Enlèvements, tortures : Ces prisons secrètes de l’Ukraine …
Et pendant ce temps, avec le consentement tacite de l’Europe et le silence des médias, Kiev enlève et torture en toute tranquillité…
Ces prisons secrètes que l’Ukraine ne peut plus cacher
par Karine Bechet-Golovko
Les ONG ont décidé d’ouvrir les yeux sur les prisons secrètes du SBU (services secrets ukrainiens) et d’insister. Après l’enchaînement des rapports prenant acte de disparitions systématiques organisées par les services spéciaux ukrainiens, aucune mesure n’ayant bien évidemment été prise par Kiev, Human Right Watch (HRW) et Amnesty International (AI) ont envoyé une lettre aux autorités ukrainiennes compétentes. La presse française préfère pour l’instant de ne pas en parler. Ce qui n’est pas une surprise non plus, la position du Gouvernement n’ayant pas changée.
Rappelons que le 3 juin, l’ONU sort un rapport mettant en évidence la pratique des enlèvements et tortures de civils par les services secrets ukrainiens, disant que les deux parties pratiquent les mauvais traitements sur prisonniers. Pourtant, au delà de ces « deux parties » censées faire passer la pillule, les accusations des personnes enlevées par les ukrainiens pour leur sympathie envers les combattants du Donbass s’accumulent.
Ainsi, au début de l’année HRW et AI avaient déjà transmis aux autorités ukrainiennes une liste de personnes civiles détenues arbitrairement par le SBU. Mais aucune mesure n’a été prise. Des affaires sont formellement ouvertes pour enlèvement, sans qu’une enquête ne soit réellement menée. Le 21 juillet, HRW et AI publient donc un rapport visant à diffuser l’information sur ces pratiques. Discrètement, le 25 juillet le SBU libère de la prison secrète de Kharkov 6 prisonniers faisant partie de cette liste et le 2 août encore 7. Mais entre temps, ils en enlèvent encore d’autres.
Amnesty International et Human Rights Watch ont établi que des détentions illégales et non reconnues ont eu lieu dans les locaux du SBU à Kharkiv, Kramatorsk, Izyum, et Mariupol. |
Les enlèvements se passent de différentes manières. Soit, les gens sont enlevés chez eux, soit dans la salle du tribunal ou dans le lieu de détention provisoire si un juge a la mauvaise idée de prononcer un jugement d’acquittement.
Sur les 13 libérés, peu ont accepté de témoigner, car le SBU les avait menacé de représailles s’ils disaient avoir été détenus. Ils se sont retrouvés sur la route avec quelques monnaies pour prendre le bus. Les trois personnes dont le témoignage a été repris par ces ONG parlent d’un enlèvement avec sac sur la tête, tous sont des sympathisans du Donbass sans pour autant prendre une part active dans le combat et aucune accusation concrète ne leur a été présentée. Au pire, ils ont participé au référendum, ce qui ne constitue pas une infraction. Ils furent incarcérés, battus, mis à nu. Leur mauvais traitement a pu durer plusieurs mois, certains y sont depuis 2014. Leurs tortionnaires sont variés, il s’agit également de membres des bataillons punitifs ukrainiens comme Donbas ou Dniepr-1.
Évidemment l’Ukraine nie en bloc ces accusations, affirmant qu’ils ont autre chose à faire et que tous les membres des forces de l’ordre sont de parfaits éléments soucieux de la légalité. Cette attitude, selon ces ONG, favorise la pratique des enlèvements, puisqu’elle garantie une totale impunité à leurs auteurs.
L’on regrettera le silence des médias, qui, lorsqu’ils survolent la question insistent sur la responsabilité de ceux qu’ils appellent les « séparatistes » sans vouloir s’interroger sur ce qui constitue des crimes de guerre commis par les autorités de l’Ukraine actuelle avec le silence consentant d’un l’Occident qui depuis longtemps est passé du compromis à la compromission. Mais il est vrai que l’Ukraine a le temps de venir voir, car rien d’important ne sera mis en place tant que les élections américaines n’auront pas eu lieu. Et l’Europe attend également, pour voir quel sera le nouveau visage du maître de la politique occidentale.
Karine Bechet-Golovko
lundi 29 août 2016
VIA : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article7519
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IMAGE A LA UNE : © Michel Chelbin (Times)