dans un catalogue et sur internet, constitue « une offense profonde, un sacrilège », a considéré le directeur du Museum of Northern Arizona, Robert Bruenig, dans une lettre ouverte publiée sur la page Facebook du musée. Le musée Heard de Phoenix souligne que la vente a provoqué « une profonde inquiétude » au sein de son personnel amérindien.

Le mois dernier, le directeur du bureau de préservation de la culture Hopi, Leigh Kuwanwisiwma, avait demandé à la maison d’enchères d’annuler la vente et d’entamer « des discussions respectueuses pour leur retour dans la tribu » Hopi.

La maison d’enchères Néret-Minet Tessier & Sarrou a annoncé qu’elle entendait maintenir la vente car « ces masques ont été acquis de manière tout à fait légale par un grand collectionneur français » qui a vécu plus de trente ans aux Etats-Unis.

« Pas de fondement juridique »

« Invoqué par les deux musées et la tribu Hopi, le patrimoine culturel Hopi comme détenteur du droit de propriété n’a pas de fondement juridique en droit français », a estimé la maison de vente. L’ambassade des Etats-Unis en France a adressé jeudi un courriel à la maison d’enchères pour l’informer que des représentants du peuple Hopi lui avaient demandé son aide en vue d’établir un contact direct pour discuter de cette vente. L’ambassade a prié la société de ventes d’entrer en contact avec un représentant du peuple Hopi.

Estimée entre 600 000 et 800 000 euros, cette collection a été réunie par un Français qui travaillait pour l’industrie cinématographique sur la côte ouest des Etats-Unis. Il a acheté petit à petit dans des galeries, et aux enchères, prenant soin des objets qui sont souvent fragiles car ils sont faits de plumes, de feuilles, de cuir. Le collectionneur, désormais âgé, dont la famille n’a pas d’intérêt particulier pour ces objets, a décidé de les vendre.

SOURCE : LE REPUBLICAIN LORRAIN

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