Philosophie : Réflexions sur Dieu
Ne vous laissez pas impressionner par le titre… Ce beau texte de réflexion, accessible à tous, est issu d’un blog de qualité, qualifié par son auteur de « philoscientifique ». Ne ne vous fiez pas à cette définition intellectuelle, derrière cette étiquette bat un cœur.
L’article, titré « Les évidences » pose une question essentielle :
Si Dieu existait ne serait-il pas une évidence pour tous ? Ne rassemblerait-il pas au lieu de diviser ?
Et je rajoute : Comment se fait-il que des êtres historiquement reconnus comme grands mystiques ont été incapables devant cette notion universelle par nature de briser les murs enfermant des religions ?
Qu’est-ce que la religion ? Une voie d’évolution ou une culture ? Car enfin si elle nous définit au point de séparer l’humanité elle ne peut-être un chemin d’amour universel..
Et si, finalement les messages dévoyés des grands maîtres de sagesse n’étaient là que pour nous asservir et nous empêcher d’expérimenter notre vraie nature divine qui, elle, nous unit, abolit nos peurs et nous rend libres ?
Et si trouver Dieu nous rendait ingouvernables et impossibles à manipuler ?
Telles sont les interrogations que cette réflexion a fait naître et bien d’autres encore pour chacun dans son contexte personnel. N’hésitez pas à prolonger le débat dans les commentaires, cela ouvre des horizons à tous.
Un beau sujet pour un dimanche.
Galadriel
LES ÉVIDENCES
Dieu existe-t-il ou est-il seulement la personnification de notre stupéfaction? Imaginez nos ancêtres? Ils n’ont jamais vu la terre de loin. Ils n’ont jamais volé. Ils ne savaient pas que l’horizon exprimait la rondeur, que l’espace était infini ou que la terre flottait dans l’univers comme les étoiles dans ciel. Ils ne se doutaient pas que la gravité les maintenait au sol, que le temps ne s’écoulait pas partout de la même manière, que l’atome qui hier formait la matière, n’est plus qu’un palier dans la descente vers l’infiniment petit. Et la liste n’est pas exhaustive, évidement. Nous, nous savons tout cela aujourd’hui et bien de choses encore. Autant d’informations qui nous ouvrent les yeux, ou tout au moins qui nous font douter du bien-fondé des idées de nos ancêtres. Mais sans tout ce savoir, qui fait désormais partie de notre quotidien, quelles armes avaient ils pour lutter contre la tentation de tout mettre entre les mains d’un dieu, se débarrassant ainsi du mystère de la vie. Leur impuissance chronique ne suffisait-elle pas pour lever les yeux au ciel et l’implorer de tout prendre à son compte? Dans la logique terrienne, ou tout effet a une cause, n’est-il pas simple d’arriver aux conclusions que nous connaissons tous: La Terre et L’Homme existent, c’est qu’elles ont un créateur.
Mais quoi qu’on en pense, tout le monde n’était pas d’accord sur cette reddition et il s’en fallut de peu pour que certains peuples ne basculent, dès l’antiquité, dans le berceau de la science. Déjà plus de 600 ans avant J.C. le philosophe grec Anaximandre de Milet, importante figure de la Grèce antique, élève de Thalès, le fondateur de l’Ecole Milésienne , considéra pour la première fois que la terre était suspendue dans le vide et que son origine et son destin émanaient du principe de l’infinité qu’il appelait « apeiron ». Lui succédèrent dans ce mouvement rationnel, d’éminents philosophes comme Platon ou Socrate, entre autres inventeurs de la logique et de la pensée scientifique. Ces penseurs Grecs, que l’on défini « les Présocratiques », sont aussi considérés comme précurseurs de l’affranchissement de la pensée des dogmes religieux. Mais la remarquable clairvoyance qui les portait à vouloir comprendre plutôt qu’à s’égarer dans des voies mystiques sans issue, ne pourra rien contre le rouleau compresseur des religions. Aucune preuve tangible ne pouvant étayer leurs théories, l’incohérence leur fit défaut et leur talent disparu progressivement au fil des siècles et des conflits. Les dogmes chrétiens qui leur succédèrent presque mille ans plus tard était eux aussi basés sur la seule intuition de leurs penseurs. Mais les mouches se posent plus facilement sur une assiette de miel à ciel ouvert que sur un pot de confiture fermé. Autrement dit, il était autrement plus facile d’attirer le peuple avec une religion populaire au dieu tout puissant à l’origine du monde que par une philosophie tout aussi incertaine, certes, mais plus ardue à comprendre pour le commun des mortels.
S’il n’était autre qu’une croyance, Dieu ne ferait-il pas l’unanimité? Ne serait-il pas le Dieu de tous, le même sur tous les continents, dans toutes les contrées. Ses partisans ne s’adresseraient-ils pas à lui dans une langue unique comme le font les musiciens avec le « La » émit par le diapason? Ne serait-il pas une de ces évidences uniques et incontestables qui met tous les Hommes d’accord, ou qu’ils soient sur la planète et quelle que soit la couleur de leur peau? Comme la roue, qui fait rouler tous les véhicules du monde; ou le volt, qui mesure l’électricité ou qu’elle soit; ou l’Internet aussi qui, mieux que les églises, les synagogues ou les temples, permet au terriens de dialoguer, de partager, de se rencontrer.
Oui, une de ces évidences qui deviennent universelles sans faire de bruit, sans fractures, sans effusion de sang. Que personne ne conteste tant elles sont écrasantes, tant leur expression est nette et tant elles sont indispensables à la santé morale et physique des humains. Une de ces évidences qui traverse les océans à la vitesse de la lumière pour nous éclairer et nous rendre heureux. Alexandre Volta, André-Marie Ampère, Anders Celsius, Mozart ou Copernic ont-ils eu besoin de convertir les indiens d’Amérique ou de se lancer dans les guerres d’islamisation pour imposer leurs découvertes ou leurs musiques? Elles ont naturellement conquit pays et habitants du monde entier et, pour les raisons que nous connaissons tous, ont contribué au progrès de l’humanité, lui octroyant le droit de vivre mieux, de se chauffer, d’allumer, de mesurer… ou de danser.
Voilà ce qu’un dieu devrait être. Il n’aurait plus besoin d’interprètes nommés Moise, Jésus ou Mahomet. Hôpitaux, écoles et hospices pourraient remplacer temples, rassemblements, guerres de religions, missions et peur de l’autre. Certes, cela ne ferait pas le bonheur des avides de pouvoir, des trafiquants d’armes et autres terroristes mais peut-être qu’eux aussi y trouveraient leur compte. Certains d’eux ne sont-ils pas aussi musiciens?
Quant à la supériorité universelle de ces évidences sur les dogmes, pour ceux qui en douteraient encore, rien de plus simple à déterminer: Le nombre de chrétiens, par exemple, se situe aux alentours de 2.2 milliards divisés en près de 33.000 confessions différentes et évidement, tous ne sont pas d’assidus pratiquants. Alors que l’on compte 5.4 milliards d’utilisateurs d’énergie électrique mesurée en volts et ampères, sans aucune sous catégorie, sachant que ceux qui ne l’utilisent pas n’ont simplement pas d’électricité. Il serait aussi possible de s’attarder sur l’utilité philosophique et sociale de chacune de ces évidences ou sur l’importance que ces dernières auront pour la survie de l’humanité… Mais n’excédons pas de zèle, je suppose que l’idée est assez claire.
Les Hommes se suivent mais ne se ressemblent pas; Les évidences, elles, sont immuables et leur reconnaissance uni-sonique représente la clé de voûte de toute continuité. Et si les évidences universelles n’étaient pas uniques chacune dans leur domaine, le monde que nous connaissons ne pourrait pas exister. Une pile, un volt, un thermomètre fonctionnent de la même manière à Amsterdam ou à Tokyo. De même que les hommes qui les utilisent, bien que géographiquement opposés, sont unanimes sur l’intérêt planétaire et humanitaire qu’ils représentent. Sans ces évidences, même les ordinateurs ne fonctionneraient pas; leur système repose sur le seul principe « on/off » qui indique que le courant passe ou ne passe pas entre deux composants. Ce concept invariable est précisément celui qui leur permet, par le biais du langage machine, d’afficher un « A » sur notre écran lorsqu’on en presse la touche sur le clavier.
Nous sommes donc loin, très loin, avec le dieu d’Abraham, d’un concept aussi authentique, incontestable et universel que les « évidences ». Nous sommes loin de l’unicité indispensable, seule vectrice de la pensée commune de tous les humains. Et pourtant, la solution ne passe que par ce chemin étroit et cloisonné. Son imperméabilité la défendrait des malintentionnés, et la sainte mission si laborieuse et improbable de l’unification des peuples, au moins sur ce sujet, ne serait plus utopique.
SOURCE : http://wbohane.blogspot.fr/2016/07/les-evidences.html
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