Les OGM cachés

Variétés tolérantes aux herbicides, des OGM cachés dans les champs français?

Aspergées d’herbicides, ces plantes ne périclitent pas :  maïs, soja, blé, colza, tournesol, betterave, riz, chicorée/endive… Il existe pour toutes ces cultures des variétés tolérantes aux herbicides (VTH). Sont-elles des organismes génétiquement modifiés? Non, répond le droit européen.

Oui, répondent 10 associations et syndicats d’agriculteurs, qui s’inquiètent du développement en France de «colzas et tournesols tolérants aux herbicides», qu’ils considèrent comme des «OGM cachés». «Les seules informations disponibles sur les surfaces cultivées en France indiquent que ces VTH représentaient 10% des cultures de tournesol en 2011 et plusieurs centaines d’hectares de colza fleuri en 2013», a calculé la Confédération paysanne, qui appelle Stéphane Le Foll à s’opposer à leur développement et à protéger l’environnement face à ces cultures.

Le ministre de l’agriculture n’a pas tardé à répliquer, en expliquant lors d’un déplacement dans le Gers que ces VTH n’étaient pas des OGM, «mais de la mutagenèse[1]». En novembre 2011, une expertise collective menée par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) rappelait que «l‘objectif de la création d’une VTH est d’ajouter à une variété jugée intéressante par ailleurs un trait ‘tolérance aux herbicides’ qui facilite et sécurise le désherbage de la culture. Cet objectif nécessite de disposer de ressources génétiques susceptibles de fournir ce trait TH, puis des techniques pour l’insérer dans le génome d’un individu appartenant à la variété d’intérêt». Les chercheurs précisaient que les VTH n’englobaient pas «la capacité propre d’une espèce à tolérer l’application d’un herbicide».

«Ceux qui ont fait croire que les OGM, c’était la modernité, ce n’est pas vrai», a plaidé Stéphane Le Foll, en invoquant «la capacité de l’agriculture à être performante économiquement et écologiquement sans passer par ces techniques (…). Je ne suis pas là non plus pour dire: ça, jamais! Au contraire: je reste parfaitement serein par rapport à ces débats» Mais «on peut pas s’arrêter à ce sujet. Il faut au contraire qu’on soit capable de (le) dépasser», rapporte l’AFP, dans le texte. Alors que pourrait bientôt être annulé l’arrêté interdisant la culture du MON810 en France, le ministre de l’écologie, Philippe Martin, a tenu un discours moins ambivalent: «La position du gouvernement est bien sûr d’une hostilité absolue à l’égard de ce qui est génétiquement modifié».

Bien que la mutagenèse soit considérée comme une méthode de modification génétique par la directive européenne de 2001, rappellent l’Inra et le CNRS, «les variétés obtenues par cette technique sont exclues de son champ d’application, et sont donc soumises aux mêmes procédures d’évaluation que les variétés issues de l’amélioration variétale conventionnelle».

La Confédération paysanne s’inquiète de «l’impact de ces plantes sur l’environnement: biodiversité, résistance aux herbicides, contamination génétique, qualité de l’eau». Par ailleurs, les organisations et syndicats agricoles s’interrogent «sur la pertinence de modifier le génome du colza pour lui permettre de tolérer des herbicides de la même famille que ceux utilisés dans les céréales, ce qui empêchera, notamment, de détruire ses repousses dans le blé qui lui succédera dans la rotation». Près d’un mois après la méta-analyse réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur l’enjeu sanitaire attaché aux expositions professionnelles et générales des populations aux pesticides, les organisations pointent «les dangers sanitaires inhérents à l’utilisation d’herbicides, non seulement pour les utilisateurs mais aussi pour ceux qui consomment des aliments contenant des pesticides».


[1] La mutagenèse est le processus d’apparition d’une mutation, il peut être naturel ou artificiel.

SOURCE : http://www.journaldelenvironnement.net

 

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