Résistance ! La vallée de la Roya, la vallée des irréductibles gaulois
A propos des migrants, il y a deux aspects : La politique migratoire d’une part qui consiste à définir à qui le pays ouvre ses portes et en quelle quantité, et l’aspect humain d’autre part, devant un problème géré, tout le monde en convient, de façon indécente et scandaleuse. Ces gens ne sont pas des chiens, ce sont des être humains faut-il le rappeler au 21ème siècle ?
C’est ce que considèrent les habitants de la vallée de la Roya qui continuent envers et contre toutes les pressions du pouvoir, à aider les malheureux qui arrivent chez eux. Parce que dans cette société en folie, la solidarité est considérée comme un crime.
Dans cette vallée bordée par le Massif du Mercantour, à l’ouest, réputé pour ses loups, les loups ne sont pas ceux que l’on croit. Ils sont en meute noire, casqués, bottés et sans pitié aucune.
Je vous propose ce cri d’alarme d’un homme de cœur désespéré par la situation actuelle, son dégoût, sa colère.
Un magnifique exemple de résistance, ce beau mot qui commence à s’épanouir et se répandre comme un slogan !
La solidarité n’est pas un crime : Cédric Herrou de la vallée de la Roya écrit…
Breil sur Roya 03h54,
Réveillé par un gosse de 6 ans et sa mère, tous deux arrivants à pieds, de nuit sous la pluie depuis l’Italie. Une part de peine de les voir une part de réconfort de les savoir à l’abri et une part d’ironie ; ces deux ont réussi à ridiculiser l’armée, la Paf, la gendarmerie et cet état d’urgence, ils ont passé la frontière à la barbe de ses hommes emplis de testostérone armés de Famas, lunette à visée nocturne, une seule pensée me vient « Pauvres cons »
Je suis éveillé, 40 personnes de 4 à 30 ans, dans ce camping improvisé, attendant désespérément de pouvoir faire une demande d’asile et pour les mineurs isolés d’être pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et moi je suis debout, réalisant que ma vie depuis un ans a un peu changé
la mère et l’enfant couchés dans une tente, sous la pluie, je n’ai plus sommeil, que me reste il… écrire.
Écrire à qui ? au maire ? au procureur de la république ? au préfet ?
Aux présidents du conseil départemental, Régional ?
Aux ministres ? Au pape ? Au peuple ?
A quoi bon …
Tous ont connaissance de ce que nous endurons dans la vallée de la Roya et ailleurs en France. Les aidants poursuivis par la justice et les aidés poursuivis par la Police, alors que les uns et les autres n’agissent que pour le droit à la dignité humaine.
Alors j’écris pour moi-même et pour ceux qui prendront la peine de me lire
Voilà un an que nous nous exposons afin d’alerter un système auquel nous croyons, politiques, associatif, juridique, tous nous ont entendus mais personne n’a bougé, rien n’a changé, nous sommes en 2017 et des gens inexistants aux yeux de la justice souffrent de l’indifférence générale.
Nous avons essayé pourtant, seul résultat, une dizaine de procès en cours pour « aide à l’entrée et à la circulation de personnes en situation irrégulière » … quel drôle de terme face à ces gosses qui souffrent…. comment leur expliquer qu’ils sont considérés comme irréguliers alors que le droits des migrants, fuyant guerre et dictatures, est encadré par ces même personnes qui incriminent des citoyens répondant à une urgence humanitaire
Que la France, 5ième puissance mondiale bafoue le droit à la dignité humaine…
Ma grand-mère ayant fui les nazis en Allemagne aurait dit « Pauvre France » mais elle est morte alors elle ne dit plus rien.
Je vous avoue que je me sens perdu, j’aimerais pouvoir faire comme cette majorité qui ferme les yeux ayant peur d’y voir trop clair, se voilant la face avec ces arguments populistes sortis tout droit de la bouche de politique bafouant les fondamentaux des valeurs qui ont fait que la france est La France.
J’aimerais pouvoir fermer ma porte à double tour, mettre une clôture autour de Ma propriété privée et continuer à vivre dans l’indifférence. Mais on m’avait averti « il est plus facile d’ouvrir sa porte que de la fermer »
Maintenant ce n’est plus uniquement le problème de ces noirs fuyant dictature et guerres, je ne suis plus témoin je suis complice, victime.
J’ai du mal à comprendre, comment en sommes nous arrivé là ? Les habitants de la Roya crient à l’aide et aucune réponse, seuls quelques procès et barrages de flics.
Comme si le problème était créé par les citoyens de la Roya, Comme si le problème ne venait pas d’une réalité mais simplement du fait que nous osons dire, dénoncer.
Comment faire quand un procureur de la république procure simplement docilité à cette nouvelle forme de politique électoraliste et populiste
Comment faire quand un préfet se sert d’une police aux méthodes dignes de voyous, une police n’hésitant pas à faire des faux en écriture publique afin de dégager ces noirs en Italie et plus loin encore s’ils le pouvaient.
(je cherche un procès en diffamation mais pas sûr que l’excès de testostérone ne leur procure ce courage)
Comment faire pour que les migrants puissent déposer leur demande d’asile sans que je finisse une fois sur dix en garde à vue avec un procès au cul, comment faire pour que la prise en charge des mineurs isolés se fasse normalement ? Comment faire pour que le droit ne s’arrête pas aux frontières de la Roya pour que La Roya redevienne Française ? Pour que la Roya ne soit pas juste qu’un gros barrage de flics, Pour que le droit français puisse être rétabli en Roya ?
Dois-je racheter un mini-bus, vu que le dernier a été saisi, pour transporter ces gens hors de cet état de non-droit qu’est la Vallée de la Roya ?
Certes ça va être compliqué mais je ne pense pas avoir le choix
Si aucune réponse n’est apportée par « nos » institutions
Je me saisirai donc du droit de bafouer certaines règles, je reprendrai mon véhicule, je contournerai ces dispositifs policiers pour qu’enfin ces gens puissent faire leur demande d’asile et je sortirai ces gamins de ce département afin qu’ils puissent construire une vie plus digne dans le pays des droits de l’Homme.
Le « droit de résistance à l’oppression » est un des droits naturels et imprescriptibles cités à l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et je m’en saisirai et je vous invite à faire de même
Viva