Microcrédit, prêt entre particuliers: les solutions web pour une finance responsable

Depuis quelques années, le système de microcrédit et de prêt entre particuliers, dit « peer to peer », séduit les investisseurs. Hors des réseaux bancaires traditionnels, les acteurs se retrouvent logiquement sur Internet.

webDepuis octobre 2007, microplace.com, une filiale du géant américain Ebay, a généré plus d’un millier de nouveaux investissements socialement responsables pour un demi million de dollars. En huit mois, le français Babyloan a enregistré près de 250000 euros de prêts de la part de 3500 internautes sur son site, et compte bien ne pas s’arrêter là.

Leur crédo ?

Ils ne prêtent qu’aux pauvres. Les investissements moyens sont modestes, de 65 euros à 300 dollars. Mais le concept séduit même les plus riches : des organisations comme l’Omidyar Network et la Fondation Rockfeller, ont apporté 16 millions de dollars pour assurer le lancement de ce système de financement.

A l’origine, des formes de microcrédit ou de prêt entre particuliers ont émergé de façon  informelle, notamment dans les pays du sud. Certes, le concept de prêt entre particuliers n’est pas nouveau. Qu’on l’appelle Tontine en France, Consorcio au Brésil ou encore ROSCA aux USA, le prêt en famille, entre amis a toujours existé. Il a même été à l’origine des groupes mutualistes (Caisses d’Epargne) et des organismes de microcrédit (Planet Finance). La nouveauté tient plutôt dans le mode de distribution et de répartition de l’argent. Les banques traditionnelles n’ayant pas ouvert d’offre de ce type à leurs clients, c’est sur Internet que les micro entrepreneurs trouvent donc à se financer.

Les banques traditionnelles hors jeu ?

Le microcrédit et le prêt entre particuliers ne sont pas des priorités pour les banques traditionnelles. Pour elles, difficile de prêter dans le contexte actuel, notamment à des particuliers aux revenus irréguliers, et dont la gestion des risques s’avère un vrai casse tête. Les sociétés de prêt ou microcrédit qui éclosent sur internet ne prétendent pas pour autant concurrencer les banques. La finance classique intervient certes toujours dans le circuit de l’argent, qui va d’un préteur (généralement d’un pays développés) vers un emprunteur (issu d’un pays en développement).

Certaines sociétés, comme Babyloan, font appel à des instituts de microfinance (Oxus), pour garantir l’attribution de l’argent aux bénéficiaires désignés. La règlementation française ne permet pas en effet le prêt directement entre particuliers pour des questions liées à la protection des consommateurs. Et pour l’instant, les institutions de microfinance se refinancent obligatoirement auprès des banques, déclare le président de Babyloan, Arnaud Poissonnier. Le banquier traditionnel n’est dont pas encore en voie d’extinction.

La relation de particulier à particulier a trouvé en Internet un moyen de contourner ces intermédiaires et l’interdiction de la loi. Le site FriendsClear fournit une aide contractuelle et sociale pour les personnes qui souhaitent demander de l’argent à leurs amis ou famille. Le risque final est porté par les prêteurs, qui restent occasionnels et prêtent de faibles montants. Ce rôle de coach financier ne nécessite pas d’agrément bancaire pour Friendsclear, qui se rémunère par un système de commissions (10€ reversés par dossier).

Si la crise a mis en lumière ces formes de finance alternative, il n’en reste pas moins que leur succès dépend encore largement des banques ou institutions financières traditionnelles, qui interviennent toujours à un moment de la chaine. Cependant, les sociétés fournissant ce type de services occupent le terrain de l’affect et du social, en retraçant sur leur site internet les bénéfices économiques et sociaux des micros prêts. Les épargnants dont le souhait est d’aider à la création d’emplois et d’entreprises peuvent s’adresser à ces organismes.

Voir : Le financement collaboratif, ou l’esprit d’initiative retrouvé…

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Cet article a été rédigé par J’épargne Utile dans le cadre de la série “Mieux s’informer pour épargner durable“.

 


Ci-dessous, un descriptif de plusieurs initiatives de prêts entre particuliers et de microcrédit sur Internet :

MICROCREDIT

  • Kiva « Loans that Change Lives »

www.kiva.org
Le plus ancien site de micro-crédit peer to peer, apparu aux Etats-Unis en 2005. Permet à toute personne de disposer d’un prêt à taux zéro pour financer sa micro entreprise, la plupart du temps dans les pays en voie de développement.

  • Babyloan « Micro crédits, great stories »

www.babyloan.org
Le pionnier français du microcrédit en ligne. Comme le décrit le site, « vous choisissez le ou les micro entrepreneurs que vous souhaitez aider, vous leur faites un micro-crédit, vous suivez votre argent et vous êtes remboursé. C’est pas plus compliqué ! »

  • ADIE « Le microcrédit pour créer votre propre emploi ! »

http://www.adie.org/
L’Association pour le Droit à l’Initiative Economique finance et accompagne les créateurs d’entreprise qui n’ont pas accès au crédit bancaire et plus particulièrement les demandeurs d’emploi et les allocataires du RMI. Pour une première demande, le montant du prêt est limité à 2 000 €, avec un taux d’intérêt similaire à celui dans le réseau traditionnel (9,71% hors contribution de 5% pour le fonds de solidarité de l’association).
ADIE Connect est la nouvelle offre de services 2.0 de la société : les particuliers peuvent accomplir en direct sur le Web les démarches pour décrocher un microcrédit professionnel. Un simulateur de microcrédit permet d’ajuster le montant de l’emprunt souhaité en fonction de sa capacité de remboursement. Ensuite, l’internaute peut remplir son dossier en ligne en une dizaine de minutes. Un blog permet d’échanger les bonnes pratiques.

  • CREDIT COOPERATIF

http://www.credit-cooperatif.coop/
Fut le premier partenaire de l’ADIE à ses débuts,  et contribue toujours pour 10% du financement des prêts accordés.

  • PLANET FINANCE « Votre argent peut changer le monde »

http://www.planetfinancegroup.org/
Depuis 10 ans, PlaNet Finance s’est développée en un groupe d’organisations (PlaNet Finance Group) offrant une gamme de services diversifiée. Ces huit entités sont composées d’équipes dédiées et spécialisées réunissant plus de 700 professionnels. Cependant Planet Finance se rapproche plus de l’association caritative puisqu’elle demande des dons aux Internautes afin de soutenir les  microprojets.

  • VEECUS « Microcrédit en ligne »

www.veecus.com
Grace à l’intermédiaire d’institutions de microfinance (IMF) partenaires des micro-entrepreneurs, Veecus transmet les sommes récoltées auprès des prêteurs. Les micro entrepreneurs peuvent alors développer leurs projets.  A la fin, les prêteurs peuvent récupérer leur somme ou décider de re-prêter pour un projet de leur choix.

  • MICROPLACE « Invest wisely. End poverty »

https://www.microplace.com/
La compagnie propriété d’Ebay propose « d’investir sagement afin de mettre fin à la pauvreté ». Microplace.com propose aux internautes d’investir quelques centaines de dollars dans des projets réalisés dans des pays émergents, en échange d’un véritable « retour sur investissement » : bijouterie en Inde, café au Cambodge, restaurant au Tadjikistan, épicerie au Nicaragua.

PEER TO PEER/ PRET ENTRE PARTICULIERS

  • FRIENDS CLEAR « Tout est clair entre amis »

http://www.friendsclear.com
FriendsClear accompagne la réalisation de votre accord de prêt et assure son suivi en toute tranquillité (contrat, calcul d’échéancier, rappel des échéances, suivi des versements, remboursements). Les préteurs et emprunteurs ne sont pas mis en relation par FriendsClear, qui ne fournit que les services contractuels et sociaux autour de cette demande. Un simulateur en ligne permet d’évaluer les montants de remboursement par mois en fonction de sa demande.

  • P2PCREDIT “Site de mise en relation pour des prêts entre particuliers »

http://www.p2pcredit.fr/
Recherche de placement et de financement, les particuliers pourront se rencontrer sur P2P…dès que la loi l’autorisera. Les lois liées à la protection du consommateur sont les ennemis de ce site dont la vocation est d’obtenir le soutien des internautes via son formulaire de contact.

PLATEFORME DE LEVEE DE FONDS

  • CAPANGEL « Financez votre société en quelques clics »

http://www.capangel.com
CapAngel met à la disposition de ses membres tous les outils pour faire de la levée de fonds un succès. Plus qu’une simple plateforme, le site permet de présenter le projet et entrer en contact avec des investisseurs, CapAngel sécurise tout le processus d’investissement et s’assure du bon déroulement de l’augmentation de capital. De la collecte des fonds prise en charge par le système à la génération de la documentation juridique, cette offre vise à simplifier au maximum l’augmentation de capital pour l’entrepreneur comme pour l’investisseur.

Aller plus loin

  • MYCOOP « Le réseau des acteurs de l’économie humaine »

http://www.mycoop.coop/
Les membres de ce réseau partagent les mêmes affinités pour les projets à vocation sociale. On y retrouve les acteurs cités plus haut, qui échangent en forum ou panels d’intervenants, autour de thèmes consacrés à une consommation plus responsable et plus juste.

 

Article rédigé par : J'Epargne Utilevia :consommerdurable.com

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