Heureux d’être malheureux: le cas français

Serions-nous malheureux parce que nous réfléchissons trop ? C’est en tout cas ce qu’ont l’air de penser les américains…

 

La prestigieuse revue américaine The New Yorker s’interroge sur le cas français: un pays à la psychologie particulière qui se complaît dans les lamentations sur soi-même et le malheur. «En dépit en général d’excellentes conditions de vie matérielles en France, les Français sont lugubres. Un récent sondage WIN-Gallup montre que leurs prévisions pour l’année sont plus sombres que celles des Irakiens et des Afghans», écrit le New Yorker. Il n’est pas le seul média à s’étonner de ce paradoxe.

Le quotidien britannique The Guardian fait le même constat dans un article qui cite abondamment l’économiste française Claudia Senik. «Les Français qui étaient connus pour leur célèbre «joie de vivre» sont devenus sinistres et sont les seuls à blamer pour ce malaise», affirme The Guardian.

Pour Claudia Senik, le «paradoxe français» – le fait que la prospérité générale du pays ne se traduit pas par le bonheur de ces citoyens – peut s’expliquer par des «attitudes mentales acquises à l’école et à d’autres occasions de socialisation, plus particulièrement pendant la jeunesse».

La France a ainsi le même indice de développement humain que la Belgique ou le Danemark mais se trouve à un niveau bien plus faible sur l’échelle du bonheur ressenti. «Le fait de vivre en France réduit de 20% la probabilité de se déclarer heureux», souligne Claudia Senik. La France a le taux le plus élevé en Europe d’usage de tranquilisants et l’un des taux de suicide les plus élevés. L’Organisation mondiale de la santé souligne que le taux de suicide en France est plus important que dans n’importe quel vieux pays européen à l’exception de la Finlande. Le suicide est la deuxième cause de mortalité en France parmi les 15-44 ans après les accidents de voiture et la première pour les personnes âgées de 30 à 39 ans.

L’éducation et l’environnement culturels peuvent-ils à ce point façonner la psychologie d’une société et d’un pays?

«L’insatisfaction, après tout, implique souvent le désir de changement – de la société et même de soi-même – et donc l’insatisfaction de la vie en dépit de ces avantages matériels suggère une forme d’idéalisme – une vision intellectuelle des potentialités au-delà de l’existant – cela peut correspondre avec même la vue la plus stéréotypée et superficielles de la culture française» souligne The New Yorker.

La revue américaine ajoute: «l’esthétisme profond et passionné de la vie au jour le jour en France n’est pas seulement une expression visuelle, auditive, charnelle et culinaire de la «joie de vivre»: c’est «une joie de penser», une joie de penser qui tire son plaisir du déplaisir et tire son énergie constructive de la propre conscience d’une attitude de résistance». Nous serions ainsi… heureux d’être malheureux parce que trop conscients des insuffisances de notre monde. Une façon de se consoler.

SOURCE : Slate.fr

 

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