Comprendre la géo-politique : Les néo-cons au commandes
Impossible de parler de géo-politique sans parler des USA et leurs puissants lobbies néo-cons qui en sont encore, jusqu’à ce jour, les maîtres et dont le moindre éternuement fait trembler la quasi planète.
Une mise en bouche pour commencer :
Nous apprenions hier que le Concil on Foreign Relations (CFR) un think tank très influent, a publié une étude révélant que l’armée US à largué en 2016 l’équivalent de 3 bombes par heures sur les 7 pays du Proche et Moyen-Orient dans ses viseurs : Afghanistan, Pakistan, Syrie, Irak, Lybie, Yemen, Somalie pour un total monstrueux de : 26 171 bombes, (propres, bien sûr, étant entendu que seules les bombes russes font des dégâts).
Bon sang ! On est content d’être français et de participer à tout ça. Et après on s’étonne des millions de réfugiés qui fuient leur pays ?
(Je rappelle que B.Obama fut Prix Nobel de la Paix en 2009. Encore un hochet bidon du système pour gogos crédules à mettre à la poubelle)
Ça, c’était l’entrée, voici le plat de résistance :
Comment les néo-cons, via leur grande prêtresse Victoria Nuland, la copine d’Hillary, manœuvrent-ils pour conserver la Turquie dans l’OTAN ? Et là, vous n’allez pas être déçus !
(Pour ceux qui pratiquent la lecture en biais, consulter la partie soulignée en gras)
La Turquie peut-elle basculer dans le camp russe ?
Même si la Russie a historiquement un lourd passé avec la Turquie, et même si elle se souvient du rôle personnel de l’actuel président Erdoğan contre elle, lors de la première guerre de Tchétchénie, elle ne peut qu’être intéressée par une éventuelle sortie d’Ankara de l’Otan. À l’inverse, l’État profond US, qui poursuit son ambition impériale malgré l’élection de Donald Trump, est prêt à tout pour maintenir la Turquie dans l’Alliance atlantique.
Pour garantir sa survie personnelle, le président Recep Tayyip Erdoğan a lancé une vaste purge de tous les éléments pro-US de son pays ; une purge qui s’ajoute au combat qu’il mène déjà contre la Syrie, contre le PKK, et désormais contre ses anciens mercenaires de Daesh.
La destruction de l’influence états-unienne est d’abord passée par l’éradication du Hizmet de Fethullah Gülen, le prédicateur islamiste qui travaille pour la CIA depuis la Pennsylvanie. Elle se poursuit aujourd’hui avec le limogeage et souvent l’arrestation non seulement de tous les militaires liés aux États-Unis, mais des militaires laïques en général. On n’est jamais trop prudent.
450 des 600 officiers supérieurs turcs en poste à l’Otan ont été rappelés en Turquie. Plus de 100 d’entre eux et leurs familles ont demandé l’asile politique à la Belgique, siège de l’Alliance atlantique.
Première conséquence de cette purge anti-laïque, l’armée turque est décapitée pour longtemps. En cinq mois 44 % des généraux ont été remerciés. Et ceci alors que, lors du scandale Ergenekon 70 % des officiers supérieurs de l’époque avaient été limogés, arrêtés et emprisonnés. Privée de son commandement, l’opération « Bouclier de l’Euphrate » piétine.
Erdoğan est donc contraint de revoir à la baisse ses ambitions militaires pour les prochaines années ; que ce soit en Syrie, en Irak ou à Chypre —trois États qu’il occupe partiellement—. Il a donc laissé tomber Alep-Est (Syrie) —mais pas Idleb— et s’apprête à se retirer de Bachiqa (Irak).
Vu de Washington, une possible sortie de la Turquie hors de l’Otan, ou tout au moins hors du Commandement intégré de l’Alliance atlantique, provoque des sueurs froides à la faction impérialiste du pouvoir. En nombre d’hommes, l’armée turque est en effet la seconde de l’Otan après celle des États-Unis. Au contraire, une possible sortie de l’Alliance suscite plutôt du soulagement à la faction de Donald Trump pour qui la Turquie est un pays à la dérive.
D’où le forcing des néo-conservateurs pour ramener la Turquie dans le « sens de l’Histoire » (celui du « Nouveau siècle américain »). Ainsi, l’assistante du secrétaire d’État, Victoria Nuland, tente d’offrir Chypre à Recep Tayyip Erdoğan ; un projet qu’elle avait conçu suite aux élections de novembre 2015, lorsque le président Barack Obama a ordonné d’éliminer le président turc.
Exerçant un chantage sur le président chypriote Níkos Anastasiádis, Madame Nuland l’a prié d’accepter son « plan de paix » pour Chypre : l’île serait réunifiée et démilitarisée —c’est-à-dire privée de son armée— tandis que l’Otan —concrètement les troupes turques— s’y déploierait. Ainsi, l’armée turque pourrait achever sa conquête de l’île sans combattre. Dans le cas où il refuserait ce marché de dupes, le président Anastasiádis pourrait être poursuivi en justice à New York au motif de son implication en tant qu’avocat dans les affaires de la société Imperium de son ami russe Leonid Lebedev ; une affaire à 2 milliards de dollars.
Ainsi, la rupture avec l’Otan coûterait à la Turquie le Nord-Est de Chypre qu’elle occupe, tandis que son maintien dans l’Alliance atlantique lui offrirait la totalité de l’île.
Certes, dans quelques semaines Victoria Nuland devrait être remerciée par le nouveau secrétaire d’État, Rex Tillerson, mais le groupe qu’elle représente ne devrait pas perdre pour autant tout pouvoir. Madame Nuland est membre de la famille des fondateurs du « Projet pour un nouveau siècle américain », qui participa à la planification des événements du 11-Septembre. Son beau-père, Donald Kagan du Hudson Institute, a formé les néo-conservateurs et les disciples de Leo Strauss à l’histoire militaire de Sparte. Son beau-frère, Frederick Kagan de l’American Entreprise Institute, a assuré les relations publiques des généraux David Petraeus et John R. Allen. Sa belle-sœur, Kimberly Kagan, a créé l’Institute for the Study of War. Son époux, Robert Kagan est aujourd’hui rémunéré par l’ancien émir du Qatar à la Brookings Institution. Quatre figures, cinq think tanks, mais une seule idéologie.
Victoria, quant à elle, fut successivement ambassadrice à l’Otan, porte-parole d’Hillary Clinton, et organisatrice du coup d’État de Kiev, en février 2014. Elle a aidé les présidents Petro Porochenko et Erdoğan a créer officiellement la « Brigade internationale islamique » qui a organisé de vastes sabotages en Russie. Son action sera poursuivie par l’État profond US contre l’administration Trump.
C’est le groupe qui se tient derrière les Kagan qui poursuit la guerre en Syrie, sans autre objectif que de se maintenir au Pouvoir. Non seulement le président Barack Obama n’a pas été en mesure de les chasser de son administration, mais une personnalité comme Victoria Nuland qui était considérée comme une figure de proue de l’administration Bush n’a pas eu de difficulté à monter en grade dans l’administration démocrate et à organiser une vague de russophobie. Si elle travaillait en bonne intelligence avec Hillary Clinton, elle n’a pas cessé, avec son ami Jeffrey Feltman, le véritable patron de l’Onu, de saboter la diplomatie du secrétaire d’État, John Kerry.
Connaissant la capacité d’Erdoğan à changer brusquement de stratégie, Moscou va devoir soit calmer les angoisses d’Anastasiádis, soit proposer quelque chose de plus alléchant à Ankara pour le garder au milieu du gué, entre les États-Unis et la Russie.
Source
Al-Watan (Syrie)
[NB : Thierry Meyssan est un journaliste d’opinion, donc qui oriente ses articles d’après ses convictions. Classé X par les MMS il fut rangé d’office dans le fourre-tout des complotistes du fait des analyses et convictions qu’il a exprimées sur le 9/11. Certains l’accusent même d’être d’extrême-droite ce qui est le cas d’à peu près toutes les sources d’information hors doxa, (y compris nous, l’année dernière – un grand moment de rigolade). Les infos qu’il fournit sont souvent instructives car peu ou pas transmises dans les grands médias pro atlantistes et pro européens même si l’on peut débattre de la façon dont elles sont interprétées]
Image à la Une : Ce que Kerry fait le jour V. Nuland le défait la nuit. – Ibid