Canada : L’état d’Alberta (sables bitumeux) en proie aux flammes

Des feux de forêt dantesques ravagent la capitale canadienne du pétrole

Depuis plusieurs jours, les flammes ravagent la ville de Fort McMurray dans la province de l’Alberta au Canada. Mercredi 4 mai, ses 88.000 habitants ont été évacués. Construite pour exploiter une des plus grandes réserves de sables bitumineux au monde, la ville pourrait bien être totalement réduite en cendres.

Moncton, Canada, correspondance

Imaginez Poitiers ravagée par les flammes, entièrement évacuée et menacée de disparition. C’est la situation de Fort McMurray au Canada. Depuis dimanche, des feux de forêts, alimentés par un temps chaud, sec et venteux, engloutissent cette ville construite au beau milieu d’une forêt boréale et devenue le plus grand chantier d’extraction pétrolière de la planète.

Le feu s’étend désormais sur plus de 100 kilomètres carrés. Toute la population de Fort McMurray, 88.000 habitants, a été contrainte d’évacuer. Une demi-heure pour rassembler l’essentiel, et fuir un gigantesque brasier. Dans le quartier de Beacon Hill, 80 % des maisons sont parties en fumée. Pour s’en aller, un seul chemin, l’autoroute 63, et deux directions, nord ou sud.

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La fuite éperdue pour échapper aux flammes

Depuis leurs véhicules, les automobilistes filment des murs de flammes : une vision d’enfer selon les témoins. Faute de carburant disponible, certaines voitures restent immobilisées sur le bord de la route. Le tout dans une chaleur caniculaire, exceptionnelle pour un mois de mai : plus de 30 degrés enregistrés mercredi 4 mai, quinze degrés de plus que la normale saisonnière.

L’Alberta a déclaré l’état d’urgence et la Croix-Rouge a mis en place un fonds pour aider les évacués logés dans des camps d’accueil à manger et se vêtir car certains ont tout perdu. Le brasier destructeur pourrait être la catastrophe naturelle la plus coûteuse du Canada.

La fin d’un Eldorado hyper polluant ?

En un siècle, Fort McMurray, à 400 km au nord d’Edmonton, la capitale de la province, a vu sa population multipliée par cent du fait de l’arrivée des compagnies pétrolières. Pour répondre à cette explosion démographique, la ville s’est progressivement étendue au milieu de forêts d’arbres résineux.

L’or de la région : un mélange de bitume brut, de sable, d’argile minéral et d’eau qui donne un pétrole brut de synthèse, plus cher à produire qu’une extraction traditionnelle dans un puits pétrolier mais équivalent à un pétrole brut de très grande qualité. La ressource était connue des Autochtones avant l’arrivée des Européens, ils l’utilisaient pour imperméabiliser leurs embarcations.

Les gisements de l’Athabasca contiendraient environ 1.800 milliards de barils de bitume, soit l’équivalent de l’ensemble des réserves de pétrole conventionnel dans le monde. Aujourd’hui, des entreprises comme BP, Shell et Total ont pignon sur rue à Fort McMurray. Mais l’exploitation des sables bitumineux est terriblement polluante, et par ailleurs très émettrice de gaz carbonique quand on prend tous les maillons de la chaîne, de la production à la consommation. C’est pourquoi en 2011, le Canada s’est retiré du protocole de Kyoto pour pouvoir continuer à exploiter sans entraves cette ressource.

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