Opinion : Non, ça ne « s’arrange pas » du tout en Syrie !
Certains voient en la reconquête d’Alep par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés le commencement de la fin du conflit entre grandes puissances par Syrie interposée.
Ce n’est pas le point de vue de l’auteur de l’article qui, analysant les dernières dispositions prises par le gouvernement Obama, voit au contraire une augmentation du risque d’affrontement direct avec la Russie.
Soyons lucides, la menace d’un conflit mondial entre le bloc occidental et eurasien n’est pas évacuée parce que Daesh recule à Alep. Vous le savez, le système économique est malade et ne fonctionne qu’avec des rustines. Ce ne serait pas la première fois que l’option d’une guerre serait employée pour effacer l’ardoise de l’endettement et permettre au système de se refaire une jeunesse. Il va falloir être très vigilants dans notre choix en mai prochain. Ne pensez pas qu’à votre porte-monnaie en examinant les programmes. Bien que peu évoquée par des candidats majoritairement liés aux US et européistes, une sortie de l’Otan reste un sujet majeur de la campagne : il s’avérera fondamental pour nous si le pire advenait. L’OTAN c’est, pour ses membres, contractuellement la guerre. Il n’y a pas d’autre option. Pensez-y.
Galadriel
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S’agit-il d’une stratégie pour bloquer la voie au nouveau président étasunien ou la soif d’une fin glorieuse ?
Trois évènements majeurs en sont les signes avant-coureurs :
1. La Chambre des représentants vote une zone de non-survol en Syrie.
2. Le Congrès approuve la livraison, à l’opposition syrienne, des missiles surface-air.
3. La volte-face de Washington sur les propositions visant à faciliter le départ des terroristes d’Alep.
Dans les trois cas, ces initiatives de Washington vont tout droit vers une confrontation inévitable en Syrie où la Russie joue un rôle majeur dans la lutte contre le terrorisme et dans sa lutte pour le respect du droit international du peuple syrien à disposer de son propre destin. Sa présence en Syrie répond à une demande de l’État syrien et sa lutte contre le terrorisme vise toutes les forces armées illégitimes qui s’attaquent aux populations et aux fondements de l’État de droit.
Regardons de près ce que peut représenter chacune de ces trois décisions.
Ce que nous voyons dans la première mesure c’est l’initiative d’un gouvernement étranger, les États-Unis, qui s’octroie l’autorité de décider des zones de l’espace aérien syrien à interdire, tout particulièrement aux forces aériennes de l’armée syrienne tout comme aux forces armées aériennes russes. Cette mise en scène comporte tous les ingrédients pour que le gouvernement syrien avec ses missiles sol-air assure sa pleine autorité sur la totalité de son espace aérien.
La Russie n’aura d’autres choix, en tant qu’alliée indéfectible de l’État syrien, d’assurer la protection de ce même espace aérien.
La seconde mesure porte sur la livraison à “l’opposition armée syrienne” de missiles surface-air. Imaginons un seul instant qu’un gouvernement étranger ait fourni ouvertement et sans soucis du droit international des armements lourds aux Forces armées révolutionnaires de Colombie, FARC-EP, pour les aider à renverser le gouvernement légitime de Colombie. C’eut été un geste dénoncé avec force par la communauté internationale et les États-Unis n’auraient pas hésité un instant à intervenir pour mettre un terme à pareilles livraisons d’armes. Pourtant, ce qu’ils font en Syrie est exactement de même nature. Ils arment et financent une opposition pour qu’elle déstabilise le gouvernement légitime de Bachar al-Assad. D’ailleurs, cette opposition armée, comme nous l’avons vu dans un article antérieur, se fond avec les terroristes qui poursuivent les mêmes objectifs.
La troisième décision, celle de la volte-face, fut une surprise tout à fait inattendue de la part du partenaire russe. De fait, après plusieurs heures de discussions, lors d’une rencontre à Rome, Kerry, le Secrétaire d’États des États-Unis, et Lavrov, le ministre des Affaires extérieures de Russie, en étaient venus à une proposition sur laquelle les deux parties se disaient d’accord pour résoudre la sortie des terroristes d’Alep, toujours soumis à des attaques, sans cesse plus menaçantes et efficaces de l’armée syrienne et de ses alliés. Cette proposition devait être discutée à Genève, samedi, le 3 décembre.
« Récemment, Sergueï Lavrov et le secrétaire d’État américain John Kerry s’étaient mis d’accord pour une rencontre à Genève sur la Syrie. Selon le ministre russe des Affaires étrangères, John Kerry lui avait demandé de soutenir un document qui correspondait à la vision de la Russie. » (Sputnik News, 6 décembre 2016)
À peine quelques jours avant cette rencontre à Genève, Sergueï Lavrov apprend ce changement de cap de la part de son partenaire étasunien. Suite à cette volte-face. Sergueï Lavrov eut ce commentaire qui en dit long sur la présente situation.
« Nous avons compris qu’il est impossible de discuter sérieusement avec nos partenaires américains ». (Sputnik News, 6 décembre 2016)
Une telle phrase, comprise dans le contexte de cette autre fameuse phrase de Poutine à Valdaï, en octobre 2015, a de quoi nous interpeller:
« Il y a 50 ans déjà, à Leningrad, la rue m’a appris une règle : si la bagarre s’avère inévitable, il faut frapper le premier. »
L’élection de Trump, la mise au grand jour des liens entre Washington et les terroristes, la fin d’un mandat désastreux, les victoires de la Russie et du gouvernement de Bachar al-Assad sur les terroristes, tout cela et bien d’autres choses, ouvrent la porte à bien des imprévus à très court terme.
Oscar Fortin
Le 6 décembre 2016