Attention ! Sprays assainissants et anti-acariens aux HE pas si assainissants que ça ?

Que Choisir dénonce la double supercherie des sprays assainissants dont beaucoup sont vendus en pharmacie et parapharmacie, en France [1]. Selon les résultats de l’enquête du magazine, ces produits d’une part ne tiennent pas leurs promesses en matière « d’assainissement » et d’autre part font courir un risque pour la santé.

Concernant le fait de « respirer un air plus pur », ce n’est mathématiquement pas possible puisque ces produits rajoutent des molécules en suspension dans un environnement intérieur déjà encombré par une multitude de composés chimiques véhiculés par les poussières.

Que pulvérisent ces sprays ? Principalement de l’éthanol (jusqu’à 84%) pour les produits aux huiles essentielles et des insecticides non dénués de toxicité pour les produits anti-acariens (pyréthrinoïdes). C’est là où réside la deuxième fausse promesse selon 60 millions qui en appelle au principe de précaution car la sécurité de ces produits n’est pas garantie.

Les travaux du Pr de Blay

L’enquête de l’Institut de la consommation s’est appuyée sur les travaux du Pr Fréderic de Blay, chef de pôle de pathologie thoracique (nouvel hôpital civil de Strasbourg) qui dispose d’une pièce dépressurisée (première en France) permettant de tester précisément la ou les causes d’une allergie et de sélectionner les traitements les plus adaptés.

« Ces dernières années, certains de mes patients ont eu un inconfort respiratoire après avoir inhalé des sprays aux huiles essentielles achetés paradoxalement pour mieux respirer » rapporte le Pr de Blay dans la revue. « Forcément, j’ai cherché à comprendre ce qu’ils contenaient ».

En 2016, le Pr de Blay mesure donc la teneur en composés organiques volatiles (COV) du produit aux huiles essentielles leader du marché (1 millions d’unités vendues/an) après avoir suivi scrupuleusement les recommandations d‘usage sur les vaporisations. Trente minutes plus tard, il constate que la concentration en limonène (principal COV) est 10 fois supérieure aux limites d’exposition à courtes durées établies par le Commission européenne. Sa conclusion est que les asthmatiques ne doivent pas utiliser ces sprays compte-tenu d’un risque d’une aggravation des symptômes.

Si ces sprays devraient être contre-indiqués aux asthmatiques, quid des non asthmatiques ?

La réponse relève du principe de précaution sachant que 70% des 10 produits leaders du marché cumulent au moins 4 allergènes. Or « plus l’exposition à un allergène est fréquente, plus le risque de sensibilisation est élevé » » explique le Dr Isabelle Bossé, présidente du syndicat français des allergologues. Et une allergie acquise restera présente souvent toute une vie.

« Chaque huile essentielle renfermant de 80 à 100 constituants, il est très difficile d’anticiper les synergies ou potentialisation des huiles entre elles, contenues dans ces sprays (mélange allant jusqu’à 32 huiles différentes pour l’un des produits du marché » précise par ailleurs le Pr Annelise Lobstein, responsable du DU d’aromathérapie clinique de Strasbourg.

Dr Catherine Desmoulins pour Medscape

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