Néocotinoïdes tueurs d’abeilles : Une loi sans courage
Dans le cadre de la loi de biodiversité les députés ont voté enfin l’interdiction des néonicotinoïdes. ce produit neurotoxique tueur d’abeilles. Cocorico ! Sauf qu’il y a des couacs : entre les délais d’applications et les dérogations, ce n’est plus vraiment une interdiction et que d’ici 2020, des centaines de milliers de colonies d’abeilles auront encore le temps de disparaître. Les ONG environnementales ne sont pas vraiment satisfaites..
C’est une loi sans courage qui ménage la chèvre et le chou. Ce système de lobbying est une plaie !!
Ce qu’en dit Le Monde/Planète :
Entre état d’urgence et loi travail, la biodiversité a finalement réussi à se frayer un chemin au Parlement. Quarante ans après la loi de 1976 sur la protection de la nature, l’Assemblée nationale a définitivement adopté, mercredi 20 juillet dans la soirée, le projet de loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ». Avec un signal fort : l’interdiction des insecticides « tueurs d’abeilles ». Toute la gauche a voté pour, alors que Les Républicains et l’UDI ont voté contre.
La gestation de la loi aura été laborieuse : le texte, annoncé par François Hollande voilà presque quatre ans, a connu pas moins de quatre lectures et de multiples tribulations au cours des deux années de navette entre députés et sénateurs, sur le mode trois pas en avant, deux pas en arrière, un pas de côté. Avec cette loi, « la France se dote de principes renforcés, d’outils nouveaux, de mesures fortes pour favoriser une nouvelle harmonie entre l’homme et la nature », se félicite la secrétaire d’Etat à la biodiversité, Barbara Pompili. L’enjeu était d’autant plus crucial que la France, grâce à ses territoires d’outre-mer et l’importance de son espace maritime, abrite des écosystèmes tout aussi riches que menacés.
Le résultat est pourtant en demi-teinte. Tout au long de son examen, ce projet de loi a en effet été soumis aux lobbys des chasseurs, des agriculteurs et des industriels de l’agrochimie, de l’huile de palme ou de la pêche en eaux profondes. Les débats ont aussi été brouillés par les dissensions gouvernementales qui ont notamment opposé les ministres de l’environnement et de l’agriculture. Au final, cet arsenal de mesures destinées à lutter contre le déclin de la biodiversité et la destruction des milieux naturels se trouve quelque peu émoussé.
FRANCE INTER DONNE LA PAROLE AUX ONG
Dans la nuit de mercredi à jeudi, en 3e lecture du projet de loi Biodiversité, l’Assemblée nationale a certes interdit ces produits neurotoxiques nocifs pour les abeilles à partir de septembre 2018. Mais cette interdiction est accompagnée de dérogations possibles jusqu’en 2020.
L’interdiction des néonicotinoïdes ne sera pas réelle
« Dans la pratique, l’interdiction des néonicotinoïdes ne sera donc pas réelle avant 2020! », explique l’ONG Générations futures. « Sachant qu’ils déciment environ 300.000 colonies d’abeilles tous les ans en France, ce sont 1,2 million de colonies dont l’Assemblée vient de décider de la disparition », détaille l’association. « Le gouvernement doit se reprendre » estime-t-elle. La Fondation Hulot (FNH), se dit « soulagé » du maintien de l’interdiction en 2018, « seul signal susceptible d’imposer progressivement des alternatives à l’usage de ces produits dangereux ».
Se prémunir des maladies transportées par les insectes
Mais elle critique aussi la possibilité de dérogations. Ces dérogations seront décidées seront décidées sur arrêté ministériel, « alors que les alternatives existent et que deux années sont suffisantes pour faire sortir ces produits des fermes ». Ces pesticides sont très persistants dans les sols et les eaux, « disparaîtront réellement (…) deux ans après leur interdiction », explique l’ONG.
L’ONG « Agir pour l’environnement », estime que « la pression du lobby agricole a encore payé »: « ce gouvernement a une nouvelle fois pris une décision qui revient à simuler une interdiction qui dans les faits n’adviendra que dans quatre longues années ».
Pour se prémunir des maladies transportées par les insectes, une partie des producteurs pensent ne pas avoir d’autre choix que les néonicotinoïdes. De leurs côtés, les associations de défense de l’environnement et les apiculteurs évoquent d’autres solutions comme la rotation de cultures et la lutte biologique. Le vote définitif doit intervenir en juillet.