Syrie : Redistribution des cartes. Poutine à la manœuvre.

Le coup d’État turc, quelque soit son origine est entrain de  redistribuer des cartes en Syrie très compliquées à lire. La Syrie est un véritable chaudron où bouillonne un dangereux potage aux multiples ingrédients. Il semblerait bien, selon quelques analyses croisées que j’ai pu lire, que la toque du chef soit passée de la tête d’Obama à celle de Poutine, apparemment bien décidé à éteindre le feu  sous la marmite au profit de l’état Syrien,  de celui de l’Iran et bien sûr du sien indirectement.  Difficile encore une fois de savoir ce qui se trame dans les couloirs feutrés des palais présidentiels. Il y a tellement d’intérêts divergents, d’alliances réelles ou temporaires, de groupuscules en jeu, d’informations et contre-informations qui se croisent et ce à plusieurs niveaux que l’on s’y perd.   Cet article est plutôt clair bien expliqué et sourcé.  Il vient une fois encore équilibrer les versions atlantistes et c’est en cela qu’il est intéressant.

Le déploiement des chasseurs de combat russes en Iran contenait un message : en Syrie, toutes les options militaires sont possibles. En représailles, Washington a joué la « carte kurde » pour provoquer un embrasement à Hassaka, ville qui pourrait servir d’épicentre aux évolutions futures. 

C’est en réponse à la méga-surprise que fut le décollage des Tu-22 et des Soukhoï russes depuis la base aérienne iranienne de Nojeh que les États-Unis ont sorti la carte kurde dans l’est de la Syrie. Les Kurdes ont avancé dans l’Est, quitte à provoquer des raids de l’aviation syrienne contre leurs positions. Pour la première fois depuis le début de la guerre, les chasseurs syriens ont pris pour cible les positions kurdes à Assayech. Ces raids ont précédé l’incursion puis l’occupation de la ville de Jerablos par les militaires turcs. Cette incursion, Ankara a affirmé l’avoir organisée dans le « strict objectif de lutter contre Daech et de préserver l’intégrité territoriale syrienne ».

Le site libanais El-Nashra revient sur l’ensemble de ces évolutions et écrit :

« La guerre en Syrie prend une nouvelle tournure avec en toile de fond de nouveaux développements à l’échelle de toute la région. Les premiers signes de cette nouvelle donne sont apparus à Hassaka. Certaines informations font aussi état d’une entente secrète Iran/Turquie/Syrie contre l’avancée des Kurdes, qui ambitionnent de créer un État indépendant. « 

Le site se réfère ensuite aux informations publiées par DEBKAfile, source proche des milieux de renseignement de l’armée israélienne :

« Selon les toutes dernières informations publiées par les services de renseignement israéliens, la guerre en Syrie est sur le point d’entrer dans une nouvelle phase. Il est fort probable que les chasseurs chinois s’impliquent très bientôt dans des combats qui se déroulent à Alep et c’est pour cette raison qu’une délégation militaire chinoise s’est rendue à Damas. »

« En dépit de la trêve acceptée par les Russes à Hassaka, les unités militaires kurdes s’étaient rassemblées dès mardi à minuit à Qameshli et les troupes turques s’attendaient à ce que les Kurdes avancent vers Jarablus. »

Al-Nashra mentionne ensuite les propos d’un général américain à la retraite repris dans les colonnes du Washington Post et écrit :

« Diverses clauses de l’accord secret entre l’Iran, la Russie et la Turquie prévoient de contrer la menace de l’émergence d’un État kurde. Et si ces clauses se réalisent, ce serait alors la fin des rêves fédéralistes des Kurdes.

Selon des sources proches du ministère italien de la Défense, les semaines à venir seront lourdes de coups de théâtre, les États-Unis pouvant ordonner aux Kurdes de déplacer le front des combats de Jarablus au front nord. Le journal israélien Maariv reprend, quant à lui, son analyse au sujet de l’ouverture de la base aérienne iranienne de Hamadan aux chasseurs russes et écrit :

Il s’agit d’une décision qui marque un point de non-retour en termes stratégiques, décision selon laquelle l’Iran, la Russie et le Hezbollah compteraient en finir avec la bataille d’Alep avant la présidentielle américaine. La visite à l’improviste d’une délégation militaire chinoise à Damas pourrait également entrer dans la nouvelle logique qui dicte en ce moment les combats en Syrie. Les prochains développements sur le front des combats seront plus larges, plus amples et dépasseront la seule province d’Alep. Il se peut que les avions de combat chinois s’engagent pour la première fois en Syrie, ce qui suffira bien à donner des soucis à Israël.

Il y a un an, un navire de guerre chinois aurait accosté au port de Tartous dans l’Ouest syrien. L’information reste à confirmer mais elle a son importance. Selon certains officiers de renseignement américains, il est bien probable que la Chine lance une campagne de bombardement contre les terroristes d’al-Jaysh al-Islami al-Turkistani », soit des takfiristes turkmènes. C’est une milice qui regroupe plus de 3000 Ouïghours, lesquels combattent surtout dans le Nord syrien.

Ce qui est sûr, c’est que la Russie tente de faire comprendre aux États-Unis une chose : toutes les options militaires sont sur la table. À en croire le journal français Politis, Poutine prépare une nouvelle surprise pour ses adversaires dont le poids ne sera pas moindre que celui des précédentes : il y aura peut-être d’ici quelques temps, une rencontre Assad-Erdogan à Damas…

SOURCE : http://presstv.com/DetailFr/2016/08/27/481901/Syrie-la-mgasurprise-de-Poutine

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http://presstv.com/DetailFr/2016/08/27/481910/Foreign-Policy-lespionnage–lIsralienne-aux-EAU