Les nouvelles technologies façonnent un marché du travail à deux vitesses

 

Alors que la France est dans une phase de croissance molle ou quasi-nulle, deux visions économiques s’affrontent. Pour l’une, celle du gouvernement français notamment, le retour de la compétitivité ramènera la croissance, qui ramènera le plus important: l’emploi.

Christopher Mims, qui publie un article sur Quartz, serait sans doute en désaccord avec ce schéma. Car c’est oublier que les gains de productivité conquis par l’homme grâce à la machine ont eu un effet pervers: le remplacement du travail manuel humain par des machines. Or selon Christopher Mims, les travailleurs des services pourraient connaître le même sort que celui des ouvriers de l’industrie: être remplacés par des automates, en l’occurrence des logiciels.

Les travailleurs routiniers de l’économie tertiaire («routine cognitive jobs») risquent d’être les grands perdants de la transformation. Alors que 60% des emplois américains sont liés au traitement de l’information, que plus d’un million de secrétaires ont été remplacées par des services en ligne entre 2001 et 2010 (calendrier, agences de voyage, etc.), c’est une énorme masse de travailleurs aux niveaux de diplôme intermédiaires qui est menacée par le progrès technologique.

Car pour les travailleurs les plus compétents et les plus diplômés, ces changements technologiques sont au contraire une aubaine. Ils renforcent la productivité et augmentent la valeur du travail de tous ceux qui ont une maîtrise et une vision globale de leur environnement de travail: les créatifs, les ingénieurs, les chercheurs, les responsables marketing…

C’est le principe du winner takes all, ou comme l’écrit l’auteur de Race Against the machine, Erik Brynjolfsson, le biais de compétence du changement technologique. Si vous êtes super diplômé, vous en profitez. Si vous faites partie des travailleurs de routine de l’économie de la connaissance… Au revoir. Ou alors, si vous restez dans la course, ce sera l’enfer. Exemple dans le Financial Times avec les entrepôts Amazon, où les ordinateurs indiquent non seulement à l’employé où aller chercher les produits à envoyer, mais le parcours optimal à emprunter pour s’y rendre!

Ce qui fait dire à l’investisseur de la Silicon Valley Marc Andreessen, sur ABC News, que le marché du travail va se scinder en deux parties:

«Les gens qui donnent des ordres aux ordinateurs, et ceux à qui les ordinateurs donnent des ordres.»

Cette réalité est très inconfortable, écrivait en décembre 2012 l’économiste Paul Krugman sur son blog du New York Times.

A quoi bon élever le niveau moyen d’éducation, si seules les élites intellectuelles peuvent trouver du travail?

Andreessen va jusqu’à dire que la classe moyenne n’existe plus. Et pense que les travailleurs du futur devront tous se couler dans l’épuisante course au maintien de leur employabilité. Faire preuve de créativité, d’amélioration perpétuelle de leurs compétences et de capacité d’entreprendre… C’est le successeur de Laurence Parisot qui va être content.

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SOURCE : Slate.fr

 

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