Alternatif : SUR LA DIMENSION HUMANISTE DU RÔLE DU PAYSAN

1- Le paysan médecin avant le médecin

L’agriculture a pour but de produire l’alimentation humaine. Elle peut
donc se voir comme un élément préventif de l’état sanitaire de la
population. L’agriculture se place donc en amont de la médecine dont
l’action est plutôt curative.

La médecine est là pour rétablir l’équilibres d’un état de santé
déséquilibré. Alors que l’agriculture est là pour poser les
fondements de l’équilibre de la santé (qui précède à tout
déséquilibre). En ce sens le paysan se voit investi d’un rôle
crucial et d’une grande noblesse. C’est pour quoi je pense que la
paysan doit respecter une éthique humaniste. Il devrait comme le
médecin s’engager à suivre les principes du serment d’Hippocrate :

Le premier principe « D’ABORD NE PAS NUIRE » (Primum non nocere).
Toute mon action de paysannerie doit ne jamais perdre de vue le
bien-être de ceux vers qui sont destinés mes produits. Concrètement
c’est par exemple pas d’intrants ou de pratiques potentiellement
dangereuses, toxiques…

Le second principe « COMBATTRE LE MAL PAR SON CONTRAIRE » (Contraria
contrarius) appellerait le paysan à se battre, contre la mal bouffe
et contre l’industriel sans scrupule, en produisant des choses saines,
aux qualités énergétiques et organoleptiques sans faille. Mais
c’est aussi faire la promotion par l’éducation pour lutter contre
l’inertie et le cynisme politique vis-à-vis des pratiques paysannes.
Être paysan c’est un engagement à tenir une ferme et pas une usine,
c’est une engagement à respecter le consommateur en le voyant comme
un convive plutôt qu’un client.
PANSER LA TERRE
PANSER LES HOMMES

2- La fraternité qui nait de la terre

La terre est à tout le monde et à personne à la fois, elle nous
dépasse. Nous travaillons avec elle, elle nous accompagne mais elle
ne nous appartient pas. La terre, la planète est un bien commun,
l’exploiter c’est donc travailler pour tous, pour nourrir son voisin
comme s’il était toute l’humanité.L’entraide, le partage d’outil,
les travaux collectifs, la CUMA, autant de méthodes de travail
tournées vers l’autre. Faire le marché, s’engager sur une AMAP, et
toute autre alternative commerciale paysanne est bien plus que du
commerce. Dans chaque moment de son activité le paysan est un artisan
du vivre ensemble. Il se doit d’être fraternel, à l’écoute.La seule
activité humaine qui dans toutes les cultures s’est toujours
déroulé en réunion c’est le repas, le partage de la nourriture.
C’est le moment où l’on se rassemble pour partager.
Convivialité – Je ne peux dissocier les produits alimentaires du
mot convivialité, du plaisir de vivre ensemble, de chercher les
équilibres nécessaires à établir une bonne communication, un
échange sincèrement amical autour d’une table.
Plus encore si l’on devait écrire un livre de l’hospitalité, de
l’accueil de l’étranger, à travers les âges et les peuples,
l’élément central et universel en serait les arts de la table.
Le paysan est en charge de produire, en conscience, les « objets »
que l’on déposera sur cette table de l’hospitalité, de l’accueil des
siens comme l’accueil de l’étranger.
Pour être paysan donc il ne faut pas se limiter à l’amour de la
terre, mais il faut aimer les autres profondément, sincèrement.
Voilà l’état d’esprit qui m’a toujours animé et que je compte
insuffler à cette ferme. Cela passera par mon activité purement
agricole, ma production, mais aussi dans le volet accueil.

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