MORY-DUCROS, un sous-traitant témoigne

Il y a un moment, nous avons eu à gérer sur le blog des commentaires de lecteurs peu satisfaits de la qualité de la prose des rédacteurs bénévoles du blog…. nous nous étions mis en tête de montrer qu’entre expression écrite et orale, il y a parfois un monde et que pourtant derrière, il s’agit de la même personne.

Cet article s’est donc fait à deux cerveaux , un qui dirigeait les mains et l’autre qui communiquait…il a un peu tardé faute de temps disponible mais tout arrive.

il y a quelques temps , a été évoqué la situation économique du groupe de messagerie MORY-DUCROS , un des « gros » du secteur en France. Et bien, nous avons été à la rencontre d’un employé sous-traitant de ce groupe, histoire d’en savoir un peu plus sur les conditions de travail du secteur….

Dans le métier depuis 6 ans, il fait partie d’une société sous-traitante de grosses entreprises de messagerie qui emploie une vingtaine de personnes. Profil de chauffeur-express sur véhicules de moins de 12t.

 

Question de base, les horaires et conditions de travail, voici sa réponse :

les 35H ? du flan ! t’arrive au dépôt à 7h et chaque jour est nouveau. Tu sais à quelle heure tu commences mais jamais à quelle heure tu finis. les horaires fixes, c’est pour quand tu te seras imposé dans l’entreprise ..! c’est une des contraintes avec la météo : qu’il vente,qu’il neige, ainsi que la chaleur l’été , tu sais que tu es sur la route. Ensuite , on travaille en zone urbaine donc il faut s’adapter à la circulation. Je bosse dans un secteur touristique, je te laisse imaginer la période estivale !

Pour le nombre de clients, il faut compter environ 40 par jour, ça fait une moyenne quand on y pense…..

Comment est jugé ton travail ? quelle est la pression du patron ?

Mon job est comme un autre je pense au niveau de la pression, pour le patron, tu es soi bon, soi mauvais. POINT BARRE!

 Certains pensent que c’est un métier tranquille : tu livres au plus vite et dès que tu as finis ta journée soi tu profites soi tu arrondis tes fins de mois avec un autre taf’. Il y a beaucoup de gars qui fonctionnent comme ça pour joindre les deux bouts.

D’autres  pensent qu’ils ont un job ingrat, que c’est galère toute la journée et que comme ils n’ont rien trouvé d’autre comme job, et bien ils ne valent pas grand chose…..

Il y a une 3eme catégorie de livreur, d’une quarantaine d’année, voire cinquantaine, avec expérience dans d’autres métiers, le résultat est tout autre, ils n’ont pas la même approche du job et de la relation clientèle. Ceux-là sont là soit par choix parce qu’ils y ont trouvé un équilibre qui leur convient soit comme tremplin pour trouver autre chose rapidement et monter en grade.

 

Au niveau pression, pour le patron, il faut que la tournée soit rentable, il faut arriver à jongler avec les accès, la réglementation, tout ça…. Et puis, tu as aussi tous les rabs de tournées, qui sont très fréquents, les ramasses (NDJ : les colis non pas livrés mais expédiés qu’il faut aller cherchés chez des clients ) …..

 il ne faut pas oublier que tu as un ordinateur qui gère tes livraisons avec carte à puce perso, GPS …. Dans ma boîte , c’est cool, mais ça dépend de l’humain, si tu tombes sur un gestionnaire tatillon, il va te demander de justifier pourquoi il y a 2 km d’écart par rapport au plus court trajet selon saint Google !

Comment se passe le relationnel avec les clients qu’il faut livrer ?

Ça, ça dépend de toi, si t’es un chieur, ça va pas bien se passer et ça va vite remonter, personnellement je trouve un équilibre avant que les choses dégénèrent mais dès le départ je fais mon maximum pour que les choses se passent bien quitte à perdre 5 minutes, au final je suis toujours gagnant et le client aussi.

Je dirais que 90% du temps ça se passe bien, c’est ma valeur ajoutée !!!

Dans les faits , tu as trois types de clients :

–         les entreprise- plateforme style grands magasins, de bricolage par exemple, là tu a s affaire à des gars comme toi qui font ce qui peuvent pour gagner leur croûte, on se connaît vite, les choses se passent bien…

–         les magasins de centre-ville ou de centre commercial, là, il n’y a personne pour vraiment réceptionner la marchandise, t’es souvent deux bras derrière un carton parce que les gens sont très souvent sous pression

–         les particuliers, enfin, le plus galère parce qu’ils ne comprennent pas tes contraintes, ils sont focalisés sur la « came » que tu dois leur amener et qu’ils attendent souvent avec impatience, leur faisant occulter tout le reste !

 

Après, si tu t’impose dans ta boîte, tu peux choisir un minimum tes livraisons, on est toujours dans l’humain avec la personne qui prépare ton planning de livraison. De toute façon, c’est souvent les mêmes clients que tu as dans tes tournées, donc , c’est à toi aussi de t’investir pour te faciliter le travail….

 Comment est gérer les éventuels problèmes sur les livraisons ?

Là, c’est à toi d’être attentif si tu veux pas d’ennuis quand tu prends en charge tes livraisons de la journée, tu dois signaler à la prise en charge, sinon, ça pourrait être pour ta pomme. Encore une fois, il faut arriver à créer de la confiance avec les gars qui sont sur la plateforme de prise en charge, avec les clients…. Pas de secret !

Après, quand il y a de la casse, de toute façon, tu fais quand même la livraison, ce n’est pas à toi de prendre la décision, c’est au client, donc tu te tapes des allers-retours pour du beurre…

 Au niveau rémunération, quelle est la règle ?

Au début, il y avait un fixe pour le salarié et quand ça tournait bien des p’tits bonus. De plus en plus, on va vers une part de plus en plus importante au pourcentage en relation avec tes livraisons. Pas de taf, pas de salaires, c’est toi qui prends le risque plus le patron, lui il prends la braise….

Par rapport à la Situation de MORY-DUCROS, ça se passe comment ?

Forcément il y a beaucoup moins de travail, sur la plateforme ou je travaille, il y a 80% de sous-traitants, on sera les premiers à trinquer. Il ne faut pas oublier que derrière MORY-DUCROS, c’est les mêmes personnes ou presque  que derrière DHL, Ducros express, Caravelle, toutes ces boîtes ont disparues pour des raisons économiques mais eux sont toujours là.

Si on fait un parallèle avec 2012, c’est la nuit et le jour. En 2012, les quais étaient bondés, là on a passé les fêtes, les quais étaient vides. 50% d’activité en moins voire plus….

Concrètement ça veut dire quoi pour l’avenir de votre travail ?

Pour la boîte qui m’emploie je sais pas, mais moi, je ne sais pas si je serai encore au taf’ quand tu publieras ces lignes…licenciement économique, toujours les petits  qui trinquent en premier !

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Signature de JP oblige, un partage zikaL !

 

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