Jardin : SOS maladies et ravageurs. Comment les traiter naturellement

Au potager, au verger, au jardin… Avec un tout petit peu d’observation et d’expérience, il est souvent possible de trouver des solutions naturelles aux petits et grands maux du jardin

L’époque des traitements chimiques tous azimuts est enfin derrière nous. Les jardiniers amateurs ont pris conscience que certains abus avaient entraîné des déséquilibres durables au niveau de la faune du jardin (coccinelles, hérissons et vers de terre notamment en ont souffert). De surcroît, ces pratiques ont constitué une sorte de fuite en avant car plus on traitait, plus il fallait traiter.

Aujourd’hui, les jardiniers se font respectueux de l’environnement et ont appris à mieux utiliser les produits phytosanitaires, longtemps employés trop vite et en grande quantité. Ils consacrent également davantage de temps à diagnostiquer la nature des attaques et des maladies. À la manière des experts, ils observent la plante sous toutes ses coutures avant d’agir.
Est-ce un champignon, un insecte ou bien des larves qui ont provoqué les dégâts observés sur les carottes ou encore sur les radis ? Car tout le monde sait désormais qu’il est inutile de faire une application de produit antipucerons si la plante a été attaquée par des acariens. Et vice-versa. Enfin, de nombreuses personnes ont décidé de s’abstenir de traiter lorsque les dégâts sont minimes. Et d’agir à bon escient et en privilégiant toujours les méthodes de lutte biologique ou naturelle. Les résultats suivent…

Prenez votre panoplie de détective et observez votre jardin.

Mes carottes se fendent

Manque d’eau ou caillou ? © D.R.

Quelle déception à l’arrachage des carottes quand le jardinier constate que les légumes sont fendus du haut en bas ou que les carottes ont deux jambes au lieu d’être bien cylindriques. Pourtant, aucune larve visible, aucune galerie creusée, aucune pourriture et les fanes avaient l’air en parfaite santé !

Pour les carottes fendues, il s’agit d’un accident physiologique : elles ont souffert d’un manque d’eau pendant plusieurs jours suivis d’une pluie ou d’un arrosage qui a fait éclater les tissus. Ces carottes sont souvent dures et ne se conservent guère. Quant à celles qui ont deux jambes, la cause peut être un caillou ou une piqûre de nématode mais cela n’a aucune incidence sur leur qualité gustative.

Au moment du semis, préparez soigneusement le sol en enlevant tous les cailloux. De plus, les apports d’eau devront être réguliers pendant toute la durée de la culture.

Mes radis sont grignotés

Gastéropodes © P. Asseray - Rustica

Quelques radis grignotés sur les côtés, c’est supportable. Mais lorsque l’attaque devient importante, c’est toute la planche de radis qui peut partir à la poubelle.

Ce sont vraisemblablement des limaces, de petits escargots ou bien des loches qui ont trouvé vos radis à leur goût. Tous ces gastéropodes deviennent nuisibles en grand nombre.

Attirez les dévoreurs de gastéropodes, comme les hérissons, en laissant un tas de bois non loin de votre potager pour diminuer leur population. Et répandez des granulés de Ferramol à base de phosphate de fer : mortels pour les gastéropodes, ils sont sans danger pour les autres animaux.

Mes laitues s’affaissent

Larves © F. Marre - Rustica

Le semis de laitue a levé, vous avez repiqué vos plants et vous êtes fier d’avoir remplacé en partie la pelouse par un coin de potager. Mais, tout à coup, des plants flétrissent comme mourants de soif.

Ce sont des larves d’insectes qui ont mangé les racines : des vers gris (larves de noctuelles), des vers blancs (larves de hannetons) ou des larves fil de fer (de taupins) qui vivent plusieurs années enfouies dans la terre du jardin avant de se transformer en adultes.

Pour limiter les dégâts, arrosez le sol avec un insecticide à base de Bacillus thuringiensis dilué dans l’eau (autorisé en agriculture bio) et ramassez toutes les larves que vous voyez en bêchant. Une poule vous y aidera efficacement.

Mes hostas sont à claire-voie

Limaces © D.R.

Feuilles trouées et luisantes, vos hostas sont attaqués. Le temps d’une nuit, la surface foliaire dévorée est parfois impressionnante. Pas de doute : elles sont au goût des gastéropodes, trahis par leurs traces de bave. Pourtant, leurs feuilles ont l’air coriaces…

Pour voir les coupables à l’œuvre, vous devrez ressortir la nuit, ou du moins le soir, avec une lampe de poche car les limaces agissent à ce moment-là. Inutile de les chercher dans la journée : elles ont une capacité à se cacher déroutante.

Essayez d’attirer les limaces avec des pièges remplis de bière ou de simples planches sous lesquelles elles se réfugieront dans la journée. Coupez-les en deux avec un outil bien tranchant pour ne pas les faire souffrir. Autre solution, répandez des granulés de Ferramol.

Mes lauriers-palmes sont festonnés

Otiorhynques © D.R.

Comme bien d’autres arbustes, ces plantes ont parfois leurs feuilles découpées sur les bords, comme poinçonnées régulièrement. Il reste très difficile de voir les dentellières à l’œuvre sauf à demeurer 24 h sur 24 en faction devant les plantes.

Les responsables sont les otiorhynques, des petits insectes brun noir discrets aux mœurs nocturnes. Leur appétit est raisonnable. Mais les femelles pondent sous les feuilles mortes de juin à septembre et si leurs larves blanches s’attaquent aux racines d’un jeune arbuste, il peut en mourir.

Il faut donc ramasser les feuilles mortes sous l’arbuste attaqué et les brûler. Binez aussi au pied pour détruire les larves.

Mes roses trémières sont tachées

Rouille © D.R.

Les feuilles des roses trémières sont souvent piquetées de minuscules taches jaune orangé. Plutôt jolies au début, ces taches peuvent confluer en plaques orangées, puis brunâtres, et les feuilles finissent par se dessécher et tomber. Dans les cas graves, les tiges sont attaquées.

Cette maladie, la rouille, due à un champignon, est appelée ainsi en raison de sa couleur.

Coupez les feuilles malades des roses trémières au fur et à mesure, mais, surtout, ne les laissez pas sur place. Ramassez-les et brûlez-les. En cas d’attaques virulentes, faites un ou deux traitements, uniquement sur les vivaces et les arbustes, en automne avec un produit à base de cuivre.

Mes concombres se couvrent de blanc

Oïdium © D.R.

Bien rares sont les Cucurbitacées (melons, concombres, courgettes et potirons) dont les feuilles ne se couvrent pas d’un feutrage blanc de plus en plus envahissant au cours de l’été. Les fruits ne sont pas attaqués, mais ils ne grandissent pas autant que prévu.

Cette maladie, l’oïdium, est commune.

Une bonne mesure préventive consiste à arroser à l’aide de tuyaux perforés posés au sol ou au goulot au pied des plantes plutôt que par aspersion. Un traitement avec un produit à base de soufre est utile (entre 15 et 28 °C) si les attaques débutent dès juillet. En septembre-octobre, cela n’a plus guère d’importance. En revanche, ramassez et détruisez les feuilles car le champignon s’y installe et y passe l’hiver. Achetez des variétés résistantes à l’oïdium.

Mon pêcher perd ses feuilles

Cloque © D.R.

Difficile d’avoir un pêcher exempt de cette maladie qui enlaidit les feuilles, les recroqueville, les déforme, les boursoufle, les fait rougir et les rend dures et cassantes. Les jeunes feuilles sont attaquées dès leur sortie du bourgeon puis elles se nécrosent et tombent.

Cette maladie, la cloque, due à un champignon, affaiblit votre arbre et diminue sa production.

Durant l’automne, ramassez les feuilles mortes et brûlez-les. Pulvérisez un fongicide à base de cuivre à la chute des feuilles et au printemps juste avant que les bourgeons ne s’ouvrent. Ensuite, pulvérisez un produit à base de prêle plusieurs fois d’avril à juin, surtout si le temps est frais et humide (ensuite, le champignon devient moins actif : il n’aime pas la chaleur).

Mes pommes de terre sont dévorées

Doryphore © D.R.

Tantôt une curieuse bestiole bien rouge avec des points noirs dévore les feuilles des pommes de terre… tantôt c’est un coléoptère jaune rayé de stries noires. Des observations attentives vous permettraient de voir que l’une est la larve de l’autre et se transforme en adulte ailé après s’être enfoncée dans le sol.

Aucun doute, vous êtes face au redoutable doryphore. Originaire d’Amérique, cet insecte a décimé les pommes de terre en Europe au siècle dernier. Il n’est dangereux qu’en grand nombre ce qui n’est plus le cas.

Inutile de traiter : ramassez, puis détruisez les larves et surtout les premiers adultes dès que vous les apercevez (ils ont passé l’hiver dans la terre) ainsi que les pontes jaunes, plus difficiles à voir car situées sous les feuilles.

Mes poireaux se creusent

Asticot © F. Marre - Rustica - Jardin d'Hubert Fontaine

Les feuilles de vos poireaux sont creusées de galeries. Elles rougissent et se fendent. Vous trouvez juste sous l’épiderme des asticots blancs de 5 mm ou plus profond, dans le cœur des légumes, des tonnelets bruns ovales de 3-4 mm (les pupes). Cela ne ressemble pas au ver du poireau qui est jaune clair et mesure plus de 1 cm.

Vous avez affaire à la mineuse du poireau, la larve d’une mouche grise de 3 mm difficile à voir quand elle pond en avril. Les jeunes poireaux peuvent même dépérir s’ils sont envahis d’asticots, les poireaux plus âgés (il y a une seconde génération en septembre) les supportent mieux.

Il n’y a aucun traitement… Il faut détruire les pieds atteints en les brûlant. Surtout ne les mettez pas dans le compost : les pupes s’y conservent très bien. En prévention, vous pouvez protéger vos jeunes plants avec un voile anti-insectes.

Mon marronnier brunit

Mineuses © D.R.

Dès l’été maintenant, notamment dans l’Est ainsi qu’en Île-de-France, les feuilles des marronniers brunissent par plages et parfois tombent dès la fin août.

Le feuillage est rongé de l’intérieur par des mineuses, larves d’un papillon de 4-5 mm de longueur. Les arbres sont alors privés d’une partie de leurs ressources alimentaires (la synthèse des sucres se fait dans les feuilles) et cela diminue leur durée de vie.

Le seul moyen de lutte est de ramasser et brûler les feuilles mortes dès qu’elles tombent. Le marronnier rouge est plus résistant à cet insecte ravageur.

Mes boutons de rose blanchissent

Oïdium © D.R.

Une poussière blanche envahit peu à peu la base des boutons de roses. Ce n’est pas très joli et certaines fleurs tombent avant de s’épanouir. Les feuilles aussi peuvent être atteintes : elles se crispent.

L’oïdium ou blanc sévit partout et ce dès le début du printemps. Ce champignon attaque surtout les rosiers anciens qui grimpent par exemple sur un mur mal aéré.

Un traitement à base de soufre (liquide ou poudre) est efficace si la température atteint 15 °C mais ne dépasse pas 28 °C. Recommencez tous les 10 à 15 jours si besoin est.

Les plantes sont envahies de pucerons

Pucerons © D.R.

Ces insectes vivent sur toutes sortes de plantes dont ils pompent la sève pour se nourrir. Leurs piqûres peuvent déformer les tissus et transmettre des virus.

La prolifération de ces indésirables est liée à un déséquilibre. Les insectes auxiliaires qui les détruisent comme les coccinelles sont absents en raison de traitements insecticides répétés par exemple.

Écrasez avec vos doigts les colonies denses. C’est facile : la plupart des pucerons sont dépourvus d’ailes. Pulvériser du savon noir liquide est aussi efficace. Essayez de rétablir un équilibre en vous procurant des larves de chrysopes, ou celles de coccinelles européennes (bannissez les autres), hélas plus fragiles.

Mes fleurs font grise mine

Botrytis © D.R.

Vos potées étaient bien parties quand, soudain, en quelques jours, les fleurs ou les feuilles sèchent, puis pourrissent en formant un paquet. Un feutrage gris peu ragoûtant les couvre quand il pleut ou par temps humide.

C’est l’œuvre d’un champignon capable de s’attaquer à toutes sortes de plantes. Le botrytis, justement dénommé pourriture grise en français courant, se développe lorsque le temps est chaud et humide. Le champignon s’attaque aux plantes trop serrées et donc mal aérées.

Éliminez rapidement les parties atteintes (voire une plante entière si nécessaire), puis effectuez une pulvérisation de talc de Luzenac qui dessèche le mycélium du champignon.

Mes tomates brunissent

Mildiou © F. Marre - Rustica - Potager de Jean-Marc

Les feuilles de ces Solanacées se couvrent de taches un peu huileuses. Elles se dessèchent, tiges et pétioles brunissent, les fruits présentent des bosselures brunes et dures et ne mûrissent pas. Par temps humide, la maladie se propage rapidement.

Vous êtes victime d’une attaque de mildiou. Ce champignon se développe très vite entre 10 et 25 °C surtout par temps humide ou si on arrose par aspersion.

À la moindre tache, traitez avec un produit à la bouillie bordelaise et refaites-le tous les 8 à 15 jours par temps humide. Détruisez en fin de saison les pieds atteints. L’année suivante, traitez dès la plantation. Comme le mildiou attaque aussi les pommes de terre et se garde dans les tubercules laissés dans le sol, ne cultivez jamais de tomates après des pommes de terre malades.

Mes tomates ont le cul noir

Manque de calcium et d’eau</br> P. Asseray - Rustica - Jardin du Feyel

Les végétaux grossissent et mûrissent normalement, mais la partie opposée au pédoncule devient noire et dure. Cela n’empêche ni d’autres fleurs de s’épanouir, ni d’autres fruits de se former et les feuilles et tiges ont l’air saines.

Il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’un accident physiologique, même si on parle parfois de la “maladie du cul noir” (à ne pas confondre avec l’alternariose, due à un champignon qui provoque des taches semblables, mais à partir du pédoncule et aussi sur les feuilles). Vos tomates souffrent d’arrosages irréguliers et d’un manque de calcium.

Arrosez régulièrement (au goulot au pied de préférence plutôt que par aspersion) et apportez des cendres de bois dans le sol au moment de la plantation.

Mes framboises moisissent

Botrytis © D.R.

Les fruits pourrissent et se couvrent d’une moisissure duveteuse grisâtre qui gagne peu à peu du terrain, surtout par temps humide. Les jeunes fruits à peine formés ou les framboises mûres peuvent être atteints, mais ne tombent pas. Les cannes de framboisiers, c’est-à-dire les tiges, peuvent devenir grises avec des petits points noirs.

C’est un champignon capable de faire pourrir bien des fruits qui s’attaque à vos framboises : le botrytis.

Il faut absolument couper et détruire les veilles cannes de framboisiers d’une année sur l’autre (ne pas les laisser sur place) pour bien aérer les pieds et éviter une réinfestation. Dès qu’un jeune fruit pourrit, enlevez-le et surveillez vos framboisiers quand le temps est chaud et humide. Arrosez au goulot et non par aspersion pour limiter le développement du champignon.

Mes pommes sont tavelées

Tavelure © D.R.

Les pommes sont abîmées par une multitude de taches brunes ou noirâtres, plus ou moins crevassées. Les fruits peuvent être atteints dès leur plus jeune âge (ils sont alors parfois déformés et tombent avant d’être mûrs) et les feuilles aussi (taches arrondies brun olivâtre).

C’est la maladie la plus courante du pommier. La tavelure est provoquée par un champignon qui s’installe en général dès le printemps surtout s’il est pluvieux.

Si vous voyez des taches sur les feuilles, pulvérisez un fongicide à base de soufre deux fois à 10 jours d’intervalle. Faites de même, mais avec un fongicide cuprique à la chute des feuilles et au printemps suivant quand les fleurs sortent des bourgeons.

Mes raisins disparaissent

La vigne victime des oiseaux © D.R.

Votre vigne vous a donné de belles grappes qui commençaient à bien mûrir et promettaient une belle récolte. Mais un jour, des grappes entières ont disparu. En revanche, les feuilles n’ont absolument pas été touchées.

Les gourmands qui vous privent de votre récolte sont des oiseaux. Des étourneaux peut-être… ils apprécient les petits fruits. Et comment leur en vouloir ? Les volatiles ont mangé bien des insectes nuisibles durant le printemps et l’été.

Installez des effaroucheurs en tout genre (papier aluminium, tête de chat en plastique, CD…) près de votre vigne ou ensachez vos grappes au printemps avec des petites housses en papier spécial.

Mes poires se gâtent dans l’arbre

moniliose © D.R.

Alors qu’elles semblaient mûres à point, les poires parfois sont envahies de grandes taches brunes qui se couvrent de pustules blanchâtres disposées plus ou moins en rangs concentriques. Vraiment pas ragoûtant ! Et elles ne tombent pas même s’il vente.

La moniliose a encore sévi ! Elle est due à un champignon qui profite de la moindre blessure d’un fruit, provoquée par la grêle ou une piqûre d’insecte entre autres, pour le contaminer.

Il faut éclaircir les fruits trop serrés, éliminer ceux qui sont blessés et pulvériser un fongicide à base de cuivre à la chute des feuilles et éventuellement après un orage de grêle. Et surtout cueillir et éliminer les fruits atteints.

Par Armelle Bréhamet-Cottenceau pour : http://www.rustica.fr/articles-jardin/sos-maladies-ravageurs-reconnaitre-traiter-naturellement,2113.html

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