Interdire les vieilles voitures dans Paris : Une loi anti-pauvres
L’article a préféré « ancien » à celui de vieux.. Mais ce n’est pas tout à fait la même chose.. Lorsque l’on parle d’une voiture ancienne l’on imagine une veille traction remise à neuf, une porche des années 60, une vielle DS amoureusement restaurée.. Ce qui signifie que le propriétaire n’est pas forcément dans la misère. Ce dont il est question ici, ce n’est pas la voiture de collection mais bien toutes celles qui ont plus de 20 ans, et des voitures de plus de 20 ans qui roulent (et sans problèmes si elles sont entretenues, je vous le jure), il y en a pléthore dans les foyers modestes… C’est bien de celles-là dont il s’agit, sous des prétextes… fumeux !
ANALYSE :
« Interdire les véhicules anciens revient à chasser les pauvres de Paris »
L’affaire prêterait plutôt à sourire si elle n’était symbolique d’une attitude et d’un choix politiques. La Mairie de Paris a ainsi décidé d’interdire, à partir du 1er juillet, la circulation dans la capitale des véhicules âgés de plus de vingt ans. L’argument : ils pollueraient beaucoup plus que les autres
Le problème est que rien ne prouve que l’âge d’un véhicule implique un taux de pollution élevé. Le mien, une Mini ancien modèle − et réellement tout à fait « mini » −, mise en service en 1989, ne pollue pas plus qu’une Twingo ou une 208 neuve. Son dernier contrôle technique le prouve, s’il en était besoin.
La pollution automobile est en effet, la plupart du temps, liée à la puissance du moteur, à la taille et à la cylindrée plutôt qu’à l’âge, surtout si le véhicule est bien entretenu. L’argument ne tient donc pas.
« Salauds de pauvres ! »
Pourquoi alors une mairie « de gauche » cherche-t-elle à sanctionner les propriétaires de véhicules anciens ? Je crois que la cause est à la fois plus profonde et plus grave.
Deux catégories de citoyens automobilistes en sont les victimes. D’un côté, les plus pauvres, qui n’ont pas les moyens d’acheter un nouveau véhicule et qui le réparent tant bien que mal car il leur est nécessaire pour aller travailler. De l’autre, les conducteurs de voitures anciennes qui préfèrent leurs formes à celles, standardisées, des modèles actuels.
Cette décision signifie donc plusieurs choses.
La première est que l’on cherche à chasser les pauvres de Paris en les obligeant à prendre les transports en commun, dont tous ceux qui les connaissent bien savent qu’ils ne sont ni fiables ni rassurants. Qui va en effet imaginer qu’une serveuse de restaurant va rentrer chez elle, seule, en RER, en lointaine banlieue, à minuit et plus ? « Salauds de pauvres ! », comme disait Jean Gabin dans La Traversée de Paris.
La deuxième est que l’on cherche à renouveler le parc de voitures en obligeant un grand nombre de gens à acheter un nouveau modèle et donc à favoriser les grands groupes de l’industrie automobile. Mais qui peut, aujourd’hui, acheter un véhicule à 30 000 ou 40 000 euros, électrique, bien sûr ? Certainement pas les classes populaires.
La troisième est que l’on cherche à faire comprendre qu’il ne peut y avoir de plaisir à conduire une automobile.
Or, désolé de l’avouer, il peut y avoir du plaisir à conduire, et pas seulement par égoïsme ou pour rendre malade ses concitoyens.