Vivre sans argent : à la conquête des villages abandonnés…

Mahamo : Qui n’a jamais eu envie de tout plaquer et de partir loin ?    seriez vous prêts à franchir le pas?  Vivre en Harmonie avec la nature, retrouver les vraies valeurs loin du stress et de la pollution . Qu’en pensez vous? peut on vraiment sortir du système ?                                                                                                                   

Dans le jardin de Uli-Alto

 

Uli-Alto est un village des Pyrénées espagnoles occupé depuis 4 ans par trois permanents français. Ils ont roulé leurs bosses, sont encore dans la première moitié de leur vie et relèvent chaque jour le pari fou de redonner vit à un village abandonné.

Perché en haut de la vallée, c’est tout un monde qui vit là haut. Les gens de passage se suivent, se croisent, se ressemblent parfois et alimentent constamment ce manège aussi vital que l’eau qui coule dans la rivière en contrebas. En bon lieu ouvert, Uli s’enrichit de ses visiteurs et compense ainsi son isolement (13km de pistes de montagne pour atteindre la première route goudronnée). Six villages sont occupés dans la vallée, le plus grand compte une cinquantaine de personnes et existe depuis trente ans, le plus petit compte deux personnes qui entament sa restauration. Il y a aussi une fille qui se construit son habitat en partant de zéro.

Une grande diversité qui m’a un peu perdu dans mon exploration des modes de vies alternatifs. Nés de préoccupations semblables, ces villages ont de nombreux points communs. A contrario, les différences de fonctionnement sont considérables.

Occuper l’inoccupé

L’Espagne a connu un exode rural plus tardif qu’en France, particulièrement dans les années 70, laissant à l’abandon de nombreux villages. Sur ma route, j’ai d’ailleurs croisé plusieurs villes fantômes. La vallée ne fait pas exception et son isolement conférait une place de choix pour ceux qui souhaitaient reconstruire un vivre autrement.

Lakabe est le premier village de la zone à avoir été investi au bénéfice d’une tolérance par les autorités. Cela fait plus de 30 ans que la communauté survit au fil des départs et des arrivées d’habitants. Aritzkuren, un hameau enfoui dans la forêt, est occupé depuis 16 ans. Uli-Alto n’en est pas à sa première occupation, le groupe actuel le reconstruit depuis 4 ans.

 

Un soir à Uli-Alto, un habitant originaire d’un squat de Barcelone

Ce n’est pas un hasard si un nombre substantiel d’habitants de la vallée est issu de la mouvance « squat ». En France comme ailleurs, les squats citadins sont de plus en plus menacés et même rasés par les autorités. Ils tiennent pourtant un rôle de passerelle entre la société dominante et les sociétés alternatives.

Les villes perdent la pluralité nécessaire à une évolution saine et les occupants se voient privés des commodités pour une transition en douceur, le vieux dicton « Pour vivre heureux, vivons cachés » prend ici aussi du sens. Dans la vallée, les occupants vivent dans le statu-quo avec les autorités.

 

Une des places du village de Lakabé

 

En ville, on détruit des quartiers charmants pour construire des bâtiments plus « efficaces » en terme d’accueil ou de consommation (sans prendre en compte le coût écologique de fabrication). À quand des projets de développement rural pouvant concurrencer les projets de développement urbain ? Il y aurait possibilité de restaurer des espaces immenses et abandonnés en créant des emplois pour revaloriser les plus démunis.

Des dépendances à la société variées pour un même objectif

Loin d’un rejet tout entier de la société, l’envie de s’ouvrir est permanente. À Uli, ils ouvrent leur porte à qui le veut en ayant été jusqu’à prendre le risque de s’exposer publiquement via leur site web. À Lakabé, ils vendent du pain et de la bière, paient des impôts et inscrivent leurs enfants à l’école. Ça c’est pour la partie redistribution vers l’extérieur. La présence de la société dominante au sein des villages est plus contrastée.

Dans la vallée, on s’accorde sur l’impressionnante vitesse à laquelle Uli s’est développé. Tandis qu’à Ulo-Si, plus récente reconversion en date, ils construisent sans électricité, le groupe de Uli est arrivé chargé de groupes électrogènes et d’une quantité de matériel à faire pâlir n’importe quel bricoleur du dimanche. Pour la nourriture, l’indépendance alimentaire est encore très lointaine. Les vaches et chevaux qui vivent dans la vallée obligent à protéger chaque jardin. Au passage, ces animaux n’ont rien de sauvage et leur propriétaire profitent simplement de la grande zone de pâturage officiellement abandonnée. Beaucoup ont perdu leur récolte pour avoir négligé la robustesse de leur clôture, le sujet prête régulièrement à l’auto-dérision.

 

Le jardin de Uli-Alto

En attendant de se nourrir majoritairement de sa production, Uli se nourrit de ce que « Babylon » considère comme jetable. Ils font de la « récup' » et ont même développé des liens amicaux sur le grand marché aux légumes de Pampelune. Régulièrement, ils ont le droit à des petits cadeaux. La nourriture abonde et Uli est même devenu une des meilleurs tables du coin !

Une autre manière de considérer l’espace commun et son utilisation, un regard plus utilitaire sur les produits de la société, une clé pour s’ouvrir un peu plus. Le mouvement « Occupy » gagnerait peut être à s’inspirer de ces anonymes qui construisent ailleurs et laissent les convaincus avec leur jouets dangereux et usés. L’énergie qu’ils ne gaspillent pas en s’opposant est directement au service de leur avenir.

source: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/593823-vivre-sans-argent-dans-les-pyrenees-j-ai-fait-connaissance-avec-des-neo-hippies.html

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Par 
Vagabond Reporter

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