L’influence du son : Le projet Geminiani pour une musique réglée sur 432 Hz

Il y a  des musiciens, humanistes, (oui, eux aussi) qui luttent pour le retour de la musique basée sur un diapason réglé sur 432 Hertz.  Pourquoi ? Pas  pour un retour rétrograde à une pratique ancienne. Il y a des raison toutes autres. Nous avons déjà abordé ce sujet dans un article précédent. Celui-ci vient le compléter. Intéressant.

Voici la transcription de l’intervention de Gian Marco Sanna, violinniste, fondateur et directeur artistique du Projet Geminiani, lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller des 25 et 26 juin 2016 à Berlin.

Si vous préférez écouter la vidéo, vous pouvez le faire sur le site de Solidarité et Progrès en cliquant sur le lien suivant :

http://www.solidariteetprogres.org/actualites-001/gian-marco-sanna-le-diapason-de.html

Le diapason de Verdi, une démonstration

Bonjour. Je m’appelle Gian Marco Sanna, et je suis le fondateur et chef d’orchestre du Projet Geminiani, basé à Londres. Je vais prendre cinq minutes pour vous raconter mon histoire. Ce qui s’est passé, c’est que j’ai déménagé à Londres ; j’ai quitté l’Italie en 1997. J’ai été en France, et en Allemagne, pendant quelques mois ; et j’ai vécu au Portugal et en Espagne. J’ai vu du pays. À un moment donné, j’ai décidé de déménager en Angleterre, à Londres, et de commencer à zéro un nouveau projet. Je n’avais pas une idée claire de ce que je voulais faire, mais je savais que je voulais quelque chose de nouveau – et de concret, je le ressentais, d’une certaine façon. Mais je n’étais sûr de rien.

Pour me fixer les idées, je me suis lancé dans des recherches sur Internet. J’ai par exemple lu un certain nombre de messages sur Facebook de gens qui parlaient de musique au diapason du la 432. J’ignorais à peu près tout de cela à ce moment-là. Je n’y étais donc pas du tout préparé. Et je me suis mis à approfondir le sujet. Par exemple, j’ai vu que depuis 2002 environ, il y avait la musique Funk, et que Chiang-Ie Hue enregistrait au la 432. Je me suis alors dit : « Tiens c’est drôle. Voilà quelque chose qui mérite que je m’y intéresse un peu, et que je m’y investisse. » J’ai donc creusé le sujet, et à un moment donné j’ai commencé à m’interroger sur ce que voulait dire ce 432. Et à force de lire à droite et à gauche, j’ai commencé à comprendre. Eh bien dites-donc, j’avais ouvert ma fenêtre sur un nouvel univers !

J’étais vraiment stupéfait. J’ai pensé que oui, cela pouvait devenir mon nouveau projet, mais qu’il fallait que j’en sache encore davantage. C’était en 2012, voici seulement quatre ans. Comme les musiques Funk et même Pop étaient enregistrées à 432 – Pink Floyd le faisait déjà bien avant – je me disais : « Pourquoi cela ? Ce n’est sûrement pas un hasard. Il doit y avoir quelque chose de vrai là-dedans. »

Pourquoi 440, me suis-je alors demandé. Pourquoi m’a-t-on bonimenté toute ma vie sur le la 440 ? En fait, le la du diapason n’a jamais fait que monter, jusqu’à ce qu’un beau jour on le fixe à 440. Très bien. Cependant en Allemagne, le Philharmonique de Berlin s’accorde à 446, je crois. Où cela s’arrêtera-t-il ? C’est comme la tour de Babel – c’est à n’y rien comprendre.

J’en venais à me dire : « Non, non, non, non : il faut arrêter cela d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas juste. » Pour couronner le tout, chaque jour que je passais sur Internet apportait son lot de révélations. Comme la qualité de la fréquence, ce que la fréquence produit. Parce que c’est bien beau de se dire qu’on joue à 432, mais si on n’est pas trop fixé… Si on ne sait pas trop pourquoi… Non vraiment, j’ai découvert des choses extrêmement intéressantes. Tenez par exemple, Goebbels et les expériences pratiquées par les nazis sur des soldats, à 432, 440, 450 ! Il s’est rendu compte que lorsqu’on jouait le même morceau, strictement le même, à 440 puis à 450, le pouls augmentait, de même que la pression sanguine ; et l’agressivité augmentait. C’était si vous voulez comme un effet Red Bull, si vous me passez l’expression. Je pense que vous saisissez [rires].

Donc Goebbels s’est dit :« Tiens, tiens, si la fréquence a ce pouvoir, je peux l’utiliser, pas vrai ? ». À des fins obscures. Et alors je me suis dit que s’il y avait moyen d’utiliser ce pouvoir à des fins obscures, il devait y avoir aussi moyen de l’utiliser à des fins utiles. C’est ce que j’ai voulu faire.

Et alors, pourquoi « Projet Geminiani » ? Parce que j’étais à Londres en 2012, et que cette année-là j’ai découvert que l’on y fêtait le 250ème anniversaire de la mort de Francesco Geminiani, un compositeur et violoniste italien arrivé à Londres en 1714. Il y a connu un grand succès. Il est devenu le musicien du Roi, de la cour ; je me suis dit : « C’est lui qu’il me faut. C’est le nom que je veux retenir. C’est un Italien venu à Londres, comme moi : allons-y ! Sans doute me portera-t-il chance ! » Donc voilà pourquoi.

Revenons à la fréquence. Je me suis attelé à la tâche. J’ai créé une page Facebook. Après avoir créé l’ensemble, ce qui s’est passé, c’est que j’ai commencé à m’accorder moi-même à 432. Pour ne rien vous cacher, ça a été très dur les deux ou trois premiers jours. Mais en même temps, je ressentais une différence. Je jouais un Niccolo Rupo de la fin du XVIIIe, avec un violon datant de 250 ans, contre lequel je me battais régulièrement pour parvenir à l’homogénéiser ; un « loup », dans le langage technique, c’est lorsque deux notes voisines, le et le do par exemple, se mettent à vibrer en même temps ; mettons que vous jouez un do, alors le du violon se met à vibrer lui aussi. Or ces deux notes ne s’accordent pas, elles ne vont pas ensemble. Le son produit fait « Ouuuuuh » : c’est une note « fofolle », si vous voulez. Nous l’appelons un « loup » à cause de cela, parce que cela produit ce genre de son-là.

Et mon violon avait toujours eu un loup. Le meilleur Stradivarius aura son loup ; tous les violons en ont un. Et que s’est-il passé ? Je me suis mis à m’accorder à 432, et le loup a disparu ! Je ne plaisante pas ! Allons, me suis-je dit, c’est sûrement une coïncidence. Mais il y en a eu d’autres, des « coïncidences » comme celle-là : le violon sonnait beaucoup plus équilibré, plus doux.

Allez, une autre petite anecdote. Je suis diplômé en violon, et j’ai un autre violon, moins bon que l’autre : eh bien il grinçait en permanence ! Or je ne crois pas avoir un mauvais son. Je ne crois pas que je grince, pas du tout – mais ce violon me grinçait aux oreilles sans que je sache pourquoi. J’avais 25 ans à l’époque ; j’ai donc pensé que probablement je n’étais pas fait pour le violon. J’ai donc décidé d’obtenir un autre diplôme, en alto. Je me disais que bon, l’alto étant plus bas, il irait mieux. J’ai obtenu mon diplôme d’alto, mais l’alto lui aussi grinçait.

Ce n’était pas le violon, et ce n’était pas l’alto : c’était la fréquence. Ce n’était que la fréquence.

J’étais donc aux anges. Cette nouvelle fréquence, à laquelle je m’habituais, me satisfaisait beaucoup plus. J’ai ensuite découvert des choses fort intéressantes : par exemple, le périmètre de la pyramide de Khéops, multiplié par 432, donne le périmètre équatorial de la planète [1] ; et la hauteur de la même pyramide multipliée par 432 vous donne son périmètre polaire [2]. Autres coïncidences, donc. Mais non : je ne crois pas aux coïncidences. Mais admettons, admettons.

Je me suis donc mis au 432. Comme professeur, et comme exécutant ; il m’a fallu renoncer à de nombreux postes dans des orchestres ; j’ai dû dire non à des auditions qu’on me proposait. Parce que j’avais décidé d’un autre genre de vie. Du suicide ? Probablement. Mais je suis heureux ainsi.

Je me suis donc mis à vivre différemment. Il faut savoir que chaque fois, mais vraiment chaque fois qu’un de mes étudiants doit passer un examen pour une école ou autre, comme ce sont des étudiants privés, ils s’adressent à moi ; je leur enseigne à 432, et ils le savent. Et lorsque vient l’heure de l’examen, le piano de l’accompagnateur est à 440 : il faut que j’accorde le violon à 440, et mon Dieu que le son est agressif ! Je crie au meurtre ! Le son me fait une impression d’acidité, d’agressivité ! On en revient d’une certaine manière au problème des sons grinçants.

Dans mes cours privés, j’ai rencontré un autre Italien, un ingénieur de 34 ans, qui fait de la compétition de moto. C’est un motard convaincu. J’ai commencé à lui parler du la 432, espérant qu’il comprendrait. Son regard disait : « Oh la la ce gars est fou ! » Et moi de lui dire : « C’est bon, je me tais. Si vous voulez changer de professeur, allez-y. », « Pas du tout » m’a-t-il répondu « En fait, je vous crois. Savez-vous pourquoi ? Parce que nous autres ingénieurs qui préparons les motos, quand nous voulons rendre plus flexible par exemple une pièce donnée, nous la bombardons d’une certaine fréquence. » Et moi : « Quoi ? La fréquence peut produire ça ? » J’étais ébahi.

« Oui tout à fait, la fréquence peur produire ça, et ça… » et ainsi de suite. J’ai aussi découvert par la suite Masaru Emoto, et comment la fréquence peut changer la forme de l’eau. Elle prend des formes qui dépendent de la fréquence. C’est ahurissant. Aujourd’hui on arrive à faire voler des objets, de petits objets, à certaines fréquences. Totalement ahurissant. Tel est le pouvoir de la fréquence. Il est si grand, si au-delà de ce qu’on pensait jusqu’ici, juste parce que personne n’en parlait jamais ; on n’en parlait pas du tout. D’accord, j’ai une théorie là-dessus : vous savez comme le pouvoir est ambigu. Et qui a le pouvoir ? Qui veut détenir le pouvoir et le conserver ? Je suis sûr que vous savez faire deux plus deux égale quatre. C’est ce qui se passe ici, je pense, pas vrai ?

Donc je suis très heureux de tout cela. L’Ensemble a démarré très naturellement. C’est vrai, si vous avez un projet, il vous faut un ensemble, un ensemble à cordes. Et à ce que je pense, il n’y a pas de meilleur moyen pour ressentir la différence entre les deux fréquences.

Cela a été très difficile, vraiment très difficile au début, mais aujourd’hui cela s’arrange et cela va beaucoup mieux. Et vous l’avez constaté, vous qui êtes allés au concert hier soir, n’est-ce-pas ? Roberto Valdes, par exemple, n’avait jamais joué à 432. Il est venu du Portugal par amitié. C’est un soliste international ; c’est un soliste et un professeur de renom. Il est venu du Portugal, simplement pour essayer ! Pour m’aider, bien entendu, mais aussi pour essayer. L’altiste n’avait jamais joué à 432 non plus ; Jochen, le contrebassiste, un garçon très curieux, et très intéressant, vraiment un très bon musicien, n’avait jamais joué à 432 non plus – et il a été enthousiaste.

Or cela a été difficile, très difficile au début, mais désormais, je crois que c’est la seule manière que je puisse poursuivre. Je ne me vois vraiment pas faire quoique ce soit d’autre. Je ne dis pas cela parce que je me tiens devant vous, mais je me tiens devant vous à cause de cela. C’est l’inverse ! [applaudissements]

Ici le lien vers l’article avec les vidéos des interprétations du Camerata Geminiani au concert « dialogue musical des cultures » joué la veille dans le cadre de la conférence.

Commentaires sont clos