Ca y est ! D.Trump est président
Tout s’est à peu près passé normalement : Trump ne s’est pas fait assassiner et si il y a eu une manifestation assez violente à Washington, ce n’est pas encore la guerre civile..
Je vous propose comme commentaire un billet d’André Bercoff. Bien que je ne sois pas en accord avec ses prises de positions actuelles et ses fréquentations, j’aime bien sa grande gueule. D’ailleurs, j’aime bien les grandes gueules en général qui, si elles m’exaspèrent la plupart du temps, font naître chez moi une secrète admiration : Elles ont un culot que je n’ai pas. Bercoff, spécialiste de la satire, m’a souvent fait rire, et ce billet d’humeur ne fait pas exception : Il balance quelques vérités qui méritent d’être lues.
«Face à Trump, nos candidats devraient cesser de s’adonner au macramé»
FIGAROVOX/HUMEUR – Alors que General Motors annonce un plan d’investissement aux Etats-Unis, André Bercoff note que les adeptes des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent sont stupéfaits face à un président américain qui semble vouloir acter ce qu’il a annoncé.
Panique à bord. L’éléphant new yorkais a encore une fois trumpé dans le magasin de porcelaine made in Europe. Cet impudique chef de chantier a l’outrecuidance de croire que, parce qu’il est milliardaire et élu, il peut se permettre de troubler le sommeil plus ou moins comateux des dirigeants européens.
Le voici qui, quelques jours avant son intronisation – que beaucoup considèrent comme une usurpation – il tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge encore sous nos latitudes. L’OTAN, jugé obsolète, ne servirait plus à grand-chose et coûterait trop cher aux contribuables américains. Nos voisins de l’Est, du coup, s’angoissent à l’idée que le bouclier qui les protégeait depuis plus de vingt ans, s’écaille, se fissure, voire tombe en lambeaux. Mais le futur président ne s’arrête pas là. Il félicite les Anglais d’avoir quitté l’Union Européenne et espère que d’autres pays leur emboitent le pas, un appel à la sécession qui fait justement bondir d’indignation notre chef bien-aimé, François Hollande, qui rappelle au vulgaire bâtisseur que notre continent n’a de leçon à recevoir de personne. Visiblement, Trump en tremble d’inquiétude. Et l’open bar continue: Angela Merkel aurait commis une erreur majeure en accueillant sans discernement et sans limite plus d’un million de migrants sans contrôler qui ils étaient et d’où ils venaient. La chancelière allemande réplique dignement que l’Europe sera à la hauteur des défis lancés par les guerres du Sud.
Ce n’est qu’un début ; le futur occupant de la Maison-Blanche continue le combat: il dénonce les traités de libre-échange, y compris avec l’Europe, a visiblement pour Poutine les yeux de Chimène, et définit clairement ses priorités: bras de fer avec la Chine, nouveau Yalta avec la Russie, éradication de l’islamisme radical au Moyen-Orient et en Afrique, toutes précautions prises côté Américain. Le fameux mur à la frontière mexicaine n’est pas non plus oublié: les adeptes des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent et du cynisme électoraliste considéré comme un des beaux-arts, se frottent les yeux, stupéfaits, en constatant que le bougre à la houppette carotte a l’air de vouloir acter ce qu’il a annoncé, ce qui, dans l’auguste tradition politique que nous appliquons depuis des décennies, est une évidente faute de goût.
L’irrésistible Manuel Valls dénonce une guerre déclarée à l’Europe ; des intellectuels plus couchés qu’assis appellent à la révolte contre la trumpisation des esprits ; les féministes qui n’ont jamais rien dit sur la condition des femmes en Arabie Saoudite ou à Saint-Denis, jappent contre le sexisme du roi de l’immobilier, et les antiracistes de pacotille appellent à la résistance contre le nouveau Hitler alors qu’ils n’ont jamais attiré l’attention sur les massacreurs de Nice, et de Charonne, de Toulouse et de Berlin.
Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, la table est en train de se renverser, la vaisselle de se casser, les plaques tectoniques de se déplacer à toute vitesse: les troupeaux de moutons qui s’acheminent plus ou moins nerveusement vers la présidentielle d’Avril-Mai, feraient bien d’étudier sérieusement le séisme en cours, et le futur rapport de forces qui s’en suivra, avant d’abattre leurs cartes.
Face à des dirigeants mondiaux qui ont appris à pratiquer talentueusement le jeu d’échecs, il faudrait peut-être que nos candidats cessent de s’adonner avec zèle au macramé.
André Bercoff – 17/01/17
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Transmis par Graine de Piaf