Serges Réggiani : Enfants soyez meilleurs que nous.. Tovarich

Pause poésie recommandée avec Serge Régianni. Je vous propose deux titres, le premier, « Tovarich », peu connu du grand public et enregistré sur le tard,  sans doute après l’éclatement de l’URSS,  et le second, « Ma liberté » qui, avec « Il suffirait de presque rien », « les loups », « le déserteur de Boris Vian » et tant d’autres, a fait sa renommée méritée de poète chantant.

Serge Reggiani avait une voix très particulière, sensible, des paroles profondes et belles.  Un artiste qui parle au coeur.

Dommage qu’avec d’autres poètes de la chanson, comme Ferré, Ferrat, Brassens, Brel, Claude Nougaro et bien d’autres encore, nous ne l’entendions plus sur les ondes…  La chanson française est une immense richesse littéraire qui fait partie de notre patrimoine. Mais, qui exploite cette mine maintenant ?

 

 

Vous risquiez de vous ennuyer
Il était temps que vous ayez
Des très pauvres pour avoir des riches
Tovaritch
On vous a longtemps alléché
Avec notre loi du marché
On vous avait fait une niche
Tovaritch
Et vous voilà bien embêté
Par notre ersatz de liberté
Votre destin pris en sandwich
Tovaritch
Entre la banque et les maffias
Et la force qui sauvera
Votre immense pays en friche
Tovaritch

Vous avez dû faire table rase
Hélas pour la deuxième fois
D’un passé qui malgré la foi
N’a pas vraiment changé la base
C’est bien de pouvoir tous manger
Et se soigner mais le danger
Malgré le sport et la culture
C’est que marcher d’un même pas
Celui de la nomenclature
Un jour cela ne convient pas

Bras croisés devant ton usine
Tu vois passer les limousines
Des nouveaux tsars mais tu t’en fiches
Tovaritch
Car après cette parenthèse
Vous saurez faire la synthèse
Il suffira de dire « Chiche »
Tovaritch
Pour que naisse car c’est écrit
Sur un continent qui sourit
Une Europe vraiment fortiche
Tovaritch
Qui de l’Atlantique à l’Oural
Amour priorité centrale
Ne sera ni pauvre ni riche
Tovaritch

MA LIBERTÉ

 

Ma liberté
longtemps je t’ai gardée
comme une perle rare.
Ma liberté,
c’est toi qui m’as aidé
à larguer les amarres,
pour aller n’importe où
pour aller jusqu’au bout
des chemins de fortune,
pour cueillir en rêvant
une rose des vents
sur un rayon de lune!

Ma liberté
devant tes volontés
ma vie était soumise
ma liberté,
je t’avais tout prêté
ma dernière chemise
Et combien j’ai souffert
pour pouvoir satisfaire
toutes tes exigences!
J’ai changé de pays,
j’ai perdu mes amis
pour garder ta confiance!

Ma liberté,
tu as su désarmer
mes moindres habitudes
ma liberté,
toi qui m’as fait aimer
même la solitude.
Toi qui m’as fait sourire
quand je voyais finir une belle aventure,
toi qui m’a protégé
quand j’allais me cacher
pour soigner mes blessures!

Ma liberté,
pourtant je t’ai quittée
une nuit de décembre.
J’ai déserté
les chemins écartés
que nous suivions ensembles,
lorsque, sans me méfier,
les pieds et poings liés
je me suis laissé faire,
et je t’ai trahi
pour une prison d’amour
et sa belle geôlière!
et je t’ai trahi
pour une prison d’amour
et sa belle geôlière!

(Parolesetmusique.com)