Pourquoi l’euro est condamné

REUTERS/Susana Vera

Au début, c’était seulement la crise de la dette grecque. Puis les marchés ont réalisé que le Portugal, l’Irlande, l’Italie et l’Espagne étaient aussi dans une situation périlleuse. Les PIIGS (cochons en anglais) et acronyme pour Portugal, Italy, Irland, Greece et Spain étaient nés. Mais maintenant Chypre et la Slovénie viennent s’ajouter à la liste. Une crise sans fin.

«La crise de l’euro vient d’entrer dans sa quatrième année, souligne le magazine américain The Atlantic, et désolé le monde, cela ne sera pas la dernière». The Atlantic explique que l’eurozone n’a pas l’union fiscale et bancaire nécessaire pour faire qu’une union monétaire fonctionne et n’est pas prête d’y parvenir. «Les défauts permanents de l’euro continuent à plonger des pays dans la crise… Très récemment Chypre a été contraint d’accepter un plan de sauvetage parce que ses banques, trop grosses pour ne pas être sauvées, ont pris d’effroyables paris sur les obligations grecques. La Slovénie semble être le prochain pays dans le tour d’Europe des plans de sauvetage». Dans un article publié la semaine dernière, le Washington Post explique que les banques slovènes sont dans une situation intenable après avoir elles-aussi accumulées les risques.

Les banques prennent parfois des risques inconsidérés, c’est dans leur nature, mais «ces risques bancaires peuvent mettre un pays en faillite s’il ne possède pas sa propre banque centrale (pour refinancer ces banques), ce qui est le cas de tous les pays de la zone euro». Une spirale diabolique où les dettes bancaires font exploser les dettes souveraines des Etats contraints de sauver les banques qui à leur tour mettent à mal les bilans des banques qui sont massivement constitués d’obligations d’Etat. Mais ce n’est pas le seul problème de la monnaie unique.

Pour The Atlantic, la monnaie unique a quatre autres sérieux défauts qui s’ils ne sont pas corrigés la détruiront.

1. Trop peu de création monétaire

L’eurozone n’est pas ce que les économistes appellent une zone monétaire optimale. La Banque Centrale Européenne (BCE) a une seule politique monétaire pour 17 pays qui traversent des conjonctures très différentes. Ainsi, les salaires s’effondrent aujourd’hui dans le sud et progressent normalement voire rapidement au nord. Et la Banque Centrale Européenne préfère la récession au sud au moindre risque d’inflation au nord.

2. Des budgets trop contraints

L’austérité généralisée est un désastre explique le prix Nobel d’économie et chroniqueur du New York Times Paul Krugman. Elle accroît le poids de la dette des Etats du sud car elle réduit en fait plus rapidement la croissance que le coût de la dette. «L’euro est devenu un pacte de suicide par l’austérité» écrit The Atlantic

3. Trop peu d’échanges commerciaux hors de la zone

Si on exclut l’Allemagne, un peu plus de la moitié du commerce extérieur des pays de la zone euro est réalisé à l’intérieur de la zone. Avec les pays du sud plongeant dans la dépression et ceux du nord dans la récession, les pays de la zone euro s’achètent de moins en moins de produits les uns les autres. Le commerce intraeuropéen est incapable de sortir les pays de la zone euro de la dépression. Ils doivent attendre leur salut d’une demande hypothétique venue d’Asie ou d’Amérique.

4. Trop d’interconnexions financières

Les problèmes des autres pays deviennent rapidement les votres si vos banques détiennent beaucoup de leurs obligations. C’est pour cela que Chypre s’est effondré après que ses banques aient acheté massivement en 2010 de la dette grecque qui ne vaut presque plus rien. Le Financial Times a publié une infographie saisissante qui montre que toute restructuration de la dette italienne serait une très très mauvaise nouvelle pour les banques françaises et donc au final pour l’Etat français.

The Atlantic conclut que l’euro est condamné si l’Europe du nord n’en fait pas assez pour contrebalancer la destruction de la demande dans l’Europe du sud. «Un effondrement au ralenti qui transforme des prêts qui auraient été solvables en pertes, qui contraignent à des sauvetages en chaîne et accélèrent les effondrements bancaires… Cela crée des dépressions sans fin».

Photo: REUTERS/Susana Vera

Source : Slate.fr

 

 

 

 

 

 

Commentaires sont clos