L’ITALIE RISQUE UNE HEMORRAGIE BANCAIRE ! Monte dei Paschi di Siena plonge…

L’Italie se rappelle à notre (mauvais) souvenir.

 

Le blocage politique en Italie, pour prévisible qu’il soit après la position absurde de Bepe Grillo de ne pas s’allier avec les partis italiens traditionnels, inquiète de plus en plus. De la à se présenter comme « la Révolution Française sans la guillotine », il n’y a qu’un pas que le comédien a franchi trop vite. Ce faisant, il donne une image plus évidente de son narcissisme.

La seule coalition possible devrait inclure au moins un soutien passif de Silvio Berlusconi. Ce dernier plaide d’ailleurs pour « une grande coalition ». Le souvenir impérissable qu’il a laissé à la tête du Gouvernement italien rend malheureusement cette solution impossible.

Monte dei Paschi di Siena plonge…

Une nouvelle dimension émerge comme une source de danger, accrue par la crise chypriote. On se rappellera que cette banque avait effectué une acquisition bancaire (Antonveneto) à un prix ridiculement élevé en 2007 et était prise dans des problèmes de produits dérivés dont l’objet était de cacher des pertes. Le tout dans un contexte de scandale politco-financier.

Elle vient d’annoncer ses résultats annuels: une perte de 3,17 milliards d’euros en 2012,[1] soit le tiers de ses fonds propres. Et ce, malgré l’injection de 2 milliards d’euros par le Tesoro italien. Elle tente une operazione transparenza. Inutile de dire que les actionnaires ont perdu, depuis l’annonce du scandale, 40% de leurs avoirs : qui pense encore aux actionnaires des banques ?

…et perd ses dépôts.

Depuis que l’éruption de la banque siennoise est devenue publique, des milliards d’euros de dépôts ont quitté la vénérable banque du Palazzo Salimbeni, a quelques enjambées de la Piazza del Campo et de son illustre Palio. La baisse de 2012 était de l’ordre de 11 milliards, soit 7%.

Maintenant que l’Eurogroupe a accepté à Chypre le principe de la confiscation des dépôts, le mouvement de fuite va connaître une accélération brutale. Personne n’osera avoir des dépôts au-delà de 100.000 euros auprès de l’ancien Mont de Piété toscan créé en 1472. Le risque d’une réduction forcée de ces dépôts est, plus que jamais, réel.

Comme le total des dépôts était, fin 2012, de 135 milliards d’euros auxquels s’ajoutent 43 milliards de prêts interbancaires et 33 milliards d’emprunts divers, l’Italie n’a pas les moyens de compenser une hémorragie de cet ordre sans mettre en péril son propre endettement, d’autant plus que ce phénomène commence à s’étendre à l’ensemble des banques italiennes.

La Banque Centrale Européenne au four et au moulin

Le fait que l’opération funeste d’acquisition se soit faite alors que Mario Draghi était le gouverneur de la Banca d’Italia, ne facilite pas la situation de la Banque Centrale Européenne. Une perception pernicieuse de conflit d’intérêt commence à se répandre dans les milieux financiers. La seule façon dont la BCE peut dissiper cette atmosphère délétère est de publier régulièrement la répartition géographique de ses dépôts et de ses prêts. Il serait également important de connaître les dix plus importants débiteurs de la BCE. Cette pratique permettrait une forme de contrôle par le Parlement Européen sur base de données publiques.

La hausse des taux d’emprunt de l’Italie s’accentue.

Dans le contexte délicat de son endettement, ce problème vient au plus mauvais moment pour l’Italie. Depuis la fin 2012, la dette italienne a augmenté de 34 milliards d’euros, (contre 81 milliards pour l’année 2012) atteignant 2.022,7 milliards[2]. Comme la situation fin 2012 était de 120% du PIB, il est vraisemblable que la combinaison de cette croissance et de la récession italienne rapproche ce taux du seuil des 130%. Dans un contexte européen difficile, les taux des emprunts de l’Italie sont aussi en hausse et rappellent de mauvais souvenirs. [3] Les taux a dix ans ont oscillent entre 4,16% et 4,82 % depuis le début de l’année et sont a 4,76% en ce moment.

La fuite des investisseurs face au Sud de l’Europe crée des problèmes de liquidité graves. La marge entre les obligations italiennes et allemandes atteint des niveaux record.

C’est trop de mauvaises nouvelles pour un seul pays.


[3] http://blogs.wsj.com/marketbeat/2013/02/26/italian-bond-yields-bring-back-bad-memories/

source : lemonde/finances/

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