Spiritualité : Les pièges de l’ego

Il est parfois difficile de s’y retrouver parmi  tous ces textes que l’on peut lire, ainsi que  vidéos, conférences, stages (parfois à prix d’or) qui fleurissent depuis l’élan new-age, notamment sur le net. Cet élan est né, du moins en occident,  d’un effacement du poids des dogmes religieux provoquant une demande de sens dans un monde absurde et qui s’étend, répondant en écho à une société hyper matérialiste  instable et inquiétante. Une injonction domine tout ces discours :  Sus à l’ego !

Malheureusement, tout n’est pas forcément respectable et productif car sous le masque du discours vertueux et faussement emprunt d’humilité d’un(e) enseignant(e)  peut se cacher une personnalité totalement dominée par l’ ego qu’il(elle) prétend avoir vaincu, sinon effacé et plus grave, qui se présente comme modèle porteur d’une vérité universelle. 

Déjà, là, il y a un problème. En effet, si nous avons un socle d’influences communes, (histoire, culture, éducation etc…) aussi proche que nous soyons d’une personne, notre façon de les interpréter et de les vivre sera différente : nous sommes des êtres uniques et si nous avons des similitudes, nous ne pouvons en aucun cas être identiques. Il ne peut donc exister de recette universelle que dans les grandes lignes communes à toutes les sagesses qui ont émergé de notre humanité, (encore que ce serait à débattre.) Vous comprenez alors tout l’intérêt d’apprendre à se connaître et à pratiquer un doute constructif.  Une bonne piste pour vous guider est la joie intérieure que vous procure telle ou telle pratique : Si vous avez l’impression de ramer à contre-courant, si cela vous éloigne du grand bain de la vie,  interrogez-vous sur les peurs qui vous guident et l’opportunité de vos choix.

Mais il n’y a pas que ceux qui se présentent comme des maîtres avancés que cela concerne. Le piège concerne tout ceux qui ont choisi de développer leur esprit. La tentation est grande dès qu’une pratique assidue commence a porter quelques fruits de s’illusionner sur soi et d’avoir l’impression de faire partie d’une sorte de caste supérieure. C’est tellement vrai, qu’à un niveau très basique nous en avons un exemple quasi quotidien dans le milieu alternatif : Quel soulagement n’est-ce pas,  de nous considérer plus éclairés, plus intelligents que ces pauvres beaufs aveugles que nous appelons les « moutons » ?  Ce n’est pas le terme en soi qui est méprisant, mais bien l’intention que nous y mettons.  Elle peut aller d’une compassion teintée d’humour à la condescendance la plus profonde .

N’oublions pas cette règle : Ce que nous voyons et comprenons de notre univers n’est jamais que le reflet de ce que nous portons en nous-mêmes.

Alors, que faire de cet ego utile mais encombrant qui nous divise et nous sépare de nos semblables, qui rend dysharmonieuses nos relations et génère des conflits ? Doit-on travailler à l’éradiquer ou plutôt apprendre à le dresser afin d’en faire un serviteur obéissant et zélé ?  Comment reconnaître les tempéraments dominés par leur ego spirituels et les éviter ? Comment débusquer en soi ce mécanisme subtil qui, lorsque nous le chassons par la porte revient insidieusement par la fenêtre ?

L’article ci-dessous pourrait apporter des éléments utiles à votre réflexion sur cette vedette du développement personnel : notre puissant ego.

Galadriel

 

FAUT-IL  DISSOUDRE L’EGO OU SIMPLEMENT LE METTRE A SA PLACE ?

En spiritualité, la déviation la plus dangereuse, c’est de croire dominer son ego alors qu’on devient peu à peu un orgueilleux spirituel. La spiritualité, surtout dans ses approches orientales, préconise la dissolution de la personnalité au point de se désincarner, de vivre à part des autres (et souvent de vivre à leurs crochets), de devenir vide, comme sans vie concrète.

C’est une chose qu’un être réalise qu’il n’est pas qu’un corps physique, qu’il n’est surtout pas ce qu’Il croit être, qu’il possède une âme au service de son Esprit, qu’il est une entité multidimensionnel qui agit sur différents pjememoilans, qu’il est une Totalité divine. Mais il se présente un réel problème quand la volonté de dissoudre l’ego dévie en prétention spirituelle et en esprit diviseur. À ce moment, un chercheur développe un sentiment de supériorité et il se met à comparer sa voie spirituelle à celle des autres, il ose même tenter de déterminer son degré de conscience par rapport au leur. Cela se note dans le fait qu’il condamne celui qui est différent, qui ne suit pas la même voie que lui, qui n’adopte pas ses attitudes et son vocabulaire.

Évidemment, ce rêveur désincarné trouve son fondement de comparaison dans les maîtres spirituels ou des leaders religieux qu’il préfère, souvent auréolés de légendes, considérant comme de faux-maîtres et des imposteurs ceux qui ne répondent pas à cette image bien précise, souvent trop ascétique.

Du matin au soir, il cherche à correspondre à l’idée qu’il a de la spiritualité, vivant de plus en plus de ses illusions spirituelles, ce qui en fait un fumiste ou un illuminé qui ne sait plus incarner ce qu’il apprend, le vivre vraiment, ce qui commence par l’application de l’Amour. Car un chercheur sage ne se permettra jamais de juger les autres, d’entamer une discussion sur leurs croyances, de se prononcer sur leur manière de vivre, même se permettre d’y penser.

Alors, limité à ses croyances, à ses critères, a ses principes, si ce n’est à ses dogmes, il en vient à rejeter consciemment ou inconsciemment toute personne qui ne répond pas à ses notions et attentes, se prononçant sévèrement sur ceux qui se permettent de rester différents. Surtout s’ils savent répondre à leurs besoins fondamentaux et s’occuper de leur propre personne, il les accusera de vivre dans l’ego, parce que, lui-même, il se sentirait coupable de faire comme eux.  Il a oublié que la spiritualité vraie vise à fusionner le Ciel et la Terre, non à chercher l’un au détriment de l’autre. Sur un réseau social, on peut le reconnaître au fait qu’il n’ose pas donner son nom, qu’il ne s’identifie pas par sa propre photo, qu’il remplace par un symbole, un animal ou une plante, l’image d’une entité céleste ou d’un maître spirituel. Lui, il vit si peu dans l’ego, qu’il en devient invisible, incapable de se présenter.

Sans s’en rendre compte, il a nié la Vie telle qu’elle est avec son aspect concret et ses aspects subtils. C’est-à-dire qu’Il vit comme s’il n’était plus qu’un Esprit, s’était évaporé dans l’Essence, alors qu’il est en fait devenu un mort-vivant, qui croit évoluer, mais qui régresse, pour avoir perdu ses racines.

La vanité spirituelle représente un fléau et un moyen sur de s’emprisonner et de plonger en enfer, celui qu’un être incarné s’engendre. C’est le travers de celui qui tire une fierté fausse ou excessive dans l’autosatisfaction, une prétention de l’ego en regard de son prétendu degré de conscience ou de son degré présumé de réalisation spirituelle. Il se manifeste par le recours à sa prétendue sagesse pour impressionner ou manipuler ses semblables, afin d’augmenter sa cour personnelle, de les mener ou de les contrôler. Elle repose sur les jeux de la personnalité, maîtresse de l’illusion, des masques et des mensonges, dont la première préoccupation est de garder dans l’ignorance de sa divinité ou d’amener à se complaire dans le fait de se croire plus éclairé que les autres.

Ainsi, le chercheur spirituel prétentieux, arrogant et condescendant, devient de plus en plus critique de son milieu, à commencer par ses proches, qu’il ne parvient plus à accepter comme ils sont et à tolérer, en venant souvent à se plaindre qu’il ne trouve jamais autour de lui d’âmes intéressante, soit d’âmes à son égal. Comme il est un spiritualiste qui sonne faux, comment peut-il s’attirer des personnes de taux vibratoire élevé. N’attire et ne s’entoure-t-on pas de personnes en affinités, chargées de servir de miroir? Sauf que, pour certains chercheurs spirituels, ce genre de prétention à leur propre endroit en vient à leur servir à attester le fait qu’ils sont devenus meilleurs que les autres membres de l’humanité ou qu’ils leur sont supérieurs, même si c’est encore loin d’être le cas. L’astuce inconsciente réside dans le fait que s’ils parviennent à en convaincre plusieurs de leurs semblables, il croient s’en donner la preuve, ce qui, dès lors, les autorise à entraîner le plus grand nombre d’entre eux sur un chemin spirituel qu’ils conçoivent comme le seul vrai et authentique.

Pourtant, la sagesse de l’être vrai, lumineux, simple, humble, transparent, ne peut que l’amener à se découvrir Un avec les autres et à se sentir égal à eux, dans l’expression du plan différent de son âme, et à se mettre au service des autres, en commençant par les accepter comme ils sont et sans tenter de les changer.  Celui qui gagne une certaine notoriété ou qui reçoit un poste d’autorité ne peut penser qu’à enseigner et à guider par son exemple, plutôt que par l’ostentation de son savoir ou de sa vertu, ce qui constitue une tentative de convaincre par des mises en scène.

Car celui qui cherche à convaincre démontre qu’il n’est pas lui-même convaincu, d’où, dans la part de la Vérité infinie qu’il lui reste à découvrir, il ne peut qu’admettre qu’il ne sait encore que bien peu de choses.  L’être amoureux qui détient le discernement et la sagesse ne cherche jamais à dévoyer, soit à détourner un autre de sa voie, en lui imposant son point de vue, supposément pour son bien, mais qui ne contribue qu’à renforcer une inconsciente adulation personnelle et de l’auto-congratulation.  Il sait se trouver où il est pour une raison ou pour une autre, soit pour continuer son apprentissage ou pour rayonner discrètement ses acquisitions de conscience.  Parce qu’il a bien compris son cas, dans son désir d’aider, s’il est sollicité à le faire, il intervient de manière discrète, intègre, respectueuse, appropriée, en agissant selon sa conscience, plutôt que selon les pièges de son ego et les attentes de celui qui a fait appel à lui.

Ce que certains ne comprennent pas, c’est que l’ego, qui est relié à l’aspect mental d’un être et  qui organise les mécanismes de survie, est indispensable, d’où aucun chercheur ne doit tenter de le dissoudre ou de l’éliminer, car il se priverait d’un instrument précieux.  Même qu’il doit quotidiennement lui accorder sa juste part d’attention, s’il veut s’éviter qu’il ne se rebelle, ne se gonfle et prenne trop de place, au risque de l’entraîner dans une illusion pire que celle qu’il tente d’éviter, la fuite dans l’Esprit.

Tout être incarné, tant qu’il subsiste dans la matérialité, gagne à remettre à César ce qui est à César, et à Dieu, ce qui revient à Dieu.  En fait, l’ego est appelé à se dissiper de lui-même lorsque l’Esprit n’en aura plus besoin, parce qu’il aura repris toute la place dans un être et qu’il l’aura dissout dans sa Lumière ou son Essence.  Entre-temps, il faut simplement penser à le contenir dans ses débordements, l’empêcher de devenir le Grand Adversaire qu’il peut se démontrer.

Dans cette perspective, celui qui remarque trop les présumées errances égotiques d’un autre devrait veiller à comprendre dans quoi son propre ego, finement déguisé, tente de l’entraîner.  À moins de détenir la sagesse ou les compétences en psychologie pour le faire, nul ne peut qualifier un autre d’égoïste, de prétentieux, d’orgueilleux, de nombriliste, de narcissique sans l’être plus que lui, sans quoi, par manque d’affinités, il n’aurait jamais pu noter cet apparent travers.

En pareil cas, ce qu’il se cache, c’est qu’il redoute que l’autre, qui ne lui doit rien et qui, pour apprendre, détient le droit de vivre comme il l’entend, même dans ses mauvais choix, le prive de quelque chose ou commence à le reléguer dans l’ombre.

Ainsi, chacun peut individuellement s’inquiéter des ravages que son ego peut produire dans sa propre existence,  mais il n’a nul droit de regard sur ceux que l’ego d’autrui, détenant tous les moyens de s’en prémunir.

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