Chronique : Provocations atlantiques. L’OTAN est dangereux pour la paix mondiale

Proposé à votre réflexion la très bonne chronique de Serge Halimi du Monde Diplomatique.

Il y a donc des MMS qui font un vrai travail lucide et critique et ne sont pas soumis à la doctrine atlantiste. Il faut dire que le Diplo ne vit que grâce à ses abonnements et que cela lui permet une certaine indépendance de jugement. Cela démontre également que nous pouvons être totalement décomplexés dans notre volonté de rechercher d’autres formes d’informations que celles des médias à la botte et que non, vous et moi, tout ceux qui doutent et contestent la version officielle martelée dans ces dernières ne sont pas des allumés complotistes comme l’on essaye de nous le faire penser en nous culpabilisant.

Il faut absolument qu’un maximum de gens soient conscients du danger que représente l’OTAN pour la paix mondiale. Ses provocations atteignent des niveaux inquiétants face  à une Russie qui se réarme, à juste titre,  et dont nous ne pouvons que saluer la retenue. 

L’aveuglement du pouvoir français est dramatique. Nous devons tous nous mobiliser pour réclamer la sortie de ce piège belliciste et retrouver notre souveraineté, souveraineté qui, grâce à une propagande incessante et des inversions de sens orwelliennes,  est devenu un gros mot dont la seule propriété serait celle des extrêmes, droite ou gauche. Ne vous faites pas avoir, nous vivons une période dangereuse qui demande une critique lucide.

Souvenez-vous que les premières voix qui se sont élevée contre Hitler ont prêché dans le désert et qu’une des réponses à ces alarmes fut : « Il n’osera pas… »

 

Galadriel

PROVOCATIONS ATLANTIQUES

 

Les dirigeants des Etats Européens membres de l’Alliance Atlantique ont-il voulu prendre exemple sur M. José Barroso, devenu lobbyiste pour Goldman Sachs après avoir présidé l’Union Européenne ?

Ont-ils, par conséquent, profité du sommet de l’OTAN pour préparer leur reconversion comme conseillers d’une société américaine d’armement ?

Assurément absurde… Enfin on l’espère,  l’hypothèse est à peine plus effarante que la décision annoncée à l’issue de leur réunion de Varsovie, en Juillet : Le déploiement d’une nouvelle unité mobile de 4000 hommes en Pologne ou dans l’un des états Baltes. A porté de tir d’artillerie de St Petersbourg et du siège de la flotte Russe en mer Baltique.

On imagine déjà la rancœur des dirigeants russes quand l’OTAN, structure héritée de la guerre froide et qui aurait mérité de disparaître avec l’URSS (1), se réunit là même où, sous l’égide de l’Union Soviétique fut signé en mai 1955 le Pacte de Varsovie. Pour ne rien arranger, le général américain Curtis Scaparrotti, nouveau commandant des forces de l’ OTAN en Europe, a déclaré que la « structure de commandement » devrait être « assez agile pour que la transition se face naturellement entre la paix, la provocation, et le conflit » (2).

Vous avez dit « provocation »? Le président ukrainien Porochenko en guerre larvée avec la Russie, a été convié dans la capitale polonaise alors que son pays n’appartient pas à l’OTAN.

Il a pu y entendre le président des US rappeler son « ferme soutien aux efforts de l’Ukraine pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale face à l’agression Russe« . Traduction : les sanctions occidentales contre Moscou seront maintenues « tant que la Russie n’aura pas pleinement rempli ses obligations découlant des accords de Minsk 3 ». Washington et ses alliés persistent donc à occulter le rôle des manœuvres ukrainiennes dans l’annexion de la Crimée par Moscou tout comme dans le non respect des accords de Minsk.

Pourquoi entretenir ainsi la tension entre les pays d’Europe et la Russie?

Cela permet à Washington de prévenir tout rapprochement entre eux et de s’assurer au lendemain du Brexit, que son allié le plus docile, le Royaume-Uni, demeurera étroitement associé au destin militaire du vieux continent.  Berlin, qui vient d’accroitre son budget militaire estime de son côté que :  » sans un changement de cap, la Russie représentera dans un avenir prévisible un défi pour la sécurité de notre continent (4) ».

On est presque tenté d’appliquer une telle formule à l’OTAN…

Les roulements de tambour de l’Alliance ont été recouverts par d’autres fracas. M. B Obama a dû écourter son séjour en Europe après l’assassinat de policiers à Dallas. Et, lors de son allocution du 14 juillet, quelques heures avant la tuerie de Nice, M. F.Hollande a parlé du salaire de son coiffeur mais n’a pas évoqué le sommet de Varsovie à l’issue duquel la France venait de s’engager à contribuer au déploiement de troupes à la frontière de la Russie.

SERGE HALIMI

pour le Monde Diplomatique n°7449 Aout 2016

(1) Lire Régis Debray, « La France doit quitter l’OTAN » (le monde diplo, mars 2013).

(2) Cité par The Wall Street Journal N.Y., 11/07/2016.

(3) Accord destiné à mettre fin au conflit en Ukraine orientale. Lire Igor Delanoï « L’Ukraine entre guerre et paix », Le monde diplo, mars 2015

(4) Livre blanc allemand pour la défense. Cité par le Figaro, Paris, 14 juillet 2016